Le petit manuel accouché au forceps par Caroline Désir (PS) suscite à nouveau des remous. L’Asbl Innocence en danger Belgique (IEDB), en synergie avec des parents et des grands-parents d’élèves, dépose quatre requêtes en annulation à la Cour constitutionnelle contre les décrets qui portent assentiment à l’accord de coopération signé le 7 juillet 2023 (120145) relatif à la généralisation de l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS). 

Les requérants, défendus par maître Aymeric de Lamotte, avocat au barreau de Bruxelles, considèrent que le caractère idéologisé, anti-scientifique et hypersexualisé du guide porte atteinte au principe constitutionnel de neutralité de l’enseignement. 

Un endoctrinement scolaire

L’EVRAS concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Ce programme qui bénéficie d’un budget annuel de 4,8 millions d’euros - on pourrait distribuer plus efficacement dans l’aide à l’enfance - provoque depuis sa genèse l’ire des parents, dépouillés de leur rôle éducatif, mais aussi de plusieurs enseignants et organisations et pas que des ultras catholiques, des musulmans et des conservateurs qui « attisent des craintes », comme on le prétend à gauche de l’échiquier. Effacement du sexe au profit du genre, banalisation de la transidentité, des questions qui n’ont pas lieu d’être et qui favorisent une hypersexualisation précoce sont abordées sur les bancs de l’école. Sans compter un blanc-seing donné aux partisans de la théorie du genre et de la déconstruction. 

Une sexualisation précoce

Selon le Conseil de l’Europe, un enfant sur cinq est victime de violences sexuelles en Europe. Entre 70% et 85% des enfants connaissent leur agresseur. La majorité des enfants sont victimes de personnes en qui ils ont confiance. Mais, on évite les scandales et on étouffe. Face à ce fléau, IEDB s’est spécialisée dans la problématique des violences sexuelles sur mineurs. L’association a aussi développé une expertise concernant les dysfonctionnements institutionnels belges en termes d’Education. Depuis 2023, IEDB lutte contre l’hypersexualisation des enfants. L’association traite notamment la question des enjeux de l’EVRAS, considérant que certaines affirmations dispensées peuvent compromettre l’intégrité psychique des enfants. Voici quelques extraits non exhaustifs du guide qui l’ont alertée :

Dès 5 ans : « Le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la découverte de son propre corps, de ses parties génitales et de ses zones érogènes » (p. 202) ;

Dès 9 ans : « Influence positive et négative de la pression des pairs, des médias, des pornographies » (p. 137) ; « L’amour, être amoureux, le plaisir, la masturbation, l’orgasme » (p. 187) ; « Pouvoir appliquer les règles de base concernant l’envoi de photos intimes (nudes) » (p. 285) ;

Dès 12 ans : « Le consentement dans les relations sexuelles de nature transactionnelle » (p. 197).

Or, s’agissant de mineurs de moins de 16 ans, ces extraits entrent en contradiction avec le droit pénal. Par ailleurs, l’EVRAS contrevient au principe de neutralité de l’enseignement consacré par l’article 24 de la Constitution. « La neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves ». 

Une autodétermination pernicieuse

Une pseudo « autodétermination » de l’enfant s’avère être la clé de voûte soutenant la rédaction du guide. Littéralement, cela signifie que, de facto, l’enfant saurait, mieux que personne, ce qui est « bon pour lui », sans considération aucune des étapes progressives de son développement naturel. Bémol ! Si le genre est de la gestion de chacun, et donc de la sphère privée, il n’appartient pas à l’école ! Ce positionnement conduit, en outre, à un risque de « diagnostics » de dysphorie du genre pervers. Combien de jeunes transitionnent précocement pour avoir été très mal accompagnés, quand ils ne se suicident pas ! Parmi ces adolescents, on se rend compte que bien souvent, un mal-être « non sexuel » était la cause, comme l’anorexie, la boulimie ou des faits de violence. Que peut-on décider lorsque l’on a 16 ans et que l’on est dans une situation de souffrance psychologique ?

Un arbitraire toxique

Le fait que les animations soient données sans la présence du professeur ordinaire et que le guide ne constitue qu’une « balise » pose aussi question. Comment peut-on former des élèves à l’éducation affective et sexuelle en excluant l’ensemble des paramètres qui construisent la personnalité d’un adulte, animateur ou enseignant ? Comment empêcher l’interaction subjective entre les informations qu’il est censé transmettre et ses propres représentations/convictions/pratiques sociales et sexuelles ? Avec quel dénominateur commun devant 25 élèves rassemblant 25 valeurs familiales différentes ? En outre, l’obligation pour les élèves de 6ème primaire et de 4ème secondaire d’assister à l’animation sans la moindre possibilité de dispense (article 23, §3 de l’accord de coopération) viole le droit des parents à l’instruction, spécifiquement inscrit à l’article 2 du Protocole n°1 de la Convention européenne des droits de l’homme. 

Des préoccupations non-hétéronormatives

De l’avis de pédopsychiatres, en ouvrant le champ des pratiques sexuelles à des âges précoces, le guide EVRAS amène des préoccupations inutiles, troublantes voire traumatiques chez les enfants. Enfin, le guide se veut « inclusif » et « non-hétéronormatif ». Il refuse de considérer le principe d’être hétérosexuel comme étant la norme, allant de soi depuis des millénaires. Pour toutes ces raisons légitimes, les requérants craignent que ces animations portent atteinte à l’intégrité psychique et morale de leurs enfants, en encombrant leur psychisme avec un référentiel sexuel adulte qui n’appartient pas à l’univers de l’enfance et en les invitants à se départir de la réalité scientifique. Le positionnement est clairement idéologique. Le politique joue de manière pernicieuse sur une immaturité cognitive. Ce n’est pas du progressisme !