Le gouvernement fédéral en gestation va-t-il oser rompre avec les utopies du passé ou bien va-t-il poursuivre la croyance verte pour laquelle les écologistes ont été punis ? Bart De Wever et les autres négociateurs auraient intérêt à se rappeler que les écologistes ont été vertement désavoués en Belgique et à Strasbourg. Par conséquent, ils devraient avoir le courage d’élaborer une politique énergétique de rupture. 

Fierté nucléaire

Ils semblent vouloir le faire dans le domaine de l’énergie nucléaire, qui a fait l’objet de tant d’ostracisme au cours des vingt dernières années. Souvenez-vous, il y a encore quelques mois, Paul Magnette (PS) voulait mettre définitivement fin au nucléaire. La première étape cruciale serait d’abroger, comme le demande l’ancienne ministre de l’Énergie Marie-Christine Marghem (MR) depuis 5 ans, la loi de 2003, qui avait été imposée par le soi-disant
« libéral » Guy Verhofstadt. Ce dernier était en fait un écologiste comme le ministre Deleuze, qui avait obtenu le scalp du nucléaire. Elle était tellement scélérate que même la recherche nucléaire était interdite. Son abrogation lèverait les restrictions sur le fonctionnement des centrales existantes, faciliterait la planification de nouvelles installations et montrerait la volonté du gouvernement de rompre avec le passé.

Impératif : prolonger la durée de vie

Le gouvernement devrait donc prolonger la durée de vie de tous les réacteurs nucléaires de Doel et de Tihange. Ces réacteurs sont essentiels pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Il devrait également promouvoir l’implantation d’une centrale SMR dans le complexe pétrochimique d’Anvers, qui a besoin non seulement d’électricité, mais aussi de chaleur bon marché pour conserver sa position de leader européen. Des partenariats public-privé pourraient être mis en place pour financer les mises à niveau nécessaires et garantir un fonctionnement sûr et efficace pendant de nombreuses années. Il est également impératif d’investir dans les améliorations technologiques visant à renforcer la sécurité et l’efficacité des réacteurs.

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Investir dans la recherche et innovation

Le gouvernement pourrait par ailleurs créer un fond dédié à la recherche et à l’innovation dans le secteur nucléaire, afin de soutenir le développement de nouvelles technologies, telles que les réacteurs de quatrième génération et les SMR. Bien sûr, l’extraordinaire projet MYRRHA, qui a été sauvé grâce aux efforts des ministres MR, doit se poursuivre.

Le gouvernement devrait élaborer une stratégie électrique à long terme dont l’énergie nucléaire serait le pilier central. Cela impliquerait de fixer des objectifs clairs en matière de capacité nucléaire, en tenant compte des besoins énergétiques futurs, car la demande d’électricité est appelée à augmenter. Enfin, après des décennies de lavage de cerveau par les écologistes et les médias qui leur sont associés, le nouveau gouvernement doit s’efforcer de sensibiliser le public et de lui fournir une culture objective de l’énergie nucléaire. Des campagnes d’information transparentes sur les nombreux avantages de l’énergie nucléaire, ainsi que sur la vérité concernant les risques supposés et les mesures de sécurité mises en place sont essentielles pour regagner la confiance du public. Cela exige également un traitement équilibré de l’information sur le nucléaire par la RTBF. Nous ne devons plus avoir honte de l’énergie scientifique - l’électricité du futur - et c’est là le rôle du gouvernement

Nous pouvons être optimistes quant à la détermination du nouveau gouvernement à relancer l’industrie nucléaire. Pour le reste, je suis plutôt pessimiste. 

On nous vend du vent !

L’échec des écologistes est également dû à leur monoculture d’éoliennes, qui a suscité une opposition croissante de la part du public, en raison aussi de leur intrusion visuelle. Pour s’en débarrasser, ils ont tenté de les reléguer en mer, mais cette solution est encore moins économique, malgré un vent continu plus fort. La promesse de production d’électricité en mer nécessite des investissements colossaux, alors que les coûts d’installation, d’entretien et de démantèlement des éoliennes sont souvent sous-estimés. Bien que ce soit une compétence fédérale, le nouveau gouvernement devrait ne pas investir dans ce domaine. On nous vend du vent, car ces projets nécessitent des subventions massives qui pèsent lourdement sur les contribuables et les consommateurs, qui sont tous deux tenus de payer. De plus, les écologistes si prompts à appeler à la protection de l’environnement cachent les conséquences désastreuses pour les écosystèmes marins et les communautés de pêcheurs, car ces éoliennes perturbent les habitats marins et compromettent les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs. Sans subventions massives personne ne construirait un gouffre économique. Le secteur privé, dopé par les subventions, s’empresse de le faire sans se soucier des conséquences sur la macroéconomie du pays.

Heureusement, la Belgique a déjà presque saturé sa zone économique exclusive (ZEE) et ne devrait donc plus être en mesure de gaspiller son argent. Cependant, certains pourraient avoir la mauvaise idée de continuer à gaspiller nos impôts en investissant dans les ZEE voisines par le biais d’accords avec les pays voisins pour développer des projets communs. Une autre solution que les néo-écolos pourraient envisager serait de créer une autre île énergétique, un gouffre financier, sans parler de l’hypothèse démente des éoliennes flottantes (voir PAN du 24 mai 2024).

Un gaspillage éco-socialiste

Mais ce gaspillage de nos impôts - qui serait le comble pour un gouvernement se disant non écologique et non socialiste - devrait encore faire face à l’intermittence et à la variabilité de ce mode de production. On nous ressortira sans doute l’argument du stockage de l’électricité dans des batteries. Ne les croyez pas ! Il n’existe pas pour le réseau électrique. Même au Danemark, où environ 75 % de la production d’électricité est renouvelable, la part d’énergie stockée dans les batteries reste marginale par rapport à la production totale (1 % des 7 000 MW). Cependant, pour équilibrer le réseau, le Danemark peut compter sur la Norvège, que nous n’avons pas, et qui produit 99% de son électricité à partir de l’énergie hydroélectrique, grâce à sa géographie. Cette situation rend l’électricité danoise la plus chère de l’UE. Voulons-nous suivre son exemple ?

Revenir aux règles du marché

Les Belges ont-ils voté pour remettre au pouvoir des décideurs obsédés par l’idée de la transition énergétique, sans tenir compte des implications économiques à long terme ? Ce nouveau gouvernement, s’il prétend croire aux lois du marché, ne doit pas construire un nouveau château de sable éolien, qui conduirait à une nouvelle explosion du prix de l’électricité, déjà beaucoup trop cher, et donc à de nouvelles interventions étatiques. Cette approche « néo-écologique » pourrait conduire à une crise énergétique exacerbée, avec des coûts en hausse.

De plus, le gouvernement en préparation doit éviter de commettre la même erreur que les aspirants énergéticiens : confondre l’électricité avec l’énergie. L’électricité ne représente que 22% de la demande d’énergie.

Qu’a-t-il l’intention de faire pour les 78% restants ? Faire l’autruche ou suivre les écologistes ? Ou rompre avec l’étatisme ? Nous y reviendrons la semaine prochaine.