Le rapport d’impact que vient de publier la Commission européenne pour encore accélérer la décarbonation — what else ? — repose entier sur une erreur de raisonnement.

En effet, ce rapport, qui fera date — mais pas pour les motifs espérés par ses auteurs — compare les coûts de la décarbonation européenne avec les bénéfices de la décarbonation mondiale. Ce qui revient à comparer des pommes et des poires.

Je m’explique. Les courageux extrémistes anonymes qui ont officié à la rédaction de ce rapport, sous la gouverne de la Weltanschauung (vision du monde) allemande, des ONG écologistes et des créatures fanatisées laissées sur place par l’ex-Commissaire Frans Timmermans, nous expliquent que les coûts de la décarbonation totale à marche forcée en Europe seront, bien sûr, exorbitants. Mais que ces coûts même exorbitants seront inférieurs aux dommages que causerait en Europe le réchauffement climatique ‘si rien n’est fait’.

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L’extrémisme européen

Rappelons que le climat est une affaire mondiale. L’Europe pèse 9% des émissions mondiales de CO2 (gaz à effet de serre). Si même l’Europe cessait d’exister, cela ne changerait rien à la croissance mondiale des émissions de CO2. Ainsi que l’a montré la récente COP28 — 90.000 fonctionnaires au soleil, tous frais payés, pour rien — le monde n’a en rien l’intention de suivre l’Europe sur le chemin du suicide. Chine, Inde, Russie, BRICS, Moyen-Orient brûlent et brûleront toutes les énergies fossiles qu’on parviendra jamais à tirer de sol de notre belle Terre. C’est un fait — du reste expressément revendiqué par les organisateurs de la COP28.

Par conséquent, les bénéfices de la décarbonation annoncés par les extrémistes de la Commission n’adviendront pas. Car le masterplan de la Commission n’aura aucun effet sur le climat : aucun, zéro, rien du tout.

Donc les joyeux citoyens européens devront payer 1/ le prix exorbitant de la décarbonation totale et les conséquences du réchauffement. Tandis que le reste du monde payera seulement les conséquences du réchauffement. Cela sent la combinaison gagnante.

Un ramassis d’erreurs…

Ce n’est pas tout. Le rapport d’impact de la Commission — 600 pages de tartinage en forme de mélasse pseudo-savante — est criblé d’erreurs.

1. Dans son communiqué du 6 février 2024 annonçant la « décarbonation totale », la Commission européenne stipule : ‘L’analyse d’impact de la Commission conclut que, même selon des estimations prudentes, une augmentation du réchauffement climatique due à l’inaction pourrait faire baisser le PIB de l’UE d’environ 7 % d’ici la fin du siècle.’ 

2. Dans le rapport d’impact qui précède le communiqué, la Commission écrit : ‘On estime que les dommages causés par le climat pourraient coûter jusqu’à 1 % par an au PIB de l’UE dès les prochaines années.’ Problème :
 1% de PIB perdu par an, cela n’aboutit pas à 7% en 2100. Une broutille !
Soit le communiqué est faux, soit le rapport est faux ; mais deux réalités contradictoires ne peuvent être vraies en même temps (Aristote).

3. Ce n’est pas fini. Dans l’annexe 8 du même rapport d’impact, la Commission ne prend pas la peine de rappeler ce que disait le cinquième rapport du GIEC (AR5), qui se montrait quant à lui volubile et précis sur cette question du coût du réchauffement. Réparons cette carence : selon le cinquième rapport du GIEC AR5, chapitre 10: ‘Pour la plupart des secteurs économiques, l’impact du changement climatique sera faible par rapport à l’impact d’autres facteurs... Les changements dans la population, l’âge, le revenu, la technologie, les prix relatifs... et de nombreux autres aspects du développement socio-économique auront un impact sur l’offre et la demande de biens et services économiques qui sera plus important que l’impact du changement climatique.’  

Plus précisément, l’AR5 estime qu’un réchauffement de trois degrés (le double de l’objectif inférieur de l’Accord de Paris) causerait une perte de maximum 3% du PIB à l’horizon 2100. Moitié moins que les 7% avancés par la Commission… Alors que l’Europe de l’avis scientifique général pâtira moins du réchauffement que d’autres régions du monde (donc la perte de PIB en Europe devrait être inférieure à la moyenne mondiale).

4. Parachevant cette admirable fresque scientifique et arithmétique qui fera date, la Commission termine sa puissante analyse macroéconomique en citant une étude (un seul article) qui estime le coût d’un réchauffement de 3 degrés à 10-12% du PIB à l’horizon 2100, soit près du quadruple de l’estimation du GIEC pour le même réchauffement (trois degrés). La science économique, les modèles macroéconomiques, l’économétrie auraient-ils connu dans l’intervalle des métamorphoses coperniciennes ? Car on ne parle pas ici de science du climat, mais de l’estimation de l’impact économique du même réchauffement à dix ans d’intervalle (2014 et 2024). De deux choses l’une : soit le GIEC invente n’importe quoi, soit l’étude citée par la Commission raconte des fadaises.

Conclusion

La Commission européenne prétend engager l’avenir collectif européen dans une décarbonation totale sur la foi de bouffonneries arithmétiques qui feraient rougir un enfant appliqué de primaire.  

Il est temps de se révolter. Aucun parti qui se reconnaît peu ou prou dans ce document scélérat, fanatique et surtout faux ne mérite votre suffrage en juin.