Les gnomes sont de retour !
Dans l’émission Matin Première (RTBF) du mardi 26 mars, à l’heure où vous emmenez les enfants à l’école, il fut question de « castrer des moutons avec les dents ». S’agissait-il de savoir s’il fallait les étourdir ou non au préalable ou de réciter une nouvelle version du poème de Boris Johnson qui lui valut de remporter le concours du poème le plus outrageux du magazine The Spectator en 2016,
« There was a young fellow from Ankara, Who was a terrific wankerer » ?
Le propos était confus. L’élocution de l’ampoulé patenté de service n’était pas facilitée par le fait qu’en parlant il se curait le nez - les oreilles, de toute évidence, c’était déjà fait. En cause, le roi des Striges (petits démons femelles ailés) - le goule en hoodie vintage prisunic acheté sur Wish, si on a bien saisi, avait l’air de s’y connaître - « avec un patronyme et une dégaine à dormir dans un cercueil et à fuir les crucifix » que Louis le Farfelu – le blafard a cité ses sources ! - avait rangé à l’ultra-droite de l’extrême droite, à moins que ce ne fût l’extrême de l’ultra, il s’y perdait lui-même.
S’ensuivit une tirade de l’inquisiteur sur les cordons (sanitaire, médiatique, ombilical, gousses d’ail), les arbres à chat et les canettes de Maes 0% dont il faut faire usage à l’encontre des tyrans éternels, des princes des ténèbres trumpistes, zemmouriens, bolsonaristes, anti-IVG et climato-négationnistes et autres « suceurs de sang de vierges » et l’envoi « aussi vide que la poche kangourou de son slip », sur Bart De Wever, « génie du mal ou couillon notoire, qui valide l’extrême droite wallonne, jusque-là portée que par des marginaux ».
Que « couillon » ait été réintégré dans le langage courant par un président de parti wallon en mal de qualificatifs pour dénigrer un adversaire à l’extrême gauche de l’ultra-gauche - soyons michelien - n’empêche pas de se demander si l’argent public est dépensé à bon escient lorsqu’il sert à inviter un asinus maximus, qui a mal passé le cap oedipien, à dégoiser des insanités du niveau radio caniveau. « C’est de l’humour, évidemment », crut devoir préciser l’animateur matinal, faux-cul béat. Ben oui, les empaffés, rien que de l’humour. C’est comme ici, rien que de l’humour, en plus d’une petite satire pour experts ès satyres.
Bart De Wever a-t-il perdu le Nord ?
Un qui s’est montré pondéré dans ses réactions à propos de la désignation de Drieu Godefridi en tant que tête d’affiche de la N-VA en Wallonie est celui qui, selon les stratèges en salle de rédaction de la presse mainstream, est pourtant censé être directement concerné par son arrivée, à savoir Georges-Louis Bouchez. « Bart De Wever ne sait plus dans quelle direction il doit aller »,
a-t-il déclaré au lendemain de l’annonce de la N-VA au Soir qui en a fait son titre. « Bart De Wever aime beaucoup Paul Magnette, explique-t-il. Il mène une offensive en Wallonie pour aider le PS et Paul Magnette. La N-VA devient un parti national alors que c’est un parti nationaliste flamand. Cela prouve une chose : la boussole de Bart De Wever est cassée. »
GLB, lui, n’a pas perdu le Nord. C’est un homme intelligent, plus turbulent qu’on ne le souhaiterait au sein même de son parti, mais à l’esprit vif.
S’il devait partir, comme il l’a évoqué, avec sa petite famille sous d’autres cieux parce que justement il ne supporterait pas que son fils grandisse dans une Wallonie désespérément déclinante, ce serait une perte sèche pour la politique belge. Theo Francken avec lequel (ainsi qu’avec d’autres de la N-VA) passe un courant de sympathie réciproque, en a déjà dit autant. Or, il se fait que Francken était assis à côté de Drieu Godefridi lors de sa présentation à la presse. Ceci explique peut-être cela.
Mais, il y a à la réaction modérée de notre Gloub libéral d’autres raisons qui semblent avoir échappé aux dignes représentants drapés de bien-pensance et de bonnes intentions de la presse cordonnante, à commencer par le fait que la N-VA ne se présente en Wallonie qu’au niveau fédéral laissant au MR le soin de promouvoir les valeurs libérales à tous les autres niveaux de pouvoir sans la concurrence d’une N-VA, qui, comme le MR le devrait, proclame : « Il est grand temps de briser la mainmise du PS sur la Wallonie et de renouer avec la productivité, l’esprit d’entreprise et la prospérité. »
Or, c’est bien là « le » problème de GLB : combien d’authentiques libéraux reste-t-il dans l’aréopage du MR ? Parmi les jeunes militants, il y en a, certes, mais qui voient leur être préférés sur les listes des imports dont l’engagement politique et libéral n’est pas la première qualité, ni même une qualité du tout. Et, parmi les fonctionnaires de la politique qui occupent des postes ministériels, il n’y en a guère de marquants, à la notable exception de David Clarinval, Vice-Premier ministre et ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique, qui, à lui tout seul, a justifié la participation du MR à la Vivaldi en bloquant la sortie du nucléaire et une « réforme » fiscale destinée à nous plumer plus que nous ne le sommes déjà. Grâce lui en soit rendue ! Qu’eût-ce été s’il n’avait été là ?