A juste titre, Michel Onfray, Girondin de gauche, préfère un homme de droite qui dit des choses intelligentes à un homme de gauche qui raconte des conneries. Cette ouverture d’esprit permet à Michel Onfray de débattre de manière constructive avec tout individu intelligent même s’il ne partage pas ses convictions. Cela donne des conversations passionnantes qui ne sont pas courantes dans le PAF, la médiasphère officielle.
Sur Youtube dans le PIF, il faut écouter Michel Onfray discuter avec Laurent Alexandre, avec Juan Branco, avec des religieux catholiques, islamiques, juifs, qui tentent de convaincre cette montagne philosophique imbibée de Nietzsche, Spinoza, Montaigne, La Boétie, des philosophes Romains de l’antiquité, stoïciens ou épicuriens, qui pratiquaient véritablement les vertus de leurs maîtres.
Il faudrait aussi lire ses livres principaux car Onfray en écrit beaucoup. Il serait même un peu trop prolifique aux dires de certains critiques qui n’ont pas complètement tort. La bibliographie impressionnante de Michel Onfray, plus de cent livres, pourrait finir par fatiguer ses fans.
Il est regrettable que Michel Onfray n’ait pas rencontré Jean-Jacques Servan Schreiber à l’époque de sa splendeur dans les années Mitterrand, 1981 à 1996... JJSS était un antigaulliste acharné, un américanophile convaincu, un journaliste brillant, un débatteur de conviction, un visionnaire de la révolution numérique dont il aura pourtant raté toutes les marches.
Par ici la bonne soupe !
Mais, revenons à la bonne soupe... Dans un de ses bouquins, JJSS raconte la parabole de cet ancien village où chaque femme fait chauffer la soupe du soir dans les chaumières...
Le problème commence lorsque toutes ces femmes se réunissent un soir pour décider ensemble que ‘Une seule femme’ préparera chaque soir une seule soupe pour toutes ses consœurs... Elles s’épargneraient ainsi une corvée culinaire après une journée de labeur aux champs, à l’étable, au ménage, aux soins des enfants. Elles conviennent alors que l’une d’entre elles, Maria, fait vraiment la meilleure soupe du village... Elles confient donc à Maria la compétence exclusive de préparer le sacro-saint breuvage vespéral.
La trouvaille démocratique fonctionne à merveille durant plusieurs années jusqu’au jour où Maria décède brutalement... Catastrophe car les femmes du village ont oublié les recettes de la bonne soupe quotidienne... Le village dépérit dans la détresse alimentaire.
Cette allégorie caricaturale de JJSS résume bien la situation actuelle d’un monde économique global imaginé par les oligarques du WEF, World Economic Forum, de Davos... La Chine, l’Inde, Taïwan, la Corée du Sud, le Vietnam, le Japon, les USA sont devenus les usines de l’Europe qui ne fabrique plus rien depuis les délocalisations doublées d’un prix asiatique socialement imbattable.
De plus, l’Europe s’acharne à nous imposer un paquet de normes handicapantes que nous ne sommes que quelques pays à respecter. Résultats... Nos agriculteurs abandonnent le métier, se révoltent en Allemagne, à Toulouse, quand ils ne se suicident pas.
L’huile de tournesol vient d’Ukraine, les graines de moutarde du Canada, les fruits récoltés en Espagne, les produits manufacturés sont tous fabriqués en Chine, le gaz de schiste exportés des Etats-Unis à trois fois le prix américain, le pétrole de la Russie sanctionnée nous revient via l’Azerbaïdjan ou les Indes, la viande élevée en Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine... Ces singes ne respectent aucune de nos normes imbéciles... nous importons tous leurs produits, nous n’exportons plus grand-chose à part les produits de Bernard Arnault.
On l’a vu pendant la crise du COVID-19... Pas de masques, pas de vaccins, pénuries de médicaments, ruptures de stock pour des dizaines de produits alimentaires, citoyens confinés comme des sardines en boîte, se laver les mains dix fois par jour avec alcool désinfectant, distances à respecter dans les files d’attente, pass sanitaire électronique à produire aux autorités, coûteuses cloisons plastifiées de protection, hôpitaux à la ramasse, communications discordantes qui sèment le doute comme toutes les fumeuses théories du complot orchestré.
Ô rage, ô désespoir !
Un beau bordel qui se reproduira évidemment demain avec les mêmes conséquences puisque les expériences vécues ne serviront jamais à personne. Ce qu’il y a de surréaliste dans ces situations de crises répétitives, c’est la troublante facilité avec laquelle les nouvelles générations se soumettent de bonne grâce aux diktats de leurs dirigeants très éclairés...
Pour la vieille garde, cette atmosphère carcérale est évidemment irrespirable mais ils doivent la subir comme tout le monde.
Imaginons l’octogénaire qui ne comprend rien à Internet, qui se fait éjecter comme un torchon par son banquier historique, qui n’utilise que rarement les réseaux sociaux, qui oublie ses mots de passe pour accéder à une quelconque application... Ces retraités abandonnés qui se perdent aujourd’hui dans un labyrinthe d’interdictions stupides, une avalanche de nouvelles technologies compliquées, une administration décourageante qui ne rêve que de les dégoûter, des chatbots qui ânonnent des imbécilités sans jamais répondre à leurs questions existentielles.
Adieu les trente glorieuses, adieu la bonne soupe de Maria, adieu les amis, adieu les familles... Bonjour les guerres, bonjour l’ingratitude, la pauvreté, les dettes, l’inflation, les fins de mois impossibles, la sinistre froidure solitaire de l’hiver de la vie.
Nous avions tous aimé les bonnes soupes hivernales de Maria.... Mais, Maria est morte... Elle ne nous avait pas appris à cuisiner cette bonne soupe aux légumes frais... S’il faisait froid ce soir, nous réchaufferons donc nos vieilles carcasses en dégustant les saloperies industrielles vendues dans les cathédrales modernes de la consommation.