Cent millions d’habitants. Vingt-huit millions d’utilisateurs d’Internet. Cinquante-trois millions de connexions mobiles actives. Le réseau numérique congolais est plus dense que le réseau routier !
Manifestement, l’e-commerce a davantage de potentiel de développement que le commerce tout court. Pourquoi ? Parce que l’action se situe au sein du secteur privé. Les investisseurs peuvent agir dès maintenant, pas besoin d’attendre que le pouvoir politique et les corps administratifs dotent le pays d’infrastructures de transports aériens, fluviaux, ferroviaires, etc. Pas besoin non plus d’espérer un jour lointain l’amélioration des formations du personnel local, car Internet ouvre la voie à des collaborations internationales (Et pourquoi pas en Belgique ou de Belgique ?). Bref, l’individu entreprenant est libre et il a accès à tous les centres urbains au pays, pas seulement son lieu d’établissement. Sans surprise, ce secteur est le plus dynamique de l’économie congolaise. En termes de nombre de consommateurs, c’est grosso modo trois fois le royaume au stade actuel, outre une perspective colossale de progression, quoique de pouvoir d’achat moindre. De surcroît, une position stratégique capitale : au centre de l’Afrique. En face, l’horizon invite à l’action.
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Les produits vendus caractérisent le marché actuel : dans l’ordre, produits industriels et professionnels (16,67 %), vêtements (11,33 %), viennent ensuite les ordinateurs (8%). En second rang, les produits agricoles et l’artisanat. Cela pourrait paraître paradoxal en un pays sous-alimenté où la portion alimentaire quotidienne est inférieure à un euro. Mais ce ne l’est pas. L’explication, c’est que ce sont des populations différentes : celles qui progressent se distinguent graduellement des plus pauvres qui, eux, le deviennent de plus en plus. La 4G pour les uns, et l’on annonce déjà la 5G sur l’autre rive du fleuve Congo, à Brazzaville, tandis que les autres s’enlisent dans la sous-alimentation, les déplacements et la guerre.
La téléphonie mobile offre une pénétration profonde du marché. Naturellement, les principaux réseaux sociaux sont WhatsApp et Facebook ; toutefois, ceux-ci ne touchent que 6% de la population. Cependant, le rêve numérique ne se conçoit pas pleinement en-dehors des contingences matérielles. Pour tous les produits ne pouvant pas être dématérialisés, les livraisons en zones rurales restent compliquées. En revanche, les payements sont facilités car leur informatisation est aisée. Grâce à cela, les petits opérateurs et les consommateurs modestes bénéficient de circuits financiers. Autrement, ils n’ont pas accès aux banques classiques.
Un plus pour les micro-commerces à l’intérieur du pays. Donc, autant de petites zones de progression économique et sociale. Aujourd’hui, sans cette évolution, moins de 10% de la population est cliente de banque.
Autre caractéristique du marché numérique actuel, son développement a deux prolongements : les casinos en ligne et autres jeux de hasard ainsi que les vidéos et la chanson. Fally Ipupa (le mignon de Macron, à moins que ce soit l’inverse, tous deux s’étant illustrés ensemble en un état second en soirée à Kinshasa) est lui-même un artiste en son genre dont le succès a été démultiplié grâce à l’économie numérique via YouTube surtout. L’esprit chagrin déplorera que cela ne vole pas plus haut. Ce serait oublier que tout Peuple vit d’abord d’espérance et d’émotion. L’essentiel est que l’économie numérique ouvre la voie à une élite privée qui, affranchie du carcan des structures publiques contreproductives, va d’elle-même lancer son propre essor. À l’instar des explorateurs repoussant courageusement l’horizon, les entrepreneurs du numérique mèneront le Congo en direction de son futur. Ils en assureront la grandeur glorifiée par l’hymne national écrit par le prêtre catholique Simon-Pierre Boka, DEBOUT CONGOLAIS !