Médiocrité crasse ou racisme inavoué ?  

Un expert militaire belge, arrêté à Kinshasa, devrait bénéficier de l’aide de l’ambassade de Belgique sur place mais nos diplomates ne brillent pas par leur pugnacité. 

La question n’est pas de prendre parti pour lui ni même de savoir s’il a été arrêté à tort ou à raison. Il s’agit de veiller à ce que les droits des Belges soient respectés. Le prétexte de la passivité du ministère des Affaires étrangères laisse songeur : l’origine congolaise. Autrement dit, l’ambassade se dispense d’agir avec fermeté comme s’il n’était pas de nationalité belge à part entière à cause de son origine. Ce Belge de second rang, version Hadja Lahbib, est resté sans protection consulaire à la prison militaire de Ndolo. C’est de la discrimination caractérisée. Devant comparaître devant un tribunal militaire de garnison, il est exposé aux peines les plus sévères.

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Pourtant, la règle internationale est clairement définie par la Convention de Vienne : « Les fonctionnaires consulaires ont le DROIT de se rendre auprès d’un ressortissant de l’Etat d’envoi qui est incarcéré, en état de détention préventive ou toute autre forme de détention, de s’entretenir et de correspondre avec lui et de pourvoir à sa représentation en justice ». Mais il a suffi qu’à la prison l’on dise au délégué de l’ambassade que le détenu était de nationalité congolaise pour qu’il rebrousse chemin les bras ballants. Pas de protestation belge. Pas d’initiative effective ultérieure. Coupable passivité sous l’autorité d’Hadja Lahbib. Au fait, quelle autorité ? Récemment, la chaîne TOP CONGO l’a interviewée : pitoyable spectacle. On la voit effacée, ânonnant des lieux communs, éludant les questions essentielles alors que l’objet même de cet entretien était de savoir si le Congo pouvait encore escompter de la Belgique une politique volontariste. Aucune incarnation de quoi que ce soit. Du vide ! Alors, rien d’étonnant à ce que l’ambassade soit du même tonneau. À décharge, il est vrai que le problème des binationaux s’avère parfois complexe. Mais cela n’autorise pas une telle passivité. La nationalité congolaise n’exclut pas la nationalité belge et c’est en vertu de celle-ci que la protection consulaire est due à tout ressortissant belge, y compris ceux qui sont également de nationalité congolaise. Combien d’autres « demi-Belges » oubliés ? 

En substance, il n’y a absolument aucun motif sérieux pour l’État belge d’opérer une distinction entre ses binationaux ni a fortiori ses nationaux « pur jus » selon leur origine. Le hic, c’est qu’il est tout autant légitime que l’autre État concerné par le binational visé considère, pour sa part, que ce dernier est tenu par la législation relevant de sa souveraineté. La mondialisation a occasionné une multiplication de cas analogues. Les chancelleries normalement diligentes assument néanmoins leurs responsabilités quant à la protection consulaire. L’ambassade de Belgique est aux abonnés absents.

Un autre cas est encore plus préoccupant parce qu’il établit que, quel que soit le prétexte invoqué, l’origine allochtone ou non, l’ambassade demeure passive. Depuis plus de neuf ans, un Belge « pur jus », proche de 83 ans, est abandonné à son sort à la prison de Makala : cinq cents morts par an… L’ambassade ne fait rien d’utile pour l’aider : elle se borne à de courtes visites mensuelles et se dédouane de tout sous ce prétexte. Or, en cas de détresse extrême, la protection consulaire est due au Belge en cette situation. Il s’agit d’un homme fatigué tant par l’âge que par la précarité des conditions de vie en cette prison de sinistre réputation et accablé finalement par la maladie. L’ambassade le renvoie au dispensaire de la prison de Makala. Ni famille ni revenus et prisonnier dans cet enfer. L’ambassade a même négligé de lui procurer un avocat au mépris de la loi belge qui l’oblige à veiller que tout ressortissant belge ne subisse pas de violation des droits de l’Homme. En Belgique, ce qui ressort globalement des différents scrutins du 9 juin, c’est qu’en masse, les électeurs en ont assez d’une clique politique hors-sol. Nul n’a besoin d’une ministre si peu concernée par le réel. Le MR se hasardera-t-il encore à lui confier quoi que ce soit ? Faudra-t-il, en cette éventualité, rappeler l’épisode des visas aux islamistes iraniens ? Et quoi d’autre ensuite ?