La facilité avec laquelle les Démocrates ont forcé Joe Biden à se retirer contre sa volonté donne raison de façon éclatante à tous ceux qui soutenaient que, depuis belle lurette, ce n’est pas Joe Biden qui préside au destin de la première puissance mondiale, c’est la machine de guerre du parti Démocrate. Voici l’homme supposément le plus puissant du monde qui, après avoir gagné haut la main la primaire Démocrate, se fait débarquer comme un vulgaire Secrétaire d’État au budget du gouvernement de Alexander De Croo.
Le problème étant que les Démocrates n’avaient aucune alternative sérieuse à « Joe », motif pour lequel il a vraiment fallu que Joe commence à baver en public pour qu’ils se résolvent à le remplacer. Alors, certes, si l’on en juge par les titres amoureux de la presse depuis un mois, Kamala Harris est une sorte de déesse-vivante, vibrante d’intelligence, émouvante d’empathie, portée par un programme unique, à la fois révolutionnaire et bienveillant. Une sorte de croisement entre l’idée platonicienne du Bien, et l’homme - femme ! - d’État au sens de Kissinger ; un nouveau Bismarck, en sympa.
Excepté, bien entendu, que tout ceci est faux. Cosmiquement absurde. Burlesque. Quand Kamala s’est elle-même portée candidate à la primaire Démocrate, en 2019, elle dut se retirer parce que les sondages - Démocrates, donc ! - lui promettaient un royal pourcent. Un 1, comme un score belge à l’Eurovision. Un peu mieux que Raygun aux Jeux Olympiques donc, mais pas exactement de quoi grimper aux rideaux.
Si l’on veut éviter de se perdre dans l’adulation de la presse, il faut regarder les faits : Kamala, par ses votes comme sénatrice des Etats-Unis, se situe objectivement à l’extrême gauche de Bernie Sanders, qui se réclame pourtant du marxisme (Voteview project, Université de Los Angeles, Californie). Économie, genre, race, émeutes, police, il n’existe pas un seul domaine, sujet, rubrique dans lequel Kamala n’a pas systématiquement choisi l’option la plus extrémiste. Cet extrémisme de gauche, déjà répugnant à la majorité des Démocrates, est-il susceptible de rassembler les Américains dans leur totalité ? L’avenir le dira.
Comme vice-présidente, Madame Harris s’est concentrée sur la gestion de la frontière sud des USA. Résultat ? Les USA sont une passoire comme jamais, non seulement subie, mais voulue, sans équivalent nulle part au monde - si ce n’est bien entendu la frontière sud de l’Europe, qui n’existe que dans la fantasmagorie des « élites » de l’UE et de la CEDH. Huit millions de clandestins ont franchi la frontière sud des Etats-Unis depuis que Kamala s’en occupe !
Et puis, il y a le programme. Bien que candidate depuis un mois, « Daisy » Kamala reste d’une discrétion de vierge rougissante sur ses intentions, n’ayant levé le voile que sur son ambition économique : l’égalité de résultats par la fixation administrative des prix. L’égalité de résultats, qui s’oppose à l’égalité en droits, est la définition du communisme. Soit le même revenu pour chacun (sauf l’élite dans le style Kamala, que vous ne verrez jamais venir s’asseoir à côté de vous au McDonald’s, faut quand même pas déconner.) La fixation des prix par des commissions administratives est la recette la mieux éprouvée dans l’histoire économique quand on veut saboter une économie, un pays et jeter son peuple dans les affres de la misère. D’un coup d’un seul Harris entend mettre un point final au capitalisme américain - bonne chance avec la fixation du prix des actions par des fonctionnaires ! Ce programme maduriste est-il de nature à rassembler une large majorité ? L’avenir le montrera.
Une élection, c’est un ‘record’, c’est un programme. C’est aussi une personne. Et c’est ici que réside le vrai drame Démocrate : les Américains exècrent Kamala, qu’ils perçoivent comme arriviste, immorale, fausse, sans conviction réelle, peu efficace, médiocrement intelligente et… caquetante. Le « rire » de Madame H est le plus sûr moyen de s’aliéner un auditoire.
En résumé, il y a « Kamala », cet être de fiction fagoté à la hâte par une presse d’influenceurs ex-journalistes. Une sorte de super-héros si bardé de perfections qu’elle ne devrait pas avoir à se présenter. Et puis, il y a Kamala Harris.
Les deux mois qui viennent écriront l’histoire de la longue, douloureuse et, au final, cataclysmique réconciliation entre l’être de fiction et l’être réel. Karmala !