En 1998, la Belgique observait le Vlaams Blok comme un enfant observe un serpent venimeux : avec prudence, mais une petite part de fascination. Nationaliste et xénophobe, le Blok agitait le spectre de l’immigration et des « valeurs flamandes », tout en se régalant des dérapages racistes. Pourtant, un cordon sanitaire bien serré suffisait à tenir le monstre à distance. Enfin, c’est ce qu’on croyait…
Mais la politique a ses petites ironies. En 2004, après s’être fait condamner pour racisme (oh, quelle surprise), le Blok se transforme en Vlaams Belang. Nouveau nom, même vieux discours, juste un peu plus parfumé. Leur spécialité : vendre l’exclusion et le nationalisme comme une recette de grand-mère – après tout, qui n’aime pas un bon vieux plat régional ?
Avançons de 26 ans, et voici notre plat du jour. En 2024, le Vlaams Belang, autrefois évité comme un mauvais ragoût, conquiert sa première ville. Oui, vous avez bien lu : le parti paria est maintenant sur la carte. L’ascension, que dis-je, le triomphe du Vlaams Belang est devenu une réalité. Les gourmets de la politique sont servis.
En 1998, les élites bruxelloises se contentaient de soupirer, en disant que l’érosion naturelle du parti résoudrait le problème. Mais voilà, la recette du Vlaams Belang, avec une pincée de crise économique et une cuillerée de rejet des élites, a finalement trouvé preneur. Bruxelles, ce grand restaurant centralisé, n’a plus rien à offrir aux clients flamands lassés de l’attente.
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Fini les grandes tirades racistes en public. En 2024, le Vlaams Belang sert désormais un menu plus raffiné, épicé de sécurité, de « vraies valeurs » et de protection de l’identité flamande. Ça passe mieux. C’est un peu comme changer de décor dans un restaurant : on mange la même chose, mais dans une assiette plus chic. Et là, le client est ravi.
Le fameux cordon sanitaire ? Il a sauté comme un bouchon de champagne. Des alliances non avouées se font et se défont, tandis que des voix osent dire qu’il faut écouter ces électeurs trop longtemps ignorés. On murmure même que la démocratie, c’est d’accepter que le populisme s’invite à table. Bon appétit.
Cette victoire locale de 2024 est un vrai tournant, presque une révolution culinaire. Le Vlaams Belang n’est plus le sale gosse qui dérange. Il est devenu une alternative politique, un plat du jour incontournable. Certes, la recette n’a pas beaucoup changé depuis 1998 : nationalisme piquant, fermeture aux minorités, avec un zeste de gestion autoritaire. Mais que voulez-vous, c’est un classique.
En 1998, on croyait encore qu’il serait possible de faire disparaître cette recette indigeste. En 2024, il semble qu’elle soit devenue un plat permanent du menu politique belge. La Belgique fédérale, déjà affaiblie par ses divisions internes, pourrait bien se retrouver avec une indigestion face à cette montée de la sauce nationaliste.