Cela fait déjà quatre procès en cours pour l’ancien président Donald Trump. Pour de multiples motifs : obstruction à la justice, instigation à un coup d’Etat, conservation de documents secrets, fraudes fiscales et autres. Et ce en plus d’un procès civil à New York, et, depuis peu, d’une décision de la Cour suprême du Colorado qui le rend inéligible, dans cet Etat, pour l’élection présidentielle. 

Il y a peu de doutes que l’ex-président poursuivra toutes ces procédures jusqu’au bout, y compris la Cour suprême des Etats-Unis, dont pourtant, après l’élection perdue de 2020, les juges ont montré qu’ils faisaient leur travail, et qu’ils n’étaient pas là pour remercier Trump pour leur nomination. Ses allégations de fraude du scrutin, la Cour suprême n’a même pas voulu les entendre. 

Le problème, c’est que la seule manière, pour Trump, d’échapper à la prison, semble bien être d’être élu avant d’être condamné. 

Ce qui devrait logiquement l’amener à utiliser tous les subterfuges judiciaires, d’un côté, et, de l’autre à tout faire pour être élu, quitte à favoriser finalement l’élection d’un démocrate. 

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La faiblesse de Biden

Trump le sait bien. La faiblesse de son adversaire présumé, Joe Biden, n’a pas empêché les américains, en 2020, d’élire celui-ci. Parmi ceux qui ont voté Biden, il y a sans doute une majorité d’électeurs qui n’avaient pas d’admiration particulière pour celui qui est devenu le président. Simplement, voter démocrate était la seule manière d’éviter l’élection de Trump et, pour tous ces électeurs-là, qui ont fait pencher la balance du côté démocrate, on pouvait voter pour n’importe qui, même un chien avec un chapeau, pour autant que ce ne soit pas Trump. Ce scénario pourrait se représenter en 2024 parce que ceux qui détestent Trump restent très nombreux, et que pour eux, éviter la victoire d’un candidat qu’ils détestent est sans doute une priorité.

Certes, quelques sondages annoncent aujourd’hui une légère victoire de Trump sur Biden. Mais, en même temps, ces mêmes sondages prévoient que, si la candidate républicaine était Nikki Haley, une femme brillante et issue d’une minorité, elle l’emporterait contre Biden avec une majorité écrasante. 

La logique du parti républicain, s’il avait quelque chose à dire, serait dès lors évidemment de faire en sorte que Trump soit écarté. Et le meilleur atout de Trump, lui est offert par les procureurs démocrates, qui le poursuivent partout, à tort ou à raison. Plus Trump se trouvera acculé à être président pour ne pas être prisonnier, moins il y a de chances qu’il s’écarte au profit d’une meilleure candidate que lui. C’est le paradoxe de cette situation : l’accumulation des procès contre Trump le place dans une situation de « tout ou rien », ce qui renforce la polarisation du scrutin, là où certains vont jusqu’à prédire des risques de guerre civile si Trump est candidat, élu ou non.

Ce n’est pas la seule situation dans le monde, où la perspective d’un procès amène des dirigeants à faire n’importe quoi pour rester au pouvoir. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est acharné à demeurer en poste, pour reporter son procès pour des infractions financières. Il a été jusqu’à faire voter une loi pour réduire les pouvoirs des juges, et a composé, pour cela, une majorité particulièrement hétéroclite, dont le seul objet, en tout cas pour lui, était d’essayer d’échapper à son procès. 

Pendant ce temps, l’on a vu combien il a peut-être négligé ce qui était le plus important dans son pays : assurer la défense du Sud face aux incursions depuis Gaza.

On peut se demander si, là aussi, le sort judiciaire d’un seul homme n’a pas influencé celui de toute une nation, voire la paix dans toute la région.

Et d’un autre côté, l’on a convaincu la Cour pénale internationale d’ouvrir une instruction contre Vladimir Poutine. C’est sans doute bien mérité pour les crimes dont celui-ci semble être coupable.

Perspectives...

Mais ce n’est peut-être pas comme cela qu’on l’amènera le plus facilement à quitter le pouvoir ou même à arrêter la guerre. Si la perspective de Poutine, en cas de défaite, est de comparaître devant la Cour de La Haye, on peut craindre qu’il utilise tous les moyens, y compris le pire, pour éviter ce sort, aussi justifié soit-il. 

Parce que, lui aussi, n’a guère d’autre issue que victoire, et donc le pouvoir, ou la défaite et la prison.

D’où ce dilemme, pour chacun des trois dirigeants évoqués ici. La justice, c’est évidemment que les procès aient lieu, pourvu qu’ils soient jugés avec impartialité. Mais parfois on se demande si le camp de la paix correspond ici, malheureusement, à celui de la justice … L’impunité pousse certes au crime, mais parfois la justice aussi …