L’écologie, une imposture qui ne dit pas son nom : c’est le sous-titre de l’essai qui vient de paraître de Jean de Kervasdoué. Il dénonce l’hubris démiurgique des Occidentaux de réguler le climat. 

La Terre, rappelle-t-il, est un système ouvert sur l’espace dont la modélisation n’a pas été réalisée tant il comporte des inconnues. A commencer par les unknown knowns, ces choses que l’on croit savoir et qu’en définitive on ne sait pas, selon la fameuse matrice conceptuelle à quatre entrées de l’ancien secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld - sans même évoquer les known unknowns et les unknown unknowns, ces choses dont nous sommes conscients ou pas, mais nous ne comprenons de toute manière pas. Restons humbles.

Une chose, par contre, dont nous devrions être conscients et que nous devrions comprendre, est que, même si les Occidentaux s’abstenaient de prendre l’avion plus de quatre fois pendant leur existence et de faire tout ce que les écologistes rêvent de leur interdire, cela ne changerait strictement rien. Le reste du monde continuera de « polluer », si tant est que ce soit le mot approprié car, dans bien des domaines, c’est l’ignorance et le préjugé qui règnent et non la connaissance factuelle qui prévaut.

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Quoi qu’il en soit et à titre d’exemple symptomatique cité par de Kervasdoué, à la 16e édition de la World Policy Conference qui s’est tenue à Abu Dhabi le 5 novembre 2023, un spécialiste indien de l’énergie l’a dit : « L’inde ne se considère en rien engagée par les décisions occidentales concernant la limitation de l’usage des énergies fossiles. » Elle ne ferait pas construire des dizaines de nouveaux aéroports et ses compagnies aériennes ne commanderaient pas des centaines de nouveaux avions (notamment à Airbus...) s’il en allait autrement !

Ouvrons les yeux !

Le véritable objectif des écologistes est ailleurs : c’est la décroissance, pire encore que le marxisme qui lui préconisait l’abondance et la prospérité pour tous, bien qu’avec ses dizaines de millions de victimes il s’est avéré, dans ses différents avatars, l’idéologie la plus meurtrière de l’histoire. Les conséquences du militantisme écologiste contre ses grands ennemis, que sont le nucléaire et le génie génétique, et sa mainmise sur les appareils d’Etat se traduisent par la désindustrialisation et le déclin de l’agriculture dans une Europe piégée - tant par ses vrais ennemis que par ses faux amis - et par la hausse irrépressible de la facture énergétique et bien d’autres factures à charge des ménages.

Il n’y a pas que dans le domaine de l’énergie et de la mobilité que l’écologie politique cherche à nous restreindre, il y a aussi celui de la génétique et, concomitamment, celui de l’agriculture. Ici aussi, la manipulation de l’opinion, soumise aux campagnes de désinformation et aux attaques permanentes contre l’agriculture traditionnelle, fait de gros dégâts et occulte de vrais problèmes tels le surpoids et l’obésité, facteurs d’aggravation de nombreuses autres affections, sans omettre le diabète qui peut y être associé. OGM et glyphosate, par exemple, sont bannis, dit l’auteur, au mépris de la recherche en santé publique (c’est son premier domaine d’expertise).

La vraie « révolution verte »

« Les agriculteurs, écrit-il, sont de facto déclassés, méprisés, insultés par des rats des villes qui ne connaissent rien au sujet et sont persuadés que l’avenir de la nutrition de l’humanité passe par les abeilles sur les toits de Paris et les salades sous les néons dans les parkings reconvertis... » Jusqu’à la fin des années 1960, les pays à quelques exceptions près (Etats-Unis, France) avaient de la peine à nourrir leur population. La « révolution verte » (sélection génétique des plantes, engrais, produits phytosanitaires) a plus que doublé les rendements, mais beaucoup de pays ne produisent pas encore assez pour nourrir leur population. L’agriculture est devenue un business et une arme, la situation en Ukraine l’a démontré. Ce nonobstant, l’Union européenne organise la décroissance de sa production.

Que les ruminants rotent et pètent ailleurs et que les Européens deviennent végétariens. Le Pacte vert pour l’Europe conduit au saccage de son agriculture. En 2023, trente-cinq Prix Nobel et plus de mille scientifiques ont lancé un appel aux parlementaires européens les exhortant à « rejeter les ténèbres de l’alarmisme antiscientifique ». Puissent-ils être entendus par ces « lumières » qui, au mépris de l’écologie que tant d’eux de tous les partis prônent, font encore et toujours la navette entre les sièges du Parlement à Bruxelles et à Strasbourg. Malheureusement, c’est aussi le cas dans le cadre de la gestion des forêts, ignorance et à-peu-près tiennent souvent lieu d’idéologie chez les écologistes et se traduisent par une volonté de nuire, y compris par la violence et la destruction. Quant à la dimension humaniste et sociale du progrès dans des domaines aussi précieux que la santé, l’hygiène, l’industrie, l’agriculture, elle est sacrifiée. La priorité n’est-ce pas l’Homme ? Les soi-disant élites politiques européennes l’ont oublié.

Le Palingénésiste

https://lepalingenesiste.substack.com