Delon n’était pas seulement une icône des grandes et petites lucarnes d’une France fantasmée. Il était aussi cet homme d’affaires avisé, établi en Suisse sur l’autre versant financier des montagnes, du côté des montages. Il y avait installé sa société de diffusion audiovisuelle à Genève en 1979. Il disait sans rire y ressentir un « indicible sentiment d’apaisement ». Résidant dans un appartement de la grande cité du Lac Léman, il s’était aussi fait naturaliser en 1999 pour mieux profiter du fromage. Triste revers : toutes les questions relatives à la gestion patrimoniale depuis avril dernier devaient s’opérer avec l’assistance d’un curateur. Et il n’est pas mort là où la fiscalité est la plus clémente, ce qui augure de belles discussions de droit. Son avocat genevois Marc Bonnant en a évidemment profité pour sortir de la vallée. Pour raconter, facile, à propos de son « ami » que « sa beauté était un langage subliminal qui racontait une histoire ». Mais qu’il avait été là, bien sûr, pour la défendre. Lui non plus ne sourit pas lorsqu’il parle de lui à la troisième personne. Pointant la pique envers ses confrères français intervenus ces derniers mois au nom de Dieu sait quel mandat de l’acteur, que tout le monde attendait : « beaucoup de personnes ont parlé alors qu’elles n’avaient pas compétence pour le faire ». On sait la guerre qui opposait, plus que le clan Delon, les conseils mêmes des protagonistes : Me Ayela (Alain Delon et Anouchka Delon), Me Bedossa (Anthony Delon et … Alain Delon) et Me Watrin (Alain-Fabien Delon et … ?). Franck Berton, ténor recruté par Anouchka, avait pris la défense d’Ayela lorsqu’il avait été viré par les gardes du corps engagés par Anthony. Le Barreau de Paris avait très mal géré tous ces quiproquos. Non sans, pour Me Bonnant, jeter un étonnant pavé dans son lac : « je crois que sa succession devra être réglée en France, au dernier domicile du défunt et les testaments qu’il a pu faire devront être examinés et validés au regard du droit français ». Il y aurait donc encore du boulot pour les robins parisiens. Mais qu’en dirait Madame la bâtonnière Typhanie, l’avocate fiscaliste genevoise aux 36 barreaux ? C’est bien de sa compétence.