Contrainte d’avancer une garantie de 8 millions pour lui obtenir... une bourse de 8 millions de l’Union européenne, la ville de Bruxelles découvre la haute crédibilité de l’Institut Jules Bordet (IJB) telle que ressentie au sein de la Commission européenne. On avait l’habitude que la socialie belge rencontre quelques difficultés à faire débloquer des fonds européens mais ici, de belle façon, l’on touche à nouveau la floche du doigt, dans le petit manège bruxellois.
Il est vrai que, selon les attendus de la décision qui sera votée en conseil communal le 24 juin prochain, l’IJB est (sic) « une association de chapitre XII, forme d’intercommunale issue d’un CPAS, régie par la Loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’aide sociale, et plus précisément son Chapitre 12bis ». On se pince devant ce charabia qui aura dû être traduit en de nombreuses langues européennes avant de se voir opposer... un gros soupçon.
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Fort dépitée, la majorité communale veut cependant insister sur le fait que ce statut... « spécifique », « bien que reconnu par les autorités belges, semble méconnu par les instances européennes. » On pouffe.
Grenouille médicale et bœuf mayoral
Plutôt que de plastronner sur le « pôle médical bruxellois » (la fameuse Coupole un moment évoquée) ou le GHUB (Grand Hôpital Universitaire Bruxellois), le bourgmestre à la blanche robe, aka Doktor Close, aurait dû se concentrer sur la crédibilité internationale, juridique et financière de « ses » fameuses entité médicales.
Il aurait ainsi pu s’éviter une évaluation à l’acide sulfurique telle que formulée par la Commission européenne. Non contente de ne pas considérer Bordet comme un « organisme public », mais bien comme une vulgaire ASBL, la Commission émet une évaluation financière défavorable. Sans rougir, elle exprime « des réserves quant à la capacité de l’Institut Jules Bordet à assumer le rôle de coordinateur (risques financiers) »... Une analyse qui n’a rien de très étonnant, Bruxelles-ville passant son temps à garantir les fonds de roulement de ses différents hôpitaux. Comme disait Belmondo à Anconina, il y a un moment il faut cesser d’avoir l’air étonné.
La peau du contribuable
Alors que faire? Mais suivre les bonnes vieilles recettes de jadis, pardi : « Deux compagnons pressés d’argent, à leur voisin fourreur vendirent la peau d’un ours encore vivant... » Et voilà la bonne ville de Bruxelles contrainte d’assurer la garantie de la bourse octroyée à l’Institut Bordet. En plus des dizaines de millions déjà garantis à toutes les instances hospitalières de la commune.
Le fourreur pressenti sera peut-être ING ou Belfius, enfin une banque dirons-nous, qui pourrait, à un moment donné, se demander si de fourreur elle ne pourrait basculer au statut de fourrée. Après tout, les analystes d’une banque sont-ils vraiment plus bêtes que ceux de la Commission ? Sur ce sujet, La Fontaine demeure muet.
F.L.