Sur les réseaux sociaux, un petit zéphyr automnal peine à disperser urbi et orbi tout le respect de Georges-Louis Bouchez envers son adversaire historique, Elio Di Rupo, Aka le Hagard de Mons. On aurait pu croire que le président du MR aurait été le seul de sa tribu à s’envelopper dans cette espèce de cape de bienveillance envers le PS. Et l’on se trompait puisque voilà Bruxelles-ville en plein syndrome de Stockholm.
L’on sent bien que la coalition MR-PS/Vooruit-Engagés/CD&V entend gérer son petit milliard de budget « en bon père de famille ». Un mariage de raison qui permet d’expliquer que les nouveaux partis de la majorité ne vont pas casser la vaisselle avant la cérémonie. Ceci expliquant sans doute cela.
Hommage aux oniomanes* du PS
Mais tout de même, on aurait pu raison garder. Ainsi, Elio quitte la vie politique provinciale non pas pour aller pêcher la moule-moule (ça se saurait) mais pour devenir député européen à 73 ans et palper environ 17.400 € nets par mois. Après « sa » gare qui ne devait coûter que 37 briques pour s’écraser en fond de bilan à 350 millions et des poussières, ça place l’hommage à l’homme politique « qui vous fait grandir tant (ses) qualités sont grandes » à un niveau stratosphérique.
Tant qu’à être dans l’espace, la cabane à tortillards d’Elio aura coûté l’équivalent de 7 lancements Space X (Falcon 9) ou encore 3 vols Falcon Heavy. Dans le ciel de Mons, même pas un satellite météo. Mais comme le disait si bien Elio face caméra, « on n’a forcé personne ».
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Par ailleurs, et c’est mon pote Chat-GPT qui le dit, cet éloge un peu gratiné de GLB à Elio Di dégagerait un doux parfum de composition AI. Analyse de mon robot préféré : « L’information est générique et flatteuse (exemple : «un homme hors du commun», «un parcours exceptionnel»), ce qui est typique des réponses d’une IA lorsqu’elle n’a pas accès à des informations précises ou tente de rester neutre. La structuration est logique mais prévisible : le texte commence par un éloge, poursuit avec des critiques mesurées, et conclut avec un message de respect, un schéma souvent adopté par les IA pour répondre de manière équilibrée. Le petit Georges-Louis est appelé chez le préfet de discipline.
Bruxelles en rose et bleu
Cette sensibilité façon Boum d’ados aura également ensirupé tout le conseil communal de lundi dernier. Et que merci, et que pardon et surtout que continuons le combat sur les chars rieurs de l’argent gratuit des autres. D’ailleurs, pour ne pas perdre de temps, et pourquoi se gêner, la future ex-majorité profitait de son dernier conseil pour faire passer fissa fissa quelques oboles aux asbl désargentées du monde de l’inclusion sympatoche.
Parlons, par exemple, de ces 43.000 €
à verser à l’asbl Brufête pour... l’aménagement du Centre Culturel Congolais ? Oui parce que le CCC (pas les communistes arrêtés au Quick de Namur, rassurez-vous) n’étant pas encore constitué en asbl, c’était plus pratique de faire comme ça... Pour faire bonne mesure, Brufête recevra encore 100.000 € « pour couvrir des frais événementiels ». Lesquels ? On verra bien !
Observons encore ce petit coup de pouce à l’asbl Rock the City dans un merveilleux « projet de vaisselle réemployable » soit une enveloppe de près de 143.000 €. Quoi de mieux pour le climat et la transition écologique ? Certes. Mais comme le rappelle l’asbl Plan B, toujours pointue dans l’analyse de l’ordre du jour des conseils communaux bruxellois, en 2023, 363.200 € avaient déjà été accordés au même titre. Alors, réemployable cette vaisselle ?
Peut-être. Réutilisable ? Guère plus de 50 % si on en croit ces chiffres.
Au secours Elon !
Terminons sur une note gastronomique avec la friterie de la Place de la Chapelle qui va devenir, comme toutes les autres, une espèce de Fritkot sans âme. Pour le coût (le coup), la ville fait fort encore une fois : elle fait fermer l’actuel tenancier en lui octroyant une indemnité pour lui permettre d’attendre... que le béton soit coulé pour placer la nouvelle friterie. Vous suivez ? Un petit socle de béton à 86.000 € dont on vient à peine de voter le budget. Outre le prix du béton au prix du caviar osciètre, un internaute vigilant, Fabrice J. trouve la recette mauvaise : « On peut nous dire pourquoi, alors qu’il ne se passait rien, ce monsieur a dû fermer boutique en attendant que la décision de couler le béton ne tombe ? » Bonne question à envoyer de toute urgence au DOGE (Department of Government Efficiency). Hélas, comme le chantait le grand Jacques, « Bien sûr, tout ce manque de tendre, il n’y a plus d’Amérique ». Pas à Bruxelles, en tous les cas.
Foster Laffont
*L’oniomanie est un trouble psychologique caractérisé par une impulsion incontrôlable à acheter. Ou à tout claquer si vous préférez. Une manie qui se déclenche souvent au sein des majorités progressistes.