Alors que chez nous, on oubliait la Nativité et qu’on s’envoyait des cartes électroniques avec des lapins et autres illustrations candides, ce Noël 2023 a vu un énième massacre de chrétiens au Nigéria, perpétré par ceux qui n’ont pas oublié le sens de la fête ! Entre le 24 et le 28 décembre, des groupes d’hommes armés ont attaqué 26 villages, tuant entre 160 et 200 chrétiens. Plus de 200 maisons ont été rasées, des églises, des cliniques, des cultures de maïs ont été incendiées et des mains coupées. Dans l’indifférence de l’Europe.

Chrétiens persécutés

Le PAN du 22 février 2022 avait déjà dénoncé les massacres de chrétiens au Nigéria. Cette tuerie de Noël 2023, dans le centre nord du pays, est la pire depuis 2018, lorsque 235 personnes avaient été assassinées. Le père Andrew Dewan, du diocèse de Pankshin, confirme que les victimes sont 100 % chrétiennes, à l’exception de quelques-unes. Les témoins qui rapportent ces événements affirment que c’est à cause de leur religion qu’ils sont persécutés. 

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Comme le Hamas, l’enlèvement et le viol de femmes chrétiennes sont utilisés comme une arme à la fois par les terroristes de Boko Haram et par ces bergers islamiques peuls ou fulanis pour dévaster les victimes, leurs familles et leurs communautés. Onze femmes chrétiennes avaient déjà été attaquées et violées par des extrémistes peuls le 3 octobre. Depuis des années, les communautés agricoles, pour la plupart chrétiennes, subissent les attaques de ces bergers, que les médias préfèrent appeler « bandits » afin de dissimuler la nature religieuse des massacres.

Le moment choisi pour ce dernier carnage et le fait que les chrétiens aient été délibérément pris pour cible dans une communauté mixte où les musulmans ne sont pas attaqués sont les signes d’un conflit religieux. Lors de la fête chrétienne de la Pentecôte 2022, 50 chrétiens ont été tués.

En janvier 2020, le révérend Lawan Andimi, président de l’Association chrétienne du Nigéria dans l’État d’Adamawa, avait été exécuté par les militants de Boko Haram après avoir été enlevé. Dans leur cynisme, ils ont téléphoné à son épouse pour lui annoncer qu’il allait être décapité. Il a laissé une veuve et 9 enfants. Portes Ouvertes, l’ONG internationale qui défend les chrétiens persécutés, classe le Nigéria au 6e rang de sa liste de surveillance mondiale des pays où il est le plus difficile d’être chrétien. En 2022, elle a dénombré 5 014 chrétiens tués parce qu’ils le sont. De plus, 18 000 églises et 2 200 écoles chrétiennes ont été incendiées. Dans l’indifférence de l’UE.

Mais il ne faut pas le dire…

Dans un reportage du 27 décembre, TV5 Monde n’a pas utilisé le mot « chrétien », simplement « communauté ». Dans ses explications, elle fait référence au changement climatique, qui oblige les éleveurs à se déplacer sur les terres occupées par les agriculteurs. Ils admettent cependant que selon le gouverneur Mutfwang, le conflit se situe entre les éleveurs et les agriculteurs, autrement dit entre les musulmans et les chrétiens.

La RTBF dans un article sur cette boucherie ne mentionne pas le mot « chrétien » et évoque vaguement des « tensions religieuses et ethniques ». C’est déplorable, la manipulation est si grossière. Est-il possible que la RTBF ne sache pas que le Nigéria soit l’épicentre mondial des persécutions de chrétiens ?

Qui est coupable ? Le changement climatique ou l’état ?

L’AFP, et par la suite tous les médias qui répercutent ses informations, affirme que la responsabilité de ces attaques est souvent liée à des questions telles que le changement climatique, l’appartenance ethnique, des raisons socio-économiques ou politiques. La concurrence pour les territoires entre éleveurs nomades et agriculteurs, intensifiée par la croissance démographique et « les pressions climatiques », aurait exacerbé les tensions sociales et déclenché la violence. Même le Vatican utilise l’excuse du changement climatique. Il faut être obsédé par l’idéologie du changement climatique et dénué de tout sens des proportions pour oser insinuer indirectement que ces massacres religieux sont dus au fait que nous conduisons une auto ou que nous prenons l’avion.

Ce conflit djihadiste fait rage dans le nord-est du Nigéria depuis 2009, tuant des dizaines de milliers de personnes et déplaçant environ 2 millions d’autres, les islamistes luttant pour imposer leur religion. Mais l’État nigérian reste impuissant. Les associations chrétiennes dénoncent les dirigeants politiques, la police et l’armée qui permettent aux Peuls de faire de la contrebande d’armes, d’entraîner des mercenaires et de faire régner la terreur. L’évêque Matthew Kukah a appelé le président Bola Tinubu en fonction depuis mai 2023 à prendre des mesures immédiates pour protéger le peuple nigérian, lui disant qu’il n’avait « aucune excuse devant Dieu ou le peuple du Nigéria […], ni Dieu ni l’histoire ne vous pardonneront si vous échouez ». 

Le président prendra-t-il ces menaces religieuses au sérieux si même le Vatican suggère que les Peuls tuent les chrétiens à cause du changement climatique ?