Le moins que l’on puisse dire est que l’officialisation de l’arrivée de la N-VA en Wallonie ajoute du piment à une campagne électorale qui promettait sinon d’être un entre-nous sans relief entre partis de la Vivaldi et les Engagés qui n’aspirent qu’à en faire partie d’une part, et les cocos du PTB d’autre part.
Les réactions furent d’une virulence inattendue et les attaques ad hominem fusèrent face à ce qui, à moins d’aspirer à ce que les élections ne se passent sur le mode du scrutin présidentiel russe, peut n’être que de bon aloi dans une démocratie : présenter une alternative à l’électeur et élargir le débat public.
Le rédacteur en chef de La Libre Belgique, Dorian de Meeûs, s’est précipité le jour même dans les studios de la VRT (la télévision publique flamande) pour y déverser son fiel : « Godefridi est très radical et conservateur. Nous savons que lorsque vous êtes de droite radicale, vous avez besoin de charisme, comme Marine Le Pen en France ou Tom Van Grieken en Flandre. Godefridi n’a pas cela. C’est un personnage totalement inconnu en Wallonie, connu uniquement des lecteurs de ses articles dans la presse. » Donald Rumsfeld, l’ancien secrétaire américain à la Défense, eût pu en dire autant.
Erreur de casting de la VRT
Sans doute Julie Taton a-t-elle plus de charme que « le totalement inconnu connu » tête de liste N-VA wallonne (et n’est-ce pas sans rapport avec le fait que Mme Taton occupe la deuxième place sur la liste fédérale du MR dans le Hainaut), mais Marine Le Pen ? Tom Van Grieken ? Des goûts et des couleurs on ne discute pas, certes. Mais l’expert autoproclamé en charisme ne se serait-il pas laissé aveugler par une vieille rancune et n’aurait-il pas commis un pieux mensonge lorsque, répondant à l’animatrice de Ter Zake qui lui demandait s’il pouvait citer des exemples des avanies qu’il débitait sur le compte de Drieu Godefridi, de Meeûs balbutia qu’il suffisait de consulter ses tweets de 2019 ? Ledit compte n’existait pas en 2019. Il n’a été ouvert qu’en 2024. Dieu et les derniers lecteurs de La Libre Belgique jugeront. Erreur de casting de la VRT ?
Christophe Deborsu, que l’on a connu moins frétillant lorsqu’il « animait » le débat sur RTL-TVi, a lui aussi confondu vitesse et précipitation : « Aux yeux des médias francophones, a-t-il déclaré, il [Drieu Godefridi] relève du cordon sanitaire. Il penche vers le polémiste français d’extrême droite Éric Zemmour, sans le soutenir ouvertement. Il sème beaucoup de doute sur ce qu’il représente vraiment. ». Ce propos relève plus de la psychanalyse que de l’analyse (il fut par la suite précisé qu’il avait été tenu « à son nom ») et dénote une absence totale de culture du débat dans le paysage politique et médiatique francophone en Belgique. Il a suscité une vive indignation de l’autre côté de la frontière linguistique.
Chef news tendancieuses
Un autre qui eût pu se montrer mieux inspiré est le « chef news » (et apparemment aussi fake news) de Trends-Tendances, Olivier Mouton. Empruntant sans le nommer à Louis Michel les sornettes que celui-ci débita sur le divan (Freud, reviens !) du bien nommé petit théâtre de Pascal Vrebos (LN24), Mouton titra sur « l’arrivée cynique et extrême de la N-VA en Wallonie, un facteur de blocage » et continua le tir nourri (d’inepties) sur « le profil très extrême » de la tête de liste de la N-VA dans le Brabant wallon, « un personnage controversé » « ayant multiplié les positions “à la droite de la droite”, ultra-libéral et anti-wokiste, partisan d’Eric Zemmour en France, collaborateur à Valeurs actuelles ou à Causeur, surtout, en rupture de ban avec un MR qui le jugeait trop sulfureux ».
Anti-wokiste, passe encore (Rik Torfs, l’ancien professeur de droit canon et recteur de la KUL se réclame de cette qualité) ! Ultra-libéral, comment ne pas l’être par excès dans une Wallonie qui ne l’est plus du tout ? Partisan de Zemmour, à nouveau, c’est à croire, ce « penchant caché » détecté - voir plus haut - par cet autre spécialiste de la psychologie introspective qu’est Deborsu ? Propos sans consistance, soit ! Là où, par contre, Mouton se rend coupable de mensonges flagrants, c’est quand il affirme que Drieu Godefridi fut collaborateur à Valeurs actuelles « ou » (sic!) à Causeur - il ne le fut ni à l’un, ni à l’autre - et est « en rupture de ban avec le MR » - il n’en a jamais été membre.