Le 1er Président de la Cour de cassation proteste de l’innocence des Magistrats

La situation paraît surréaliste ; elle est toutefois véridique. Au Congo, ce sont les magistrats qui veulent jouir eux-mêmes de la présomption d’innocence. La Justice y est archi-corrompue, ce n’est un secret pour personne. Alors, ce petit monde, soucieux de respectabilité, ou plutôt imbu de son statut, vit mal d’être aujourd’hui complètement discrédité au regard de tous.

« Nous avons besoin d’être couverts par la présomption d’innocence face aux discours populistes qui nous vilipendent à longueur de journée » ; dixit le Premier Président de la Cour de Cassation, Élie-Léon Ndomba Kabeya. À qui la faute, selon lui ? L’on vous le donne en mille : aux réseaux sociaux. Trop de température ? C’est à cause du thermomètre. Esquive classique, et si ridicule, tant elle est éculée. Alors, voici encore ces fichus populistes que l’on fustige, discours calqué sur la pire prose européenne. Face à lui, le nouveau ministre de la Justice, Constant Mutamba, issu de l’Université de Liège, regardait en souriant l’orateur maladroit, à deux doigts d’éclater de rire car il y avait de quoi ; l’humour principautaire sans doute. 

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La scène s’est déroulée lors de l’audience solennelle de la rentrée judiciaire 2024-2025, ce mois-ci, en présence du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, dont l’on imagine la perplexité au sujet de ce message émanant du microcosme qu’il est d’usage de désigner par le terme « Justice », avec un J majuscule. Or, l’institution, comme ses membres, est complètement vérolée. Les moins corrompus s’imaginent qu’ils ne le sont pas sous prétexte qu’ils ne se font rémunérer que par les justiciables qui ont raison. Les pires considèrent qu’ont raison les justiciables qui les rémunèrent. Au sein d’un système judiciaire digne de ce nom, il est exclu qu’un magistrat reçoive une rétribution d’un justiciable ; que ce dernier ait raison ou non. 

En réalité, au motif de cette pratique par laquelle quiconque fait appel à la Justice congolaise finit littéralement racketté, juges et procureurs ont tous leur place, ou du moins la plupart, à Makala ou en d’autres prisons du chef d’extorsion de fonds ou de divers avantages obtenus. Des gangsters ! Oui, Fatshi, il est loin le jour où ce microcosme nuisible aura été métamorphosé, à moins d’organiser d’urgence une purge drastique. Actuellement, ce sont les magistrats qui veulent la peau du ministre de la Justice à qui ils reprochent, précisément, de tenter d’assainir le milieu. Lorsque ces rapaces visent le discours populiste, ils mènent une action subversive afin de contrecarrer les initiatives salutaires du ministre de la Justice.

La réponse du berger à la bergère…

Mutamba n’a pas manqué d’y répondre : « Ceux qui dénoncent le discours populiste ne précisent pas quelle loi le ministre a violée. Ce sont plutôt eux qui doivent respecter la loi. ». Et à part ces magistrats, qui lui donnera tort ?
Au sein du milieu, les justiciables sont désignés comme une source de profit :
« bilanga na ngai » (les champs de récolte, en lingala). Quant au Palais de Justice de Kinshasa, les avocats l’ont surnommé Gécamines (ex-Union minière) ; faut-il un dessin pour traduire l’idée sous-jacente ? Néanmoins, toute honte bue, ce microcosme se plaint d’être stigmatisé sur les réseaux sociaux. Parfois, des sanctions sont prononcées, histoire de donner le change, sans que l’on sache ce que les condamnés ont pu faire de pire que leurs collègues ou confrères. Les Barreaux locaux sont du même tonneau. Les justiciables ont maintenant la possibilité de s’adresser, chaque semaine, au ministre de la Justice pour l’aviser de tout dysfonctionnement judiciaire, et ils obtiennent ainsi les interventions rectificatives nécessaires. Parfois, cela pourrait friser la violation de la séparation des pouvoirs, parfois seulement, mais aux grands maux les grands remèdes. 

Tout vaut mieux que laisser la Justice aux mains de véritables mafieux qui, de surcroît, se piquent de tenir le haut du pavé au détriment des Congolais, des expats et des entreprises. Le pourrissement de la Justice, c’est la pire violation de la Constitution. Courage, Fatshi, laisse Mutamba nettoyer les écuries d’Augias !