Les élections législatives au Royaume-Uni et en France ont ramené la gauche au pouvoir. Avec des systèmes électoraux inadaptés à un monde où une plus grande liberté d’expression incite à prendre des positions diverses, ces systèmes sont démocratiquement sous-optimaux, mais permettent de perpétuer des illusions énergétiques.
Au Royaume-Uni, le parti travailliste a remporté 412 des 650 sièges avec 34 % des voix. Le parti populiste dirigé par Nigel Farage est entré au Parlement avec 5 sièges et 14 % des voix ; dans un système proportionnel, il aurait dû avoir 91 sièges. En France, la situation instable qui prévalait avant la dissolution de l’Assemblée était due à un système favorisant les blocs. Les dernières élections ont renforcé cette instabilité. Dans les deux pays, les hommes d’État devraient revoir le système afin que la population soit rassurée par des hommes politiques prêts à faire des compromis plutôt que de s’affronter avec des arguments superficiels ou carrément faux.
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Le règne des bisounours énergétiques
Dans mon domaine d’expertise, je suis étonné par le nombre de promesses inconsidérées faites au cours des deux campagnes électorales. Par rapport aux conservateurs, les travaillistes veulent avancer de cinq ans (2030) l’objectif de décarbonation du secteur électrique britannique. Les Torries se comportent comme des écologistes depuis des années — rappelez-vous comment Boris Johnson a changé de politique après avoir épousé une militante verte — ce qui explique pourquoi ils ont perdu le consensus au profit du parti véritablement conservateur de Farage, qui s’oppose ouvertement au Pacte vert.
Le parti travailliste entend doubler l’énergie éolienne terrestre, tripler l’énergie solaire et quadrupler l’énergie éolienne en mer d’ici à 2030. Comme la Commission européenne, ils disent vouloir investir dans le captage et le stockage du carbone — une technologie largement financée par la Commission depuis 2008, mais dont les projets ont tous été abandonnés au point que la Cour des comptes de l’UE s’en est plainte, dans l’hydrogène — une contradiction scientifique totale (voir mon livre L’utopie hydrogène) et dans l’énergie marine, également financée par la Commission depuis plus de 40 ans sans aucun succès. Les politiciens sont nouveaux, mais les fondements de la politique énergétique restent les mêmes. Les nouveaux ne veulent pas — ou n’ont pas le temps — d’analyser l’histoire de l’énergie pour apprendre que tout ce qu’ils annoncent est vieux et ne fonctionne pas, ni technologiquement ni économiquement.
Dans la tradition socialiste, le gouvernement entend nationaliser le secteur de l’électricité en créant une nouvelle entreprise publique, Great British Energy. Propriété du peuple britannique, elle lui fournira de l’électricité, tout en travaillant en partenariat avec l’industrie et les syndicats. Les travaillistes fourniront à Great British Energy 8,3 milliards de livres sterling au cours de la prochaine législature. Margaret Thatcher, qui a tant fait pour limiter les syndicats et les monopoles d’États, doit se retourner dans sa tombe.
Le résultat de ces politiques écologistes sera inévitablement une augmentation du prix de l’énergie, à l’inverse de ce qui a été promis lors de l’élection. Dans cinq ans, la population désenchantée changera son vote, et le parti qui en profitera ne pourra pas être le parti conservateur, ostensiblement écologiste, totalement discrédité par sa gestion ridicule, sans parler de ses erreurs de casting. Tout cela va favoriser Farage, au point que certains évoquent la possibilité que son parti avale le conservateur.
La France divisée
Chaque fois que les politiques en France ont parlé du pouvoir d’achat, ils ont évoqué le prix élevé de l’énergie, mais sans donner la moindre explication. La raison est inavouable : c’est la politique européenne, qui est aussi celle du Nouveau Front Populaire (NFP), du parti de Macron et de ce qui reste des Républicains. Ils sont tous favorables aux énergies vertes. Le PAN du 24 mai a présenté la doctrine de Macron sur l’éolien en mer. Tout cela a eu, a et aura un impact croissant sur le prix de l’énergie. Contrairement à ce que disent presque tous les politiciens — y compris en Belgique — plus on produit d’énergie renouvelable, plus le prix est élevé. Il est très surprenant qu’une telle vérité, démontrée par les données d’Eurostat, continue d’être cachée ou ignorée.
Le Rassemblement national (RN) est-il mi-figue, mi-raisin pour ne pas choquer trop de monde ? Est-ce parce qu’il a souvent changé de position sur de nombreuses politiques ? Par exemple, en 2022, ils ont proposé de démanteler les éoliennes déjà en service, avant d’abandonner cette idée. Aujourd’hui, ils veulent instaurer un moratoire sur toute nouvelle construction de parcs éoliens, mais ils ne parlent pas des panneaux solaires. Comme le Nouveau Front Populaire, ils proposent la nouvelle panacée : la géothermie, qui a été la première des énergies alternatives proposées après la crise pétrolière de 1973. On attend toujours qu’elle devienne une réalité, et l’on attendra encore longtemps. Mais comme au Royaume-Uni, les politiques français ne s’embarrassent pas de l’histoire de la politique énergétique.
De plus, le NFP est antinucléaire et les écologistes qui le composent ne pourront jamais faire marche arrière. Mais il faudra bien trouver un compromis, car ils ne peuvent pas gouverner seuls. Tous les autres partis — y compris celui de Macron, bien qu’il ait fermé la centrale de Fessenheim — et bien sûr le RN, ont compris que la France a besoin de cette énergie et que pour rester dans la course mondiale à la vente de centrales nucléaires, elle doit en construire chez elle. Lequel des deux antagonistes mangera son chapeau ?
Il reste un espoir
Le Royaume-Uni ne faisant pas partie de l’UE, les Britanniques devront attendre l’échec inévitable de leur choix en matière de politique verte. Mais dans l’UE, si Ursula von der Leyen ne remporte pas l’investiture du Parlement européen le 18 juillet, beaucoup de choses pourraient changer. La majorité qui renverserait l’Allemande pourrait également revoir, voire abandonner le Pacte vert. C’est ce que réclament une grande partie des eurodéputés et certains gouvernements, Giorgia Meloni et le nouveau gouvernement néerlandais en tête. Viktor Orban, qui ne manque jamais une occasion de se distinguer, en serait également ravi.