En 2023, avec 47 morts et 118 blessés officiellement recensés fin décembre, Marseille a enregistré une sorte de record en matière de narcobanditisme. Façon roman noir. Le rapport avec le paradis écolo-socialiste de la ville-monde apaisée, aka « Bruxelles ma belle »? Sur la même période, Bruxelles enregistrait... 131 blessés pour des faits similaires. Soit 11 % de plus...
Certes, en 2023, Bruxelles ne déplorait encore que 7 morts violentes... A situer dans un contexte de statistiques criminelles en forte hausse dans la capitale. Le moment idéal pour parler réforme des zones de police ? Avec 23 fusillades déjà comptabilisées en 2024, le moment semble effectivement propice. Au grand dam de certains bourgmestres bruxellois, surtout socialistes, qui ont beau jeu d’hurler à une réforme communautaire exigée par la Flandre pour mieux travestir le fait que si « leur » zone de police leur échappe, ce sont surtout les budgets qui y sont liés qui ne se répartiront plus à la discrétion des maisons communales. Et ça, c’est grave, camarade !
Le milliard de Close
Si les Engagés et le MR ne se disent pas opposés à une réflexion sur le sujet, Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles-ville, à la tête de la zone de police Bruxelles-Ixelles, s’étrangle presque sur X, et en flamand: « pourquoi ne pas fédéraliser le port d’Anvers tant qu’on y est ? »...
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Double attaque envers son collègue Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers et formateur fédéral, incapable selon le Bruxellois de gérer les flux de narcotiques issus des containers qui affluent au Nord du pays et responsable, toujours selon Close, de la relance de cette initiative de fusion des zones de police. Il est vrai que la ville de Bruxelles reçoit une partie non négligeable de son budget « sécurité » sous la forme de paiements de l’Union européenne en soutien de la tenue des manifestations, congrès et autres réunions ministérielles internationales qui émaillent le calendrier politique européen.
Argent, trop cher
Un flux pécunier important, que certaines mauvaises langues n’hésitent pas à décrire comme un complément budgétaire indispensable à tout un tas d’activités qui n’auraient rien à voir... avec la sécurité européenne. Pour parler clair, l’argent européen ne servirait pas seulement à l’achat des fumigènes de la maréchaussée ou de l’avoine de ses chevaux. En cas de fusion des zones et de centralisation pécuniaire, l’ami Close perdrait non seulement la mainmise sur « sa » police, mais également une part non négligeable de ses rentrées financières. Ce qui ne serait pas pour déplaire à ses adversaires, y compris au sein du PS.
Laaouej cerné ?
En tout état de cause, sur ce sujet et malgré les rodomontades du bourgmestre de Koekelberg, Ahmed Laaouej, le PS semble bien seul : la majorité des partis, y compris les partis flamands et même Ecolo, envisagent une approche plutôt pragmatique du dossier. Désormais, une centralisation des forces de l’ordre et de leurs moyens paraît être la seule meilleure manière d’affecter optimalement les ressources, en opposition à la structure actuelle, jugée plus... moyenâgeuse.
La patience de la police
En creux, on trouve peut-être ici la raison des retards multiples subis par le projet de nouveau commissariat, le fameux bâtiment De Ligne, acheté à Dexia, en 2015, et qui ne devrait pas être opérationnel avant... 2028 ( !). Alors même que Close avait déjà annoncé des inaugurations en 2020 puis en 2025. Sans succès. Le bourgmestre n’a sans doute pas envie de dépenser « son » argent dans un joujou qui va lui être retiré dans une nouvelle structure centralisée ? Trop tard : l’ardoise se situe déjà à plus de 226 millions, contre 150 annoncés voici 10 ans. Rien de neuf sous le triste soleil du progrès.
En attendant, si l’on ose dire, la police sera sans doute plus satisfaite de ne plus devoir dépendre des caprices du Prince pour obtenir enfin son quartier général. Crisper le PS bruxellois avant la constitution du gouvernement régional n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit, surtout avant le dernier sursaut électoral qui pourrait rebattre certaines cartes communales. Pourtant, si le parti de Laaouej se fait tordre le bras sur ce sujet, cela voudra aussi dire que l’ « indispensable PS bruxellois » n’est peut-être pas aussi puissant ni indispensable qu’il voulait bien le faire croire. Une situation que Georges-Louis Bouchez doit contempler avec un mélange de curiosité et d’intérêt gourmand.