Il faudrait être « politococologue » de la promotion Lénine pour ne pas reconnaître la victoire de la N-VA aux élections fédérales et régionales du 9 juin et le concours à la ladite victoire de sa présence en Wallonie.
De fait, les quelque 40 000 suffrages qu’elle a récoltés en Wallonie lui ont permis d’être la plus grande famille politique si tant est qu’il y en ait d’autres à part la communiste (PTB-PVDA) et l’écologiste (Ecolo-Groen), car pendant la dernière législature il a tout de même paru évident qu’à la séparation de droit entre PS et Vooruit, MR et Open VLD, CD&V et Les Engagés s’était ensuivi au fil du temps une séparation de fait dûment assumée parmi les socialistes, libéraux et démocrates-chrétiens-humanistes-engagés des deux côtés de la frontière linguistique.
Cependant, et personne n’en parle à coeur ouvert (sauf en aparté) et encore moins les politologues et les responsables d’instituts de sondage qui avaient annoncé un tsunami d’extrême droite en Flandre et d’extrême gauche en Wallonie et se sont donc gourés dans les grandes longueurs, il y a plus. La présence de la N-VA en Wallonie a boosté les propositions orientées plutôt au centre droit du MR et des Engagés et le débat De Wever-Magnette, au cours duquel le président de la N-VA a prononcé et répété en français son slogan « Pour une Wallonie prospère », a mis en lumière toute l’inanité et le caractère dispendieux (15 milliards d’euros!) des recettes anachroniques préconisées par le PS.
Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.
A PARTIR DE 6€/MOISSans engagement.
Abonnez-vousDéjà abonné ? Connectez-vous
Lors du débat, dans lequel, quelles que soient les aversions personnelles que d’aucuns nourrissent à son égard, De Wever a fait figure d’homme d’Etat, parlant posément et sur un ton conciliant, il a plusieurs fois tendu la main au président du PS. Celui-ci s’est empressé d’obstinément la refuser, affirmant de façon péremptoire qu’il ne « perdrait pas une seconde à discuter de confédéralisme ». Le peuple dans son immense sagesse l’a entendu : les résultats des élections permettront à Magnette de retrouver du temps libre. Dans l’interview accordée en français au soir de sa victoire électorale, De Wever lui-même s’est montré sincèrement étonné de ce que la Wallonie eut voté au centre droit.
La présence des listes fédérales de la N-VA en Wallonie, la manière avenante de son président au cours du débat face à une certaine agressivité de la part de Paul Magnette, son insistance sur le fait que confédéralisme ne signifiait pas séparatisme (ce que chacun sait être un « no go » dans le cadre de l’UE) et sa disponibilité quant à occuper le poste de Premier ministre n’ont pas peu contribué à la stature de Bart De Wever en Flandre - où tout le monde n’est pas pour la scission du pays - et à la victoire - à vrai dire inattendue y compris par lui-même - de son parti qui reste le premier parti de Flandre et de Belgique.
Il serait d’ailleurs infiniment dommage que la présence de la N-VA en Wallonie se fût terminée au soir du 9 juin. Il lui appartient de garder un contact suivi avec ses 40 000 électeurs wallons qui ont eu le mérite de l’entendre, en dépit de toutes les avanies dont son arrivée en Wallonie a été entourée de la part des « grands » médias dûment subventionnés de la presse francophone écrite et télévisée, ainsi que d’un certain parti. Si les candidats de la N-VA en Wallonie ont démontré une chose, c’est que le débat démocratique y est complètement cloisonné dans un entre-soi qui en fait la pauvreté et est largement responsable de la situation dans laquelle elle se trouve.
L’essentiel est fait. Toutes les étoiles sont à présent alignées en Flandre (N-VA, Vooruit et CD&V) et en Wallonie (MR et Les Engagés) pour relancer la Belgique sur de nouvelles bases : assainissement des finances publiques et redressement économique. Une première mesure s’impose, celle d’abroger la loi du 31 janvier 2003 sur la sortie du nucléaire. Dès cet instant-là, les Belges sauront qu’ils ont changé de gouvernement et de perspectives. Le plus gros restera à faire. Après des années de mal gouvernance, une coalition fédérale de bonne volonté peut et doit y parvenir. Les Belges lui en ont d’ores et déjà donné le mandat.
PANURGE