Au mois d’août, Frank Vandenbroucke se disait à « 100 % d’accord » avec la super-note de Bart De Wever. [Dé-]Conner Rousseau avait même laissé entendre, relate Jurgen Ceder dans ‘t Pallieterke, que le Vooruit pourrait faire des concessions après les élections communales. Tout à coup, ce n’est plus « vooruit » mais « achteruit ». Le contre-putsch de Gand (où la N-VA avait d’abord été invitée à monter au pouvoir avec le cartel Open VLD-Vooruit avant de se faire remballer) a démontré que l’aversion idéologique des socialistes pour la N-VA (et, accessoirement, le MR) est décidément plus profonde qu’on ne le soupçonnait.
Rousseau lui-même a pris une gifle à Gand, question de lui faire comprendre qu’il ne peut pas (plus) faire ce qu’il veut avec son parti de gauche. Même pour le grand manipulateur, il y a des limites, fait observer Ceder. Les militants socialistes ont l’impression d’être les bouche-trous d’un gouvernement fédéral d’austérité de droite et antisocial. Sans grands trophées à la table des négociations, Rousseau et Vandenbroucke risquent de se heurter à une rébellion de leurs troupes, soit dans l’immédiat, soit à terme par dissidence au cours de la législature.
Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.
A PARTIR DE 6€/MOISSans engagement.
Abonnez-vousDéjà abonné ? Connectez-vous
Quelle est la suite des événements ? s’interrogent Ceder et ceux que l’absence de gouvernement de plein exercice au niveau fédéral inquiète. A l’heure d’écrire ces lignes, les spéculations vont bon train quant à remplacer le Vooruit par l’Open VLD. Le fait que la coalition fédérale ne disposerait ainsi que d’un seul siège de majorité n’en est même pas le plus gros problème. Avant les élections, le candidat Premier ministre De Wever avait exigé que les partis flamands s’engagent à ne pas entrer dans un gouvernement fédéral qui ne dispose pas d’une majorité côté flamand. Echanger le Vooruit contre l’Open VLD reviendrait donc pour la N-VA à enfreindre ce qu’elle a elle-même prêché...
Le journaliste Bart Verhulst a déclaré sur les ondes de la VRT que mieux valait un gouvernement avec l’Open VLD que l’impasse. Ceder dit comprendre cette position. N’est-il pas dans l’intérêt de la Flandre d’avoir un gouvernement fédéral capable de redresser l’économie et les finances belges ?
N’est-il pas dans l’intérêt de la Flandre que le plus grand parti au sein du gouvernement fédéral soit un parti flamand ? Certes, dit-il, mais faut-il pour les besoins de la cause renoncer à ses principes et créer un précédent ?
Ceder est convaincu que tout cela n’est que du vaudeville de politique politicienne. Dès le mardi 5 novembre, Vandenbroucke, l’homme des billets brûlés et de l’électrochoc non-essentiel, plaidait sur les ondes de la radio-télévision flamande pour que les quatre autres partis à la table des négociations au niveau fédéral lui fassent quelques concessions symboliques. C’est toujours la même chose avec les « sossen », conclut Ceder, ils haïssent la droite, mais ils adorent les postes, les nominations et tous les autres avantages liés à faire partie du gouvernement. Attendons, conseille-t-il, de voir ce qui pèse le plus lourd et ce que Bouchez en pense.
Reste peut-être (car ne doutons pas un seul instant du Q.I. stratosphérique de nos lecteurs !) à vous éclairer sur le titre. Le mot kakistocratie provient du grec ancien κακός (kakós, « mauvais ») et plus précisément de son superlatif κάκιστος (kakistos, « pire ») et -cratie (κράτος, krátos, « le pouvoir »).
Par extension, la kakistocratie est le pouvoir exercé par des personnes particulièrement médiocres. Depuis le 9 juin, un ange passe et repasse, et ne se lasse. Pas encore, mais ça viendra, car déjà il se pose beaucoup de questions.
LE FLANDROLOGUE - https://lepalingenesiste.substack.com/