Davos n’est pas l’endroit où le monde est dirigé. Mais il a une influence au travers des messages et des politiciens en quête de notoriété. Cette édition 2024 a été très surprenante, car deux professeurs ont osé dire aux dirigeants et participants que leurs idéologies sont fausses et vont être abandonnées.

Je ne pense pas que beaucoup de lecteurs de Pan attachent beaucoup d’importance au Forum économique mondial de Davos (WEF). Chaque année à cette époque, les « élites » du monde se réunissent dans cette station de ski suisse pour se montrer et faire des affaires. Comme pour la COP, ils viennent prendre quelques photos et dire quelques mots, principalement aux journalistes de leur pays, puis rentrent chez eux.

Les conspirationnistes aiment à croire que le forum de Davos tire les ficelles du monde. Je ne le crois pas du tout. Ce n’est pas lors de ces réunions que les vraies décisions sont prises. Mais paradoxalement, le WEF est devenu un porte-voix contre l’économie de marché. Ces positions plaisent tellement à la gauche mondialiste et aux ONG qu’elles n’ont même plus besoin d’organiser leur réunion anti-Davos pour s’y opposer, comme ce fut le cas pendant plusieurs années. 

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Il ne faut donc pas trop donner d’importance à cet événement. Par exemple, en 2022, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a déclaré que l’Union européenne n’avait plus besoin de pétrole et de gaz, car elle s’appuierait uniquement sur les énergies renouvelables. Depuis, d’autres dirigeants européens courent le monde pour se procurer du pétrole et du gaz. Si nous étions dans le monde des affaires et des PME, elle aurait été licenciée immédiatement. C’est dire à quel point Davos est un véritable cirque médiatique.

Des idées coupées à la tronçonneuse

Il y a cependant une innovation majeure dans cette édition 2024 qu’il ne faut pas sous-estimer. Les organisateurs ont eu le courage d’inviter Jaime Milei, le nouveau président de l’Argentine, celui qui a été ridiculisé dans les médias conventionnels, car qualifié de libéral. Il a donné aux participants une leçon magistrale d’économie politique et sociale. Son discours devenu viral et a été téléchargé dans de nombreux pays et langues, tant il était étonnant de l’entendre à Davos. Ce qui est intéressant dans ce personnage, c’est qu’il ne parle pas de lui, il ne donne pas ses propres idées, c’est un professeur qui connaît parfaitement les idées des autres académiciens. Il maîtrise parfaitement l’histoire de l’économie et s’appuie sur les grands universitaires qui l’ont précédé. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la plupart des lecteurs de Pan ont déjà entendu ou lu tout ou partie du grand coup de pied qu’il a donné à la fourmilière.

Mais le plus surprenant est peut-être que les organisateurs ont également invité Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation, l’un des groupes de réflexion conservateurs les plus influents des États-Unis. Il n’est pas habituel d’entendre un invité adresser de vives critiques à ceux qui l’ont invité. C’est sans doute l’un des problèmes de notre société politiquement correcte, qui n’ose plus dire ce qu’elle pense (Pan fait exception). 

Le professeur Roberts a critiqué calmement, mais très clairement les organisateurs et les participants du WEF. Il leur reproche de vouloir diriger le monde en ignorant ce qui se passe réellement en dehors de leur monde feutré. Pour faire court, ils viennent en avion privé pour dire aux pauvres qu’ils ne doivent pas prendre l’avion. Notez au passage la situation ubuesque de l’aéroport d’Orly qui entend pénaliser l’utilisation de la voiture pour se rendre à l’aéroport… pour prendre l’avion. C’est ce genre d’hypocrisie que Milei et Roberts dénoncent. Si je suis à Davos, dit-il, c’est pour vous expliquer que beaucoup de gens dans cette salle font partie du problème.

Vers une rupture ?

Cet universitaire américain s’en prend par exemple à l’endoctrinement cher à Davos sur l’idéologie du genre. Avant d’écrire ces lignes, je viens d’apprendre qu’en Italie, une femme en transition de genre est tombée enceinte et les experts ne savent pas quoi faire. Ce ne sont pas les élites de Davos qui vont apporter la solution.

En termes de géopolitique, comme le président argentin, il reproche au WEF de faire la cour à la Chine, une dictature communiste qui désire détruire le système économique des naïfs. Il suffit de penser à l’invasion de ses voitures électriques et à la destruction qui s’ensuivra pour l’industrie automobile européenne. Le Premier ministre chinois étant déjà parti, il n’a pas entendu ces compliments.

Bien sûr, l’hypocrisie du changement climatique a également été soulignée. Nous ne nous attarderons pas sur ce point, que les lecteurs de Pan connaissent déjà.

Le professeur Roberts leur a dit que si un président conservateur, Donald Trump ou n’importe qui d’autre, est élu aux États-Unis, il détruira toutes les politiques décidées à Davos, les conservateurs américains en ont assez des politiques wokes et soi-disant progressistes. C’est on ne peut plus clair. Est-ce parce que ces élites ont compris que le vent a tourné qu’elles ont osé inviter deux personnalités qui ont dénoncé le WEF ?

Ne nous faisons pas trop d’illusions sur un revirement complet des politiques menées par les élites, car même s’il est très probable que Donald Trump soit le candidat républicain aux élections de novembre, son passé, son narcissisme et peut-être même ses ennuis judiciaires l’empêcheront d’être élu président ; donc Joe Biden pourra continuer les politiques de Davos.

Mais en Argentine, le changement a déjà eu lieu, et nous sommes dans l’Union européenne. Nous n’aurons pas à attendre le 5 novembre, puisque nos élections auront lieu le 9 juin. Ce sera l’occasion pour les Européens de choisir entre la poursuite des politiques de Davos (et donc des dirigeants actuels de Bruxelles-Strasbourg) ou l’élection d’une nouvelle classe de dirigeants qui ne seront plus prêts à suivre les idées saugrenues propagées à Davos… même si ce n’est pas là que tout se décide.