Ce 27 juillet, Kamala Harris (59) a signé les formulaires actant sa candidature officielle à la présidence des Etats-Unis. Depuis, sa punchline-phare « the coconut tree » refait surface, rappelant son potentiel viral de sympathie. Mais, son rire hystérique caractéristique et ses salades de mots suffiront-ils pour convaincre. A moins de cent jours de la soixantième élection présidentielle, c’est loin d’être gagné !

Du cocotier au bureau ovale

Flanqués d’émojis noix de coco, palmiers et drapeau américain en partage, les médias sociaux sont inondés de mèmes (NDLR :
de courts clips qui imitent en les parodiant une phrase, un mot ou une attitude). Parmi les édits, « Je ne sais pas ce qui ne va pas chez vous, les jeunes. Vous croyez que vous venez de tomber d’un cocotier ? », est la phrase culte de Kamala Harris qui fait le buzz. Sur Twitter, les internautes imaginent déjà une Maison-Blanche désormais repeinte en rose et entourée de palmiers. D’autres publient des vidéos humoristiques montrant Kamala Harris tombant d’un cocotier dans le bureau ovale. Son rire alimente aussi sa cote de popularité auprès d’une cohorte cruciale : la génération Z, soit les digitally natives. « Kamala monte dans le train Harris !


C’est Kamalo’clock ! C’est un Kamalanomenom ! », sont les slogans qui font fureur sur TikTok. Exit les talons aiguilles. Converse Chuck Taylor au pieds, Kamala est « la vieille tante » qui a toujours le « bon mot » pour faire rire. 

Laffin’ Kamala

Face à cette popularité, le premier scud de Donald Trump ne s’est pas fait attendre. Son rire est la première moquerie qu’il reprend en boucle. Il se paie la tête de la démocrate en l’affublant d’un quolibet : « Laffin’ Kamala » (Kamala la ricaneuse). « On peut en dire beaucoup sur les gens par la façon dont ils rient.  Elle est cinglée. Elle est folle ! », appuie-t-il, contredisant au passage les ragots persistants sur son inculture. Petite digression. Dans « Le rire des femmes », l’historienne et ingénieure d’études au Collège de France, Sabine Melchior-Bonnet, explique en effet que pendant de nombreux siècle, ce spasme qui secoue le visage a été considéré comme très inconvenant, laid et obscène pour une femme. Pire, aux XVIIIème, le rire était la manifestation d’une nature inconstante, voire d’un trouble de l’émotion. 

Opération décryptage

La presse américaine en fait d’ailleurs ses choux gras en analyses demandées à des spécialistes du comportement : les discours décousus de Kamala Harris, associés à ses éclats de rire aléatoires, pourraient être le symptôme d’une affection psychologique, la logorrhée. Et cela donne des phrases dénuées de sens. Morceaux nébuleux choisis. En mars dernier, elle a ainsi affirmé :
« pendant le Mois de l’histoire des femmes, nous célébrons et nous honorons les femmes qui ont fait l’histoire tout au long de l’histoire, qui ont vu ce qui pouvait être sans se soucier de ce qui avait été » (sic !). Ou encore, parlant d’internet à haut débit : « quand on y pense, le temps qui passe a une grande importance pour ce que nous devons faire pour poser ces câbles qui passent ».
(
Re sic !)

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Les fausses peurs du mâle

A chacun ses faiblesses. Avec Kamala Harris comme nouvelle adversaire, la question de la misogynie de Donald Trump refait surface, ce qui pourrait le couper d’une partie de l’électorat féminin. La testostérone sera-t-elle vraiment son pire ennemi ? Rien n’est moins sûr. Les chiffres ont déjà montré toute l’amplitude du paradoxe. Machiste et protecteur, Trump représente l’idéal viril d’une Amérique conservatrice. En 2016, alors que la quasi-totalité des sondages le donnait perdant, malgré un sexisme hostile affiché, Trump a largement bénéficié du soutien féminin. Pas moins de 53% des femmes blanches, ce qui représentent 37% des électeurs, l’ont préféré à Hillary Clinton. 

To be or not to be « Commander in Chief » 

Les biais raciaux et sexistes reviennent également en force sur le devant de la scène politique. Bémol. En termes de barrières systémiques, la question de la couleur a déjà été réglée par Barak Obama. C’est donc le genre qui sera sans doute le principal défi pour Kamala Harris. Si en janvier 2021, elle a brisé le plafond de verre en devenant la première femme afro-américaine à être nommée vice-présidente des Etats-Unis, la véritable question qui se pose est de savoir si les Américains sont prêts à confier les rênes de leur pays à une femme. Depuis 1776, ce ne sont que des hommes qui ont occupé le poste de président. Face à cette constance, même dans les rangs démocrates, on ne semble pas convaincu. Patrick Canning, président des démocrates au Luxembourg, estime ainsi sur le site d’information Virgule.lu qu’« un jeune candidat blanc aurait été mieux pour avoir toutes les chances de battre Donald Trump ». 

« Make America laugh again » ?

Face au cynisme de Trump, Kamala Harris ne se démonte pas : « rira bien qui rira le dernier ! ». La reine des mèmes peut-elle toutefois miser sur la seule force du virtuel pour appâter des électeurs ? D’autant plus que son bilan politique est maigre. Elle n’a que peu démontré de talents pointus dans la maîtrise de ses dossiers ses quatre dernières années. On peut aussi se demander si les compilations humoristiques virales peuvent se traduire en votes dans les « swing states », ces Etats aux votes indécis jusqu’au dernier instant et qui font invariablement basculer le résultat final. Enfin, l’histoire livre quelques enseignements : à peine six vice-présidents américains ont à ce jour remporté une élection présidentielle. En résumé, le calvaire de la gauche américaine ne fait que commencer…