Toutes les excuses qu’ils vous donnent sont comme les baisers que l'on vole…
A Bruxelles-ville, remplacer les vieilles lunes malthuso-écologistes par les objectifs turbo-libéraux à la mode de chez Bouchez, voilà ce qui était promis. L’accord de majorité 2024-2030 (248 pages) ne s’écarte guère de celui de la dernière législature (2018-2024) …
Redites, vœux pieux et miroirs aux alouettes... Avec une vraie question, pourquoi balancer le MR Weytsman aux commandes du CPAS, par essence centre névralgique de la politique sociale tout en abandonnant l’échevinat du commerce aux Engagés ? D’accord, Wauters vend des lunettes mais le centre-gauche qu’il représente n’a jamais été à la pointe du combat pour la croissance économique. Bref, l’on se dirige tout droit vers de l’apaisé plan-plan sans attaquer les sujets qui énervent le(s) quotidien(s) des Bruxellois.
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Quelques indices de cet absence de changement au hasard de trois malheureux domaines d’action. Prenons le « soutien aux commerçants et entreprises locales » avec cet extrait presque banal de l’accord de majorité : «La Ville soutiendra activement les commerçants et les entreprises locales en favorisant un environnement propice à leur croissance.» Autrement dit, le verbatim intégral de l’engagement déjà présent dans l’accord 2018-2024, sans apporter de nouvelles stratégies ou une quelconque action concrète.
Que dire de l’enseignement, priorité numero uno brandie par Close à chaque micro tendu et l’un de ses dadas, le développement de l’enseignement en alternance ? A peu près rien : «Mettons en valeur les métiers en pénurie.» On sent l’ambition d’un objectif déjà mentionné dans le précédent accord.
Et enfin, pour faire bonne mesure, l’inclusion numérique des personnes âgées. Et qui serait contre ? Bien que pertinent, cet engagement était, lui-aussi, déjà présent dans les plans antérieurs.
Outre ces redites moulinées ad nauseam, le bourgmestre Close, enfin élu démocratiquement, osa tout de même inclure dans ce programme fourni comment il voit l’avenir de Néo sur le plateau du Heysel. Hum... Pour faire bonne mesure, il aurait mieux valu insérer le papier assassin de la Libre sur le sujet : à le lire, on comprend que le contribuable aurait déjà payé plusieurs villas aux avocats intervenus dans le dossier... sans aucun résultat tangible. Un début de législature qui, on le voit, plante ses racines hors sol, bien enfoncées au cœur du divorce consommé entre les élites et la réalité du quotidien.
Et où il est le pépère au oua-oua ?
Et puis, et puis... Et puis voilà le retour de not’ Bayrou à nous ! « Où ça hein, où ça ? » Mais au milieu de la pièce, comme l’éléphant : l’excellentissime Alain Courtois venu vitrifier cette atmosphère de ‘déjà vu’ en atterrissant à la présidence du Conseil communal. Rien moins. L’homme qui allait se coucher devant les terrassiers de Pascal Smet, le stratège du nouveau stade fédéral, l’expert en rénovation qui nous serinait qu’il n’y avait pas de Plan B susceptible de récupérer le stade Roi Baudouin, le contempteur du piétonnier puis son thuriféraire le plus ardent, l’élu qui allait abandonner la politique, bref, oui, Alain Courtois, le retour.
Là, vous vous dites sans doute que, malgré les rodomontades de GLB, tout est à peu près foutu. Sans doute mais pas encore aussi profondément que vous pourriez l’imaginer : il est en effet toujours possible de visiter étages inférieurs, plus humides et plus sombres... La maison ne recule devant aucun sacrifice. Ainsi de la note régionale envoyée aux verts par le MR et les Engagés afin de « faire des concessions pour convaincre Ecolo » de rejoindre la formation d’un gouvernement à la région bruxelloise. Sans oublier Défi ! On croit rêver et pourtant, nous sommes bien éveillés.
Pour résumer
L’électeur, ce cocu magnifique, est donc en train de voir s’en revenir des partis dont il ne voulait pas, sur base de promesses destinées à maintenir des décisions dont il ne voulait plus. Comme dit l’ex premier échevin Benoît Hellings (Ecolo), la note de majorité du PS-MR, « c’est la danse du ventre » mâtinée de préservations de quelques espaces verts, comme le Donderberg... Une autre vieille promesse à nouveau reprise dans le «nouvel» accord. Comme dit encore Hellings dans son interview à BX1, « il faut arrêter de nous vendre deux fois la même chose. » Et aux habitants, c’est permis ?
En attendant, les Ecolos et leurs alliés Groen n’ont pas manqué de se ragaillardir au souffle de ce petit vent de retour en leur faveur et, plutôt que d’accepter servilement les sucettes à l’anis du MR, ont pris la décision de forcer leur avantage. Car à force de danser, il va falloir chanter maintenant et c’est tout le projet Néo désormais que la congrégation verte veut voir enterré. On peut le concevoir, Close fait aujourd’hui grise mine et l’ami Laaouej s’est peut-être vu un peu vite en maître des horloges.
Moralité, toute cette calembredaine électorale coûtera, pour changer, encore quelques dizaines de millions aux Bruxellois. En langage militaire, cela s’appelle une capitulation en rase campagne. En attendant, entre deux avions pour le Qatar, on entend moins Bouchez et on ne parle plus beaucoup de l’inauguration du joyau ferroviaire de Mons. Et Good Move ? Aaaaah Good Move... Les Francophones sont foutus.
Foster Laffont