Il n’aura échappé à personne que les administrations communales bruxelloises, et partout ailleurs dans le pays à dire vrai, ont massivement adopté la chanson des p’tits trous de Gainsbourg : des chantiers partout, sans cohérence, sans concertation et parfois même sans panneau de déviation. Faire plaisir au citoyen avant qu’il aille se soulager dans les urnes, tout en vidant les caisses pour que l’éventuelle victoire de l’opposition ne conduise celle-ci à pleurer des trésoreries exsangues : voilà les 2 mamelles pavloviennes des états-majors communaux en 2024.  La politique belge, c’est d’abord une vision d’avenir à petit terme.

Au-delà des travaux publics, il semble que le bourgmestre de la ville de Bruxelles, entre 2 voyages à Paris, ait été frappé de macronite aiguë. Se mêlant de tout, il saute sur chaque sujet passant à sa portée et rit très fort sur les photos. Rappelons tout de même que l’’homme qui ne jurait que par l’hypercentre de « sa » ville (ayant jadis poussé sa passion jusqu’à modifier le sens de circulation des méchantes voitures devant sa maison) prépare la contre-offensive progressiste d’automne, au cœur de ses pénates désormais installées Avenue Louise. Toujours 1000 Bruxelles donc, règle de domiciliation électorale oblige, mais loin de la ville « où il se passe toujours quelque chose ». Close n’est pas plus idiot que Chirac ou la famille Lampion : il fuit le bruit de la cité avec d’autant plus d’entrain que c’est lui qui accorde les dérogations pour en faire... Pas folle la guêpe!

Qui trop embrasse...

Se saisissant de chaque entrefilet d’une actualité traditionnellement un peu sèche dans l’intervalle se situant entre la fête nationale et le 15 août, Close fait pourtant flèche de tout bois : il prend le train, porte le Meyboom, permet à des acrobates de se produire dans l’ancien hôtel communal, félicite Remco Evenepoel sur la grand place, suit les interventions policières contre les rodéos urbains, se gargarise d’une « étoile verte » Michelin pour « son » restaurant de la Bourse, ... Quel abattage ! En revanche, que des acrobates succèdent à des clowns ressort d’une logique assez triviale.

Avec le mont Donderberg, notre bon mayeur pouvait également profiter d’un rebond de l’actualité urbanistique qui voyait, ô surprise, un nouveau permis délivré pour un projet d’école en plein milieu de cette nature préservée dont les socialistes se disent très proches mais n’ont, dans les faits, pas grand-chose à faire.

Magouille administrativo-estivale

Comme souvent, ce sont les écolo-progressistes qui parlent le mieux de leurs turpitudes, ainsi l’ARAU de ce permis ‘surprise’ : « en catimini, Ville et Région (...) se sont entendues pour introduire en parallèle un autre permis légèrement modifié sans en informer ni les riverains ni le Conseil d’Etat ! Celui-ci a été délivré ce 22 juillet, l’affichage dans le quartier a été réalisé depuis hier et ce jusqu’au 15 août. Vous l’aurez compris en plein dans la période la plus creuse qui soit ». Le légaliste Close a encore frappé. En pleine période d’affaires courantes, pendant laquelle, normalement, rien d’important ne se passe avant les prochaines élections. C’est très vilain, ça, Philippe.

Investi de ce nouveau bouclier juridique, il donnait aussitôt une interview sur le sujet. Manque de bol, les riverains (Save Donderberg), plutôt bien organisés, n’étaient pas tous partis en vacances.

Menteries, Monseigneur !

Un collectif qui eut beau jeu, après l’ARAU, de rappeler que si Close aimait bien planter son unique « faux arbre » du Meyboom, il allait tout de même en détruire 171 bien réels dans la zone Donderberg. Or, le calendrier est bien fait, ce genre d’abattage peut débuter officiellement à partir de la mi-août. La faute à pas d’chance, sans nul doute que ce permis tombe aussi bien...

Outre cet « arbricide » prémédité, le mayeur s’emmêlait les pinceaux dans une série de détails qui peuvent avoir leur importance dès lors que, si la ville souhaite construire des écoles, ce serait sous la pression d’une demande toujours croissante issue de nouveaux élèves : Bruxelles, en effet, se remplit chaque année de charretées de nouveaux habitants. C’est du moins ce que le narratif de la socialie closienne tente de nous faire avaler, en serrant fort ses petits poings pour défendre ce dernier projet d’une école de 672 élèves. Un conte que l’IBSA (Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse) semble réduire à néant.

De moins en moins d’élèves ?

Car, selon les riverains et l’Institut, il semble que le nombre d’élèves suive plutôt une fâcheuse tendance à diminuer, tant en maternelle (pic en 2016) qu’en primaire (pic en 2020). L’association Save Donderberg précise: « Entre 2014 et 2024, il y a 2.000 élèves en moins dans les écoles fondamentales francophones sur le territoire de la Ville de Bruxelles. Sur la même période, plus de 1.500 places ont été créées (Bockstael, Croisée des chemins, Héliport,…). En rajouter 700, alors qu’il y a des centaines de places libres dans les écoles de Laeken (à 10 min. à pied du Donderberg), cela n’a pas de sens. »

Allons, allons... S’il fallait maintenant trouver un sens aux décisions politiques, où irait le monde ?