C’est assez rare dans nos annales judiciaires que pour le souligner. Les 3 et 4 octobre prochains, le tribunal correctionnel de Bruxelles aura à juger des ressortissants palestiniens poursuivis pour avoir utilisé un mécanisme de paiement parallèle, dans le but de financer le terrorisme à coup de millions d’euros. Ledit « hawala » aurait alimenté des actions armées en Palestine. Comment le système tentaculaire lave-t-il plus blanc que blanc ? Tout se fait avec discrétion, rapidité, coûts limités et aucune bureaucratie. 

Aux origines…

C’est un peu l’ancêtre de la lettre de change, une sorte de mandat à payer. Le principe de base de l’hawala (NDLR : Hawala est un mot persan, mais dérivé de la racine arabe « ḥâ - wâw - lâm » qui signifie « changer ») est de faire circuler de l’argent dans le monde, sans transactions bancaires formelles. Les vols et les pillages étant fréquents, les marchands de la Route de la soie confiaient à l’époque des sommes d’argent à une personne de confiance (Hawaladars) en échange d’un simple papier avec lequel ils circulaient. Les pirates sévissant sur les routes maritimes avaient donc moins de richesses à braquer et les marchands pouvaient retirer leur patrimoine en nature en présentant leur document à valoir dans leur ville de destination. Son utilisation s’est ainsi répandue dans le golfe Persique, la Corne de l’Afrique, l’Asie du Sud et le monde oriental en général.

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Le rôle biaisé des migrants

L’accroissement des migrations a changé la donne. Le système bascule dans l’illégalité. Il n’est plus utilisé pour régler une dette, mais pour transférer des fonds par l’intermédiaire d’agents. Les commissions des Hawaladars étant moins élevées qu’un Western Union, les immigrés utilisent aujourd’hui à foison ce système pour rapatrier une partie de leur revenu vers leurs pays d’origine. Garantie de solvabilité, le business florissant est aussi utilisé sur le chemin de l’exil par les passeurs. Basé sur l’opacité des nombreux flux qu’il génère, échappant à la règlementation financière, ce système est aussi très prisé par les réseaux criminels. Ce pourquoi, interdit dans de nombreux pays de la zone euro - dont La Belgique et la France - la machine à cash est devenu la bête noire des autorités dans la lutte contre le blanchiment d’argent, le trafic de drogue et le financement du terrorisme.

La blanchisseuse idéale

Cet argent, qui soutient l’internationale de la terreur, s’évalue à des milliards de dollars annuels. C’est ce qui nous ramène à notre dossier bruxellois. Six ressortissants palestiniens sont prévenus d’avoir, entre 2017 et 2024, participé à une organisation criminelle, et aussi, pour quatre d’entre eux, de participation à une organisation terroriste. Le nombre et le montant total des transactions sont inconnus, mais le cumul des milliers de transferts constatés par le parquet fédéral pour les seules années 2021 et 2022 dépasse les centaines de millions d’euros. Ainsi, sont apparues des transactions en France, Italie, Irlande, Allemagne, Syrie, Palestine, Koweït, Canada, Qatar, Turquie et Malaisie. 

Le principal suspect dans cette affaire, Husam A. (30 ans), apparaît comme le responsable en Belgique d’un réseau intitulé « Les commerçants de la grande Europe » sur WhatsApp. L’exploitation de son iPhone par la police judiciaire a permis de repérer plus de 6.000 chats et plus de 2,4 millions de messages écrits ou audio en langue arabe. Il y est notamment question de transferts d’argent accompagnés d’images d’armes à feu. 

Un lien avec le pogrom du 7 octobre ?

Mais c’est l’aspect terroriste de l’affaire qui a principalement interpellé les enquêteurs du fait de plusieurs éléments troublants. Husam A., dit « Abou Adam », domicilié à Saint-Josse-ten-Noode, est né à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Dans le portable de l’un des prévenus, la police a découvert plusieurs photos avec en légende : « on se prépare à une attaque contre Israël ». Des conversations entre Husam A. et un certain Nader S., dit « Abou Darwich », un barbu surnommé par son interlocuteur « le roi des explosifs », ont été interceptées avec ce commentaire : « c’est avec cette coiffure que je descendrai à Gaza. Militaire complètement prêt ! ». Du rapport d’enquête, il apparaît aussi qu’un troisième comparse, Bahaa S., domicilié quant à lui Schaerbeek, est un ancien membre du Hamas à Gaza. Enfin, un échange entre le principal suspect et un autre prévenu, Mahmoud M., a attiré l’attention de la justice. Ce dernier lui a envoyé des photos prises de proches en train de tirer à l’arme de guerre, à Jénine, en Cisjordanie. « Ils sont en train de se préparer pour la guerre à venir », écrit-il le 14 septembre 2023, soit trois semaines à peine avant l’attaque perpétrée par le Hamas. Tout converge donc vers la préparation. Il appartiendra au tribunal d’en juger.

Si ce procès, par sa rareté, est très attendu, plusieurs questions fondamentales se posent : comment des individus aux activités suspectes peuvent-ils être domiciliés en Belgique, y circuler librement et faire leur vil « commerce » en toute impunité ? Comment le chef européen autoproclamé du Hamas, Majed Al-Zeer, peut-il avoir un bureau rond-point Schuman, en face des institutions européennes sous le couvert de l’EUPAC (European Palestinian Council for Political Relations) ? Présence qui a d’ailleurs fait l’objet d’une question écrite à la Chambre du député Michael Freilich (N-VA) en janvier dernier. Mystère… 

Quand l’intérêt des urnes prime

En 2023, 35.507 personnes ont introduit une demande de protection internationale à l’Office des étrangers, dont 3.249 Palestiniens, ce qui représente le plus grand nombre de demandes de protection internationale par des Palestiniens dans l’UE, surpassant des pays comme la Grèce, alors que pour certains, la demande d’asile a déjà été acceptée dans d’autres pays européens. Pourquoi ? Pour faire leur petit lobbying auprès de l’UE et parce que la Belgique est la plaque tournante du terrorisme en Europe ! Pourquoi ne fait-on pas le lien entre les Frères Musulmans, installés depuis plus de 40 ans dans notre pays, et le Hamas ? Pourquoi tant de laxisme politique ? La réponse est simple si elle n’en était pas dramatique. Parce que certains partis capitalisent sur le vote musulman, quand des Fréristes ne sont pas carrément mis sur les listes électorales. A vot’ bon vote !