Les élections à peine digérées, on se retrouve face à toutes ces bonnes têtes d’apôtres qui nous rappellent un peu le Muppets Show de notre enfance. Mis à part le budget de 1 milliard d’euros que Kermitouille et Peggy n’ont jamais eu le bonheur de pouvoir claquer, c’est une représentation de haute volée à laquelle nous avons pu assister. Sous le silence approbateur des nouvelles forces du MR et des Engagés, particulièrement discrètes au cours de cette phase de transition.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour apprendre quelle sera la prochaine marotte du toujours bourgmestre Close : la rénovation des 2.500 m2 de l’hôtel Continental, sujet tarte à la crème bien connu de son prédécesseur, alias Mayeur les Jetons de Présence, qui, on se le rappellera, pensait pouvoir y installer les Galeries Lafayette.
Close est plus pragmatique et nous verse une petite larme nostalgique en se rappelant la Maison du Porte-Plume, enseigne présente voici quelques années au rez de ce bâtiment. A l’écouter, les yeux brillants, on l’imagine en train de choisir un nouveau stylo dans son costume de communiant.
Cette petite image d’Epinal justifie, à elle seule, la nouvelle affectation du célèbre Continental : commerces au ras du sol (des pâquerettes, diront certains) et mixité dans les étages. « C’est flou » rétorque le PTB Bauwens qui maudit déjà le prochain changement de majorité mais ne semble pas avoir compris qu’il n’y participerait pas.
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Bonjour Eataly, bye bye Aldi
Et de fait, Bruno Bauwens, tout en s’étonnant qu’Ecolo ne soit plus dans la majorité (techniquement) mais que le parti verdâtre soutienne encore certaines décisions de l’ancienne législature, assure le flot nourri des questions du côté des communistes, notamment sur le coup de barre « tous commerces » qui semble désormais être le cap de la ville. « Et ce sera pire avec la nouvelle majorité » ... toujours la frousse du grand soir commercial chez les Cocos. Et une pique en passant à la nouvelle installation de la chaîne Eataly sur 3.500 mètres carrés de la zone : « Vous avez vu les prix ? » Remarque un peu provinciale sans doute dans ce cénacle maintenant porté vers le centre droit.
Close, dans ses habits de caméléon, manie de nouveaux éléments de langage avec la gourmandise d’un bébé découvrant un nouveau jeu de cubes :
« Monsieur Bauwens, l’importance, c’est le mix. Eataly, tout le monde ne l’a pas : New York, Milan, Paris... Maintenant Bruxelles. Tout le monde ne va pas chez Dierendonck mais c’est important de les avoir rue de Flandre... On ne peut pas interdire certains commerces parce qu’ils ne sont pas accessibles au plus grand nombre. Je suis très heureux que la maroquinerie Delvaux ait toujours des activités dans notre ville, même si en termes de production, c’est moins qu’auparavant mais je le répète, l’important c’est le mix. Et là où nous allons sans doute pouvoir nous rejoindre, Monsieur Bauwens, c’est que je déplore la disparition du magasin Aldi. Mais il s’agit de leur décision. » Grand écart entre Delvaux et Aldi : le chantre légaliste du progressisme est manifestement en forme !
Violences sexuelles et gratuités houblonnières
Pourtant, sans mauvais jeu de mots, tout n’est pas rose à Bruxelles-City. Loin de là. Deux actualités, au hasard, viennent frapper le camarade Close au coin de la réalité. Avec une préoccupante recrudescence des agressions dans le Bois de la Cambre, ce pot au noir dont la méchante voiture (et donc une certaine régulation sociale) a été bannie.
Faits divers nocturnes touchant principalement des jeunes filles (imprudentes dira-t-on) mais que l’on ne peut pas totalement dissocier du dogmatisme qui a prévalu à la création de ce qu’il convient bien d’appeler un nouveau coupe-gorge. La Nature a horreur du vide et lorsque l’on laisse quelques bosquets à l’abandon en milieu urbain, force est de constater qu’il ne faut pas longtemps avant que certains primates ne viennent s’y installer. Le piétonnier en est une autre illustration.
Du côté du Belgian Beer Experience, une entrée gratuite pour « tous les citoyens de la Région » (du 12 au 25 novembre) vient confirmer que le succès n’est guère au rendez-vous de ce colossal investissement. Du gratuit massif après à peine 2 ans d’ouverture, voilà encore une décision bien morose, en deux mots.
Les ortolans de Stalingrad
Comme les petits oiseaux noyés à l’armagnac avant d’être engloutis, pratique désormais interdite pour ce cousin protégé du moineau, les commerçants victime du chantier du Métro 3 viennent de prendre une nouvelle claque. Même si le chantier est bien sûr régional, c’est la ville de Bruxelles qui est à la manœuvre des indemnités là où le PTB parle de chantage, d’immoralité et d’aumône. Les mots sont forts. Mais il faut dire qu’après 48 mois de poussière, la ville tente de leur faire avaler la porte.
Close ne l’entend pas de cette oreille : « De 300 à 450.000 € par commerce, une aumône ? Votre niveau de définition de l’aumône est relativement large, Monsieur Bauwens. On parle d’un budget de 3,5 millions (NDLR : étrange, guère plus de 10 commerces impactés ?) C’est de l’argent public, c’est l’argent du citoyen qui permet d’offrir une solution humaine pour relancer ces commerces, leur offrir une dynamique pour renouveler leur activité. » C’est bien la première fois que le bourgmestre reconnaît que l’argent dépensé vient de la poche du contribuable. Dont acte.
« Ailleurs », mot important qui fait « valise » ...
Du point de vue socialiste, l’exonération de 4 ans de loyer, l’éradication du précompte pour les 3 prochaines années et 36 mois d’indemnités représentent une opportunité pour l’avenir de ces commerces qui vont pouvoir se développer... ailleurs. A cela, les communistes du PTB répondent que l’interdiction explicite d’un recours contre la STIB à l’acceptation de cette indemnisation relève de pratiques plus en vogue dans le sud de l’Italie.
Et surtout, le camarade Bauwens pose la bonne question : « Pourquoi ne rajoutez-vous pas la possibilité de pouvoir revenir après les travaux ? » Parce que, ami vermillon, une fois le chantier achevé et rénové, la gentrification pourra « faire évoluer » le quartier des buveurs de thé. Et c’est bien pour cela que Close ne répond jamais à cette question. Alors qu’il adore le thé... Allez comprendre.
Foster Laffont