Aux Congolais de patienter à cause de l’Union africaine
L’ONU n’existerait pas sans les contributeurs occidentaux, essentiellement l’Europe et les États-Unis. L’Union africaine n’existerait pas non plus sans le soutien de l’Union européenne.
Formellement, cette Union africaine et les autres institutions du continent sont des coquilles vides, encombrées de porteurs de titres ronflants, incapables d’assumer leurs responsabilités politiques tout en se targuant d’indépendance. L’incohérence n’étouffe personne. Sa vacuité ne l’a pas empêché d’affirmer, le 4 mars dernier, son « engagement indéfectible à respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la RDC », ajoutant même sa « solidarité avec le peuple et le gouvernement de la RDC dans leurs aspirations légitimes à la paix, à la stabilité et au développement socio-économique ». Financement africain, zéro ; que valent cet « engagement indéfectible » et cette « solidarité » sans le sou ?
En son sein, pour constituer la force d’intervention (SAMIDRC) à l’Est du Congo, les contributeurs de troupes sont l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie dont les moyens sont dérisoires. La décision du 4 mars 2024 en dit long sur le degré d’assistance : le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, auteur de celle-ci, « demande à la Commission de l’UA, de transmettre le présent communiqué au Conseil de Sécurité des Nations-Unies (CSNU) pour information et de demander au CSNU de fournir les ressources matérielles et financières nécessaires pour permettre à la SAMIDRC de s’acquitter efficacement de son mandat ». En somme, je décide et tu payes ; c’est chouette l’indépendance…
Alors, qu’en est-il de la MONUSCO sur le terrain, à l’Est du pays ? War as usual !
Six mois plus tard, à Kinshasa, le représentant de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint aux opérations de paix, vient de déclarer : «la MONUSCO va continuer sa coopération militaire avec les autorités provinciales compte tenu de l’instabilité sécuritaire dans la province ». Constat de la vacuité de l’Union africaine, malgré le rejet de la MONUSCO invitée à quitter territoire congolais pour décembre de l’an passé au plus tard, c’est maintenant cette antenne onusienne que les autorités appellent en renfort ; radical revirement d’attitude.
Le passage de Jean-Pierre Lacroix dans la capitale congolaise signifie que l’appel de l’Union africaine a été entendu, mais aussi qu’il lui échappe car le contrôle appartient à celui qui tient les cordons de la bourse. Le discours diplomatique masque mal cette faiblesse africaine récurrente : « Nous avons parlé des efforts diplomatiques en cours qui sont très importants, que nous soutenons, à la fois politiquement, mais aussi le soutien que nous allons apporter au mécanisme de vérification et le cessez-le-feu. Nous avons fait le point sur le cessez-le-feu qui se traduit par une certaine diminution des violences. Mais, il y a beaucoup à faire. On ne peut pas dire qu’il y a zéro violence. Les défis sont là, on le sait, mais nous sommes déterminés à avancer ». Traduction : les opérateurs locaux ne parviennent pas à maîtriser le mécanisme de vérification à tel point que la MONUSCO va reprendre la main.
Rappelons que la MONUSCO est l’héritière de la MONUC qui avait été constituée par la résolution 1279 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le 30 novembre 1999. Cela fait donc vingt-cinq ans que l’ONU prétend régenter le maintien de la paix et ne réussit même pas à mettre un terme à la guerre. Vingt-cinq ans d’échecs successifs pour différents motifs, à commencer par un mandat interdisant une intervention combattante.
Mais que dire de l’Union africaine ? Patience, comme l’on dit au pays, pour les vingt-cinq prochaines années !
Guillaume MOKENGELI