Napoléon, Clemenceau, de Gaulle et Chirac n'ont pas osé... Macron ne va pas se gêner !
Le 7 décembre prochain, Emmanuel Macron prononcera un discours dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l’occasion de sa réouverture après les travaux de restauration qui ont suivi l’incendie de 2019. Ce geste marque une rupture symbolique : aucun chef d’État de la République française n’avait jusque-là pris la parole dans ce haut lieu de la chrétienté. Cette démarche suscite une attention particulière, tant pour son aspect inédit que pour son positionnement politique dans un cadre aussi chargé d’histoire.
Quand l’Histoire impose le silence
À travers les époques, les grands personnages de l’histoire de France ont généralement évité de mêler leurs prises de position politiques à l’espace sacré de Notre-Dame. Quelques exemples marquants illustrent cette retenue :
Napoléon Bonaparte, lors de son sacre en 1804, se limite au serment civil et laisse le cérémonial religieux à Pie VII, montrant ainsi une séparation claire entre le politique et le spirituel.
Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.
A PARTIR DE 6€/MOISSans engagement.
Abonnez-vousDéjà abonné ? Connectez-vous
Georges Clemenceau, en 1918, refuse de pénétrer dans Notre-Dame lors du Te Deum célébrant la victoire de la Première Guerre mondiale, en respect de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Il laisse les chefs militaires, comme Foch, représenter la victoire dans l’enceinte sacrée.
Charles de Gaulle, après la Libération de Paris en 1944, assiste silencieusement au Magnificat célébré à Notre-Dame. Dans ses Mémoires, il décrit une ferveur populaire, mais s’abstient de tout discours, laissant l’espace religieux à sa vocation spirituelle.
Jacques Chirac, enfin, même lors des funérailles de François Mitterrand en 1996, n’a pas pris la parole dans la cathédrale, respectant le cadre laïque de la fonction présidentielle.
Cette retenue historique témoigne d’une constante républicaine : préserver une nette distinction entre le politique et le religieux, conformément à l’esprit de la laïcité cher au pays de Lumières !
Macron et le choix disruptif de Notre-Dame
En annonçant sa prise de parole sous les voûtes de Notre-Dame, Emmanuel Macron brise ainsi une tradition bien ancrée… Le petit marquis de la finance n’a visiblement cure de la retenu républicaine de ses glorieux ancêtres !
Dans ce positionnement d’une prétention exacerbée, Macron semble vouloir inscrire son discours dans un cadre symbolique fort, au-delà du religieux. La cathédrale, joyau de la Nation et témoin de tant d’événements historiques, transcende le spirituel pour devenir un lieu de mémoire collective. En s’y exprimant, il cherche à affirmer une continuité entre les racines historiques de la France et son avenir… La France, c’est lui, la reconstruction du patrimoine, c’est lui aussi !
Une instrumentalisation du lieu ?
Cette initiative ne manque déjà pas de susciter des critiques, notamment de la part des défenseurs de la laïcité stricte. Certains pourraient y voir une instrumentalisation politique d’un espace sacré pour renforcer son image de chef d’État sérieusement malmenée. En y prononçant un discours, Emmanuel Macron cherche probablement à cristalliser cette symbolique autour de son propre rôle dans la reconstruction, rappelant les efforts financiers et politiques que son administration a déployés pour restaurer ce monument emblématique.
Rappelons également que Philippe le Bel, en 1302, avait utilisé Notre-Dame comme cadre pour un discours politique face aux États généraux. Cette référence historique alimentant encore la perception d’un président souverain et plénipotentiaire cherchant à s’inscrire dans une continuité monarchique typiquement française !
En choisissant Notre-Dame comme tribune, Emmanuel Macron est donc manifestement prêt à tout même à rompre avec la genèse des traditions républicaines. Ce discours, au-delà de l’événement religieux ou patrimonial, reflète une volonté d’associer son image à celle de la grandeur historique et de la reconstruction nationale. Reste à savoir si ce geste sera perçu comme une élévation symbolique ou comme une intrusion politique dans un espace sacré, risquant d’envenimer encore plus les débats sur la laïcité et le rôle d’un président de la République… qui ne sait plus à quel saint se vouer !
Vilain Coco