Le 12 décembre 2023, la Communauté française a été citée à comparaître devant le Tribunal de 1ère Instance de Bruxelles. C’est un gros vent ! Personne ne s’est présenté à l’audience d’introduction. Doit-on s’en étonner ?
En septembre dernier, l’instauration du projet d’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) pour les élèves de sixième primaire et de quatrième secondaire des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles a suscité une levée de bouclier sur les réseaux sociaux et plusieurs manifestations citoyennes. Mais, Caroline Désir (PS) en a-t-elle eu cure ?
Non ! Au lieu de renvoyer les activistes wokistes, qui ont pondu cette abomination à leur copie, elle a validé leur texte. Mieux, elle a fait passer en douce le Guide, sans donner l’opportunité aux principaux intéressés et à leurs représentants légaux d’un vrai débat démocratique. Le kidnapping est clairement politique ! Le décret a été adopté sans voix discordantes, ou presque, le 7 septembre dernier. C’est une exclusivité PAN. Un recours vient d’être introduit par des parents d’élèves scolarisés dans les écoles de la Communauté française. Rassurez-vous, ils ne sont pas complotistes. Ils s’inquiètent, à juste titre, du bien-être de leurs enfants dans la mesure où des spécialistes en psychiatrie infanto-juvénile confirment la toxicité des ateliers EVRAS pour la santé mentale des enfants et des adolescents !
C’est acté ! Tous les élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles recevront un éveil à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Ce programme qui bénéficie d’un budget annuel de 4,8 millions d’euros - on pourrait le distribuer plus efficacement dans l’aide à l’enfance - provoque l’ire des parents, dépouillés de leur rôle éducatif, mais aussi de plusieurs enseignants et organisations et pas que des « catholiques », des « musulmans » et/ou des « conservateurs » qui « attisent des craintes », comme le prétend la ministre de l’ Éducation, Caroline Désir. Effacement du sexe au profit du genre, banalisation de la transidentité, la sexualité devient endoctrinement scolaire ! Des questions qui n’ont pas lieu d’être et qui favorisent une hypersexualisation précoce, en ce compris vers une transition, sont abordées à l’école. Le positionnement est clairement idéologique. Ce n’est pas du progressisme !
Instrumentaliser le trouble
Ce qui a semé le trouble, il est vrai, ce n’est pas le Guide, mais les Fake News qui ont pollué le débat à l’avantage de la ministre, renvoyant le débat dans les cordes. Les mobilisations légitimes ont été instrumentalisées. Le politique ne s’est pas positionné, tous partis confondus. Mais, il est vrai que le communautarisme fait loi à l’approche des élections. Or, la question essentielle de l’éducation sexuelle ne peut se réduire à une question d’obédience religieuse. Un outil méthodologique ne peut être réduit à une campagne politique de désinformation. De l’avis de nombreux experts, 60% de l’EVRAS est utile pour protéger nos jeunes du harcèlement et des violences plurielles, mais 40% est toxique. La ministre Caroline Désir a pêché par inculture en n’écoutant ni les acteurs de terrain, ni les parents. C’est ce qui se passe lorsque l’on veut faire passer un geste « fort » durant son mandat, sans prendre en considération les effets délétères d’une décision légère qui ne protège pas les enfants. Où est le principe de précaution ? Et on parle de socle « commun » ? Sérieux ? Lequel ? On donne un blanc-seing aux partisans de la théorie du genre et de la déconstruction.
Une toxicité avérée
« EVRAS 2023 est susceptible de nuire aux enfants. Protégeons nos enfants qui, dès 5 ans, se verront bientôt éduqués dans les balises du nouveau guide Evras », c’est ce qui ressort d’une tribune publiée dans La Libre le 13 décembre dernier. La lettre ouverte, adressée aux parents et à Caroline Désir, est signée par des professionnels de l’enfance, pédopsychiatres et sexothérapeutes.
« Se sentir libre d’envoyer des sextos et/ou des nudes dans le consentement »,
ce n’est pas normal à 9 ans, ni à 5 d’ailleurs ! « Se questionner sur son identité de genre », non plus. Pourquoi devons-nous encombrer le psychisme de l’enfant avec un référentiel sexuel adulte qui n’appartient pas à l’univers de l’enfance. EVRAS amène des préoccupations inutiles, troublantes voire traumatiques chez les enfants. De l’avis des pédopsychiatres, le recours, à des âges précoces à des pratiques sexuelles douteuses, libertaires et centrées sur les plaisirs hors relations n’est pas utile en explications. Le Guide EVRAS se veut « inclusif » et « non-hétéronormatif ». Aaah oui ? Il refuse de considérer le principe d’être hétérosexuel comme étant la norme, allant de soi, depuis des millénaires.
L’autodétermination de l’enfant s’avère être une des clés de voûte soutenant la rédaction de ce guide. Littéralement, cela signifie que, ipso facto, l’enfant saurait, mieux que personne, ce qui est bon pour lui, sans considération aucune des étapes sereine et progressives de son développement naturel. « Force est de constater qu’entre autres choses, ce module éducatif supprime la période dite de latence : à savoir cette période bien connue du développement de l’enfant, essentiellement axée sur la construction de sa socialisation et d’une compréhension plus large du monde », précisent des spécialistes dans une pétition lancé le 24 mai dernier. Et c’est oublier surtout que ce qui est du genre est de la gestion de chacun, et donc de la sphère privée, exclusivement. Mon genre n’appartient pas à l’école ! Ce positionnement libertaire conduit, en outre, à une dysphorie du genre dangereuse. Combien d’ados « détransitionnent » précocement aujourd’hui pour avoir été très mal accompagnés, quand ils ne se suicident pas ! Le politique joue, sans s’en soucier, de manière pernicieuse, sur une immaturité cognitive. C’est purement honteux.
Une citation, sans réaction
Ce Guide n’a, partant, aucune valeur réglementaire et les requérants s’en défendront en temps et en heure. Plusieurs moyens, dont nous avons pris connaissance, ont été soulevés par les requérants. Le Guide EVRAS est techniquement anticonstitutionnel à plus d’un titre. Et la ministre Caroline Désir n’a même pas eu le courage, elle ou son représentant, d’être présente à l’audience d’introduction de cette citation en justice. On salue au passage le courage politique ! Bravo, Madame, qui de source sûre, en interne, a reçu la citation sur son bureau et l’a black-listée d’un revers de la main. En espérant que ce dossier vous procure des nuits sereines…
Une conclusion s’impose sur les pratiques d’enseignement : comment peut-on former des élèves à l’éducation affective et sexuelle en excluant l’ensemble des paramètres qui construisent la personnalité d’un adulte, qui plus est enseignant (fût-ce-t-il « formé pour ») ? Comment empêcher l’interaction subjective entre les compétences qu’il est censé enseigner et les représentations/convictions/pratiques sociales et sexuelles qui lui sont singulières ? Entre formation aux composantes biophysiologiques de l’homme et de la femme relevant de connaissances purement scientifiques et éveil psychosociales de l’élève, dans le respect de la réalité familiale et culturelle dans laquelle il vit, où se situe le juste curseur dans la construction du sujet ? Avec quel dénominateur commun devant 25 élèves ? Caroline Désir aurait dû d’abord s’attaquer à l’ensemble de ces questions fondamentales, avant de jeter les bases d’un nouveau conflit ouvert en termes d’éducation. Mais quand une ministre se dirige vers des formulaires « parent 1 » et « parent 2 », plutôt que « papa » et « maman » sur les fiches d’inscription scolaire, on comprend mieux l’échec cuisant du Guide EVRAS.
Affaire à suivre en janvier prochain …