La N-VA l'avait promis et elle l’a fait. Elle présente des candidats en région wallonne pour le scrutin fédéral du 9 juin prochain. Soutenu par Théo Francken, c’est Drieu Godefridi, tête de liste à la Chambre, qui incarne le parti au sud du pays. Titulaire d’un doctorat en philosophie, l’intellectuel de droite est l’auteur de nombreux essais. Il a aussi un dense parcours entrepreneurial, entre autres dans l’immobilier et l’orientation scolaire. Sa personnalité draine des afiçionados comme des « anti ». Elle ne laisse à tout le moins pas indifférent. Quant au programme, l’objectif électoral affiché est ambitieux : faire le travail que le MR n’a pas su faire durant cette législature : redresser une Wallonie étouffée par une pensée unique de gauche. Le choix de la N-VA dans les urnes peut-il ouvrir une nouvelle ère en Belgique francophone ? Notre entretien.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’aventure politique et pourquoi la N-VA ?
Parce que la Belgique va à vau-l’eau, que la Vivaldi nous en a saccagé les finances, la défense, le patrimoine nucléaire, et que la N-VA est la seule force apte à y remédier. Parti de centre-droit, la N-VA annonce ce qu’elle fera, et tient parole. Aussi, parce que la N-VA me l’a demandé, et que j’ai apprécié mes interlocuteurs au sein de ce parti.
Le principale reproche que l’on semble faire à votre parti est le suivant : la N-VA est un « cheval de Troie » qui s’infiltre en Wallonie pour la détruire. Votre réaction ?
La Wallonie a été détruite par 50 ans de socialisme. On est à 75% du niveau de vie européen; la plupart des pays qui étaient encore communistes en 1990 vivent désormais mieux que nous. Tout ceci, alors que la Flandre transfère chaque année 8 milliards vers la Wallonie. Prétendre que la N-VA, ou la Flandre, détruit la Wallonie, est donc risible. Ce dont tous les Wallons sont victimes n’est pas la Flandre, mais le système socialiste.
La Wallonie est historiquement dominée par la gauche. Quelle est votre force de changement ?
La domination socialiste sur la Wallonie n’a rien d’inéluctable. Les dernières enquêtes d’opinion situent MR, Engagés et N-VA à près de 45%… Encore un effort, et nous débarrasserons la Wallonie du socialisme spoliateur. Cela tient à peu de choses: rien que la suppression du chômage à vie ferait une différence énorme. Le PS entretient une masse de gens dans l’assistanat, en les zombifiant (cacahuètes contre vote). Ces Wallons sont des victimes, non des profiteurs. Les profiteurs sont les apparatchiks du PS.
La dette wallonne a doublé lors de cette législature. La Flandre ne souhaite plus assurer, par transfert de fond, ce trou béant. Pourquoi dès lors la N-VA vole-t-elle « au secours » de la Wallonie ?
Vous le dites : la dette wallonne a doublé au cours de cette législature. Or, le MR a détenu le portefeuille du budget pendant 100% de cette législature. Sans aiguillon extérieur - la N-VA - le MR n’est qu’une partie du mal wallon. Il faut ramener le MR à ses racines goliennes (Jean Gol), l’amener à fonctionner comme partie de la solution, et non comme simple complice et valet du PS et d’ECOLO.
Pour renflouer les caisses de l’Etat, le PS veut alourdir la charge fiscale (18 milliards de nouveaux impôts). Quelle est votre solution alternative ?
Une réduction drastique des dépenses publiques. Dans le programme que nous avons soumis au Bureau du Plan, 18 milliards de réductions des dépenses publiques sont stipulées. La Belgique est déjà un enfer fiscal, comment imaginer que c’est en aggravant encore la charge fiscale - ce qui est le programme PS, PTB, ECOLO - que nous allons nous en sortir ?
La Belgique est le seul pays d’Europe où les allocations de chômage sont illimitées dans le temps. Comment la N-VA entend-elle (re)mettre plus de monde au travail pour une « Wallonie prospère » ?
Les allocations de chômage sont une bonne chose; aider quelques temps les gens qui sont dans la mouise est noble. Mais le PS en a fait un système unique au monde : le chômage à vie, qui entretient des armées d’assistés, ses électeurs. Ce système est impayable et maintient la Wallonie dans l’inactivité qui est la cause de la plupart de ses problèmes. 30% des Wallons en âge de travailler ne travaillent pas, englués qu’ils sont dans les rets du socialisme zombificateur.
Sur le plan sécuritaire, criminalité en hausse et récidives, quelles sont vos mesures concrètes ?
Sécurité : Nous voulons que les grands phénomènes criminels - drogue, grand banditisme, mais aussi l'antisémitisme - soient attaqués à la racine, en amont, de façon préventive, et non seulement quand le problème éclate sur la place publique : fusillades quotidiennes à Bruxelles, agressions antisémites de plus en plus féroces et décomplexées. Justice : actuellement, les peines de prison de moins de 6 mois ne sont tout simplement pas exécutées ! Or, pour prendre 6 mois ferme en Belgique, il faut déjà causer aux personnes et aux biens des dommages affreux. Nous devons adapter notre capacité carcérale aux besoins, et expulser les criminels étrangers. Réellement, pas seulement en paroles.
Un modèle « à l’australienne », quelle est votre proposition en matière d’immigration ?
Toute personne qui gagne le territoire européen de façon illégale n’y pourra jamais résider. C’est le modèle que plaide Theo Francken et la N-VA depuis 10 ans; c’est désormais le programme officiel de toutes les droites européennes, y compris le PPE, où siègent je le rappelle… les Engagés!
L’écologie punitive a marqué cette législature. La chute d’Ecolo dans les sondages démontre que ce n’est pas la bonne piste. Une réaction ?
Ecolo est un parti à maints égards problématique. L’extrémisme de la parole de ce parti n’a d’égal que l’extrémisme de ses politiques. L’horrible affaire de la ministre ECOLO Céline Tellier - des milliers de Wallons massivement contaminés aux PFAS pendant dix-huit mois sans aucune information alors que la ministre savait - nuit également à Ecolo. Et puis il y a Good move, à Bruxelles, qui est une politique monstrueuse de fanatisme et de bêtise, qui tue la mobilité en privatisant des pans entiers d’espaces publics. Enfin, le problème de l’entrisme islamiste à Bruxelles, activement encouragé par le parti Ecolo lui-même, ainsi que l’ont fort justement diagnostiqué MM. Dallemagne (Engagés), Maingain (Défi), Uyttendaele (ex-PS). Il faut souhaiter que ce parti extrémiste et méchant disparaisse de la scène politique.
Bart de Wever, premier ministre, utopie ou option utile ?
Bart De Wever est un homme comme on aimerait en croiser plus souvent en politique belge : il a une vision, une profondeur dans l’analyse; c’est aussi un homme foncièrement désintéressé. Voir Bart De Wever accéder au 16, comme on dit, si les électeurs en décident, serait une formidable opportunité de relever la Belgique des cendres de la Vivaldi.
Dernière question, le sujet qui fâche : le confédéralisme on en fait quoi pour convaincre l’électeur, sachant que les francophones sont majoritairement contre ?
Il ne faut pas se payer de mots : le confédéralisme, cela veut dire plus d’autonomie pour les entités fédérées. C’est tout! Or, moi cette autonomie pour la Wallonie, je l’embrasse et je l'étreins, car elle nous donnera les moyens de construire et rebâtir une Wallonie prospère. Après tout, la Wallonie ne fut-elle pas la deuxième puissance industrielle mondiale pendant près d’un siècle ? Qu’on nous débarrasse du socialisme prédateur et zombificateur et les Wallons montreront au monde qu’ils savent y faire, y retrouvant leur juste place. Je voudrais rendre à la Wallonie et à nous, Wallons, notre fierté.