Northvolt AB, le fleuron suédois de la production de batteries pour véhicules électriques, vient de déposer le bilan. Elle a cru à la doctrine verte de la Commission européenne. Or la transition énergétique ne se déroule pas du tout comme l’avait annoncé l’Union européenne. Bien que les ventes de véhicules électriques continuent de croître globalement, leur progression a ralenti en 2024. Parallèlement, l’importation massive de véhicules électriques chinois soulève des inquiétudes quant à la compétitivité de l’industrie automobile européenne. Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que Northvolt soit en sérieuses difficultés.
Alors que la nouvelle est plus qu’alarmante, la presse traditionnelle minimise l’information et continue à nous abreuver des médiocres turpitudes de notre politique. Pendant que nous nous chamaillons pour la formation de nos gouvernements dans un climat budgétaire qui n’inquiète visiblement que très peu nos élites rouges et vertes, le dogmatisme forcené d’une Commission européenne à l’écologisme suicidaire creuse petit à petit notre tombe…
Nécrologie d’une mort annoncée : gros sous et faillite imminente ?
La Commission européenne avait autorisé l’Allemagne à lui accorder une subvention directe de 700 millions d’euros et une garantie de l’État de 202 millions d’euros. Cette entreprise suédoise est en sérieuse difficulté, son PDG venant de démissionner. En septembre 2023, Northvolt a pris une décision drastique en annonçant la suppression de 1600 emplois. Cette mesure s’accompagnait de la suspension de nouveaux projets, signalant déjà des difficultés financières importantes. La situation s’est encore aggravée début novembre, lorsque plusieurs créanciers ont saisi les autorités suédoises pour des impayés de Northvolt. Le montant total de ces dettes non réglées s’élevait à 41 millions d’euros, révélant l’ampleur de la crise financière à laquelle l’entreprise était confrontée. Le Financial Times rapporte que la direction avait envisagé une faillite totale avec liquidation d’actifs, conformément au chapitre 7 de la loi américaine, mais cette option a finalement été écartée.
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Elle vient de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Cette décision vise à restructurer sa dette et à ajuster ses opérations. Cette décision devrait permettre à Northvolt d’accéder à un financement de 145 millions de dollars garantis sur ses actifs, ainsi qu’à un financement client supplémentaire de 100 millions de dollars. Le choix d’une juridiction américaine est le signe aussi d’un manque de confiance dans les procédures européennes de restructuration, ce qui est potentiellement embarrassant pour l’UE.
L’abandon des solutions pratiques et concurrentielles
Le 16 février 2016 - juste après l’adoption de l’accord de Paris -, la Commission européenne avait publié une communication sur une stratégie européenne pour le gaz naturel liquéfié (GNL) dans laquelle on développait son utilisation comme carburant alternatif dans les transports. Le projet LNG Blue Corridors de la Commission européenne démontrait la faisabilité avec succès de l’utilisation GNL comme carburant ; une centaine de poids lourds ont parcouru un total de 31,5 millions de kilomètres. Le marché mondial du GNL comme carburant pour les véhicules connaît une croissance significative, avec un taux de croissance annuel composé projeté de plus de 8 % d’ici 2027, porté notamment par la Chine où les ventes de camions au GNL ont atteint 152 000 unités. L’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas sont les leaders européens dans le développement de camions circulant au GNL. Il s’agit d’activités commerciales sans intervention de la politique, car malheureusement, la nouvelle Commission a ordonné d’abandonner purement et simplement le GNL au profit des véhicules électriques à batterie. Elle a voulu créer un « Airbus des batteries » en injectant des milliards d’euros de subventions dans ce secteur.
L’obligation de mettre fin à la vente des véhicules thermiques en 2035 n’a été véritablement contestée que par le gouvernement de Giorgia Meloni. Les Allemands, quant à eux, ont d’abord suivi l’Italie avant de se rallier à la Commission. C’est Frans Timmermans qui a convaincu l’Allemagne que les carburants de synthèse — que certains appellent molécules vertes — allaient sauver l’industrie automobile allemande. Quelle ineptie ! Ces carburants n’existent pas et n’existeront probablement jamais à un coût compétitif par rapport à toutes les autres options énergétiques.
Pire encore, l’Allemagne fait face à un manque cruel de capacité électrique. Au début de ce mois, l’approvisionnement en électricité allemand a atteint ses limites. Dans la soirée du 6 novembre, le prix de l’électricité a augmenté extrêmement vite jusqu’à plus de 800 euros par mégawattheure, soit environ dix fois plus cher que d’habitude. L’Allemagne néglige depuis des années sa capacité d’alimentation électrique pilotable. Il est urgent qu’elle se ressaisisse, car il sera impossible de développer l’utilisation de véhicules électriques et l’IA dans ces conditions. Elle se voit contrainte d’importer de l’électricité de France, produite notamment par la centrale électrique d’Émile Huchet en Lorraine, qui fonctionne au charbon. Quelle ironie pour un pays qui prétend être à l’avant-garde de la transition énergétique !
Il est important de préciser que ce n’est pas le véhicule électrique en soi qui est en cause, mais plutôt la politique d’imposition et d’interdiction du gaz naturel comme carburant automobile. Le gaz naturel aurait pu offrir une solution de transition plus réaliste et moins coûteuse, tout en permettant une réduction significative des émissions de CO2.
Abandonner l’illusion du Green Deal
La stratégie européenne en matière de mobilité électrique est erronée. Elle repose sur des hypothèses technologiques et économiques, idéologiques qui ne se sont pas concrétisées. Elle néglige les réalités du marché et les préférences des consommateurs. L’infrastructure de recharge est loin d’être en place.
La faillite de Northvolt devrait servir de signal d’alarme pour les décideurs européens. Ils devraient cesser d’imposer des choix technologiques. Il faut laisser le marché décider et nul doute que l’utilisation du gaz naturel, s’imposerait au moins pour le fret routier. L’UE ne peut pas se permettre de sacrifier son industrie automobile sur l’autel d’une vision idéologique de l’électrification. Comme l’ont demandé certains députés européens, c’est tout le Pacte vert qui doit être abandonné. Je l’ai toujours dit, l’énergie est trop importante pour être laissée aux mains des idéologues qui prétendent décider à la place des marchés et des ingénieurs (voir mon livre pour la démonstration).