A moins d’avoir passé ces dernières semaines dans la stratosphère ou au fond des mers, impossible d’échapper à l’événement essentiel du siècle. 

Non, ce n’est ni la tragédie de Gaza, ni la guerre en Ukraine, ni les élections américaines, non, c’est évidemment le parcours de la flamme olympique. Pour preuve ? Cette actualité majeure dans l’histoire du monde a déjà fait douze fois l’ouverture des journaux télévisés français, toutes chaînes confondues. on a réquisitionné le Belem, le plus ancien trois mâts d’Europe pour la transporter de Grèce à Marseille où son arrivée a provoqué encore plus d’euphorie que l’élimination du Paris Saint-Germain, ce qui n’est pas peu dire !

Depuis son arrivée dans la cité phocéenne, où toutes les télés ont consacré la journée entière à l’événement, elle est protégée comme ne le serait pas Volodymyr Zelensky : 6.000 représentants des forces de l’ordre sur le Vieux Port à son arrivée, 200 CRS et gendarmes entourant d’une «bulle» le parcours de la flamme, un dispositif auquel il faut ajouter 18 motards de la garde républicaine et les membres d’élite du GIGN gardés en réserve en cas d’attaque.

Cet article est réservé aux abonnés

Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.

A PARTIR DE 6€/MOIS

Sans engagement.

Abonnez-vous

Déjà abonné ? Connectez-vous

Tout cela est-il bien sérieux ? Non bien sûr car le parcours de la flamme olympique est, médiatiquement parlant, le plus important des non-événements.

Comment qualifier autrement cette opération commercialement très juteuse, aux antipodes de l’esprit des Jeux tel que le concevait Pierre de Coubertin ?

65 des 96 départements français ont accepté de délier les cordons de leur bourse pour voir la flamme passer sur leur territoire et se sont délestés de 150.000 euros (180.000 avec les taxes !). Et attention, dans les départements traversés, la célèbre flamme n’est pas visible partout. Le relais ne s’effectue pas en continu à l’inverse de la caravane du Tour de France par exemple, mais par segments.

Dans ces conditions, difficile de ne pas donner raison aux autorités départementales qui ont refusé de cracher au bassinet. Comme le fait très justement remarquer  le président des Côtes d’Armor : «c’est la moitié de mon budget sportif annuel sans compter les frais annexes.» !

A titre de comparaison, pour accueillir le Tour de France, les villes versent à ASO, l’organisateur, en moyenne 70.000 euros pour un départ, 120.000 pour une arrivée et 170.000 pour les deux.

Et pas question pour les responsables locaux de rentabiliser l’événement (!) par des rentrées publicitaires : ce sont les partenaires du Cojo, le comité organisateur, Coca-Cola en tête, qui sont associés à la rentabilité du relais de la flamme.

C’est donc bien un non-événement, sauf pour ceux qui la portent, pour le Cojo… et pour les médias qui en font leurs choux gras !