Il n’y a jamais eu autant d’énergie ni à si bon compte dans le monde, or « l’Europe » est confrontée à la précarité et à la cherté. C’est une honte, s’indigne Samuel Furfari dans Energie, mensonges d’Etat, car elle s’est mise dans cette situation de par son propre fait et les responsables en sont bien connus ! 

Peut-on s’attendre à ce que la voix d’un homme politique s’élève pour clamer que cela suffit et qu’il faut au Parlement, à la Commission et au Conseil européens en revenir à l’idée de base, aux origines des Communautés européennes (au pluriel, car elles furent trois : charbon et acier, énergie atomique et économie) ? Les élections au Parlement européen auront lieu du 6 au 9 juin (à cette dernière date en Belgique et en France). Les citoyens européens auront l’occasion de s’exprimer en conséquence.

« L’énergie, c’est la vie », répète Samuel Furfari à satiété pour que chacun s’imprègne de l’idée que les notions d’énergie et de travail sont les mêmes :sans énergie, nous ne pourrions pas travailler et plus nous sommes, plus nous consommons d’énergie. Encore, rappelle-t-il, car on a parfois tendance à noyer le poisson , faut-il distinguer entre les différents types d’énergie, à commencer par « énergie primaire » (charbon, pétrole, gaz naturel, uranium, renouvelable) et « énergie finale » (électricité, chaleur et transport). L’électricité, si elle a révolutionné la vie de l’humanité, n’en est pas pour autant l’énergie finale la plus utilisée, loin s’en faut, ni, au niveau technologique actuel, la plus propice à satisfaire tous les besoins d’énergie. Elle représente moins d’un quart de l’énergie finale consommée. Et, d’ailleurs, si l’humanité a vécu pendant des millénaires sans la miraculeuse électricité, elle n’eût pas survécu sans l’énergie indispensable à la vie sur Terre : la chaleur.

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Entretenir la confusion, c’est ne parler que d’électricité pour chanter les louanges du renouvelable alors que cette source d’énergie, malgré les tombereaux d’argent public qui y ont été engloutis (plus de 1.000 milliards d’euros pour promouvoir les énergies éolienne et solaire photovoltaïque), compte pour moins de... 3% de la consommation d’énergie primaire dans l’UE-27 (1,4% en France, 1,8% en Belgique, 4,3% en Allemagne). 3%, c’est évidemment « le » chiffre clé tant sur le plan de la politique énergétique que sur celui de la géopolitique. Un problème inhérent aux énergies éolienne et solaire photovoltaïque est que d’évidence le vent ne souffle pas ni le soleil ne brille constamment. Intermittence et variabilité font que le facteur de charge (le pourcentage de temps pendant lequel   l’installation produit l’équivalent de sa puissance nominale) est en moyenne, sur base annuelle, dans l’UE de 23% pour l’éolien terrestre et offshore et de 11% pour le solaire photovoltaïque.

C’est la source d’autres mensonges d’Etat (par omission) et l’explication de la cherté de l’électricité : l’absence de continuité dans la production éolienne et solaire doit être compensée par des centrales électriques classiques. Sans elles, ces sources d’énergie renouvelable n’auraient d’ailleurs pas pu se développer. On paie donc au moins deux fois pour aboutir au même résultat, car c’est sans compter que ça complique la gestion du réseau électrique et entraîne des coûts supplémentaires pour intégrer ces installations dispersées de production d’électricité (éoliennes et champs photovoltaïques) dans le système, le tout principalement à charge du particulier dans la mesure où les grands consommateurs industriels exposés à la concurrence internationale obtiennent des dérogations.

A qui la faute et tout ça pour quoi ? A vrai dire, pour pas grand-chose, car démographie et croissance économique feront que dans le reste du monde les besoins en énergie et par voie de conséquence les émissions de CO2 ne cesseront de croître à un tel rythme que les réductions concomitantes de l’UE resteront dérisoires. Entretemps, obéissant à la politique d’EnergieWende décrétée par l’Allemagne, l’UE a abandonné la doctrine Schuman d’expansion économique et de relèvement du niveau de vie général. Elle a fait de la décarbonation sa priorité absolue et, dans l’illusion que le reste du monde la suivrait dans ses délires, elle s’est engagée, en violation de ses traités, sur la voie de la décroissance.