Joe Biden veut interdire la construction de nouveaux terminaux de gaz naturel. Cela favorisera les pays du Moyen-Orient et la Russie, car la demande de gaz ne diminuera pas. Et en Europe, les politiciens racontent n’importe quoi pendant les campagnes électorales !
En 2014, dans sa communication « Stratégie européenne pour la sécurité énergétique », la Commission européenne a proposé d’examiner la possibilité de produire pétrole et gaz de schiste dans son sous-sol. Elle avait annoncé le lancement d’un réseau scientifique et technologique européen pour leur extraction. La Commission soulignait l’importance du gaz naturel liquéfié (GNL) en tant que clé de la sécurité de l’approvisionnement énergétique.
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La Commission savait ce qu’il fallait faire
En 2016, elle publie « Une stratégie de l’Union pour le gaz naturel liquéfié et le stockage du gaz », une communication consacrée à la politique du GNL. On peut y lire « la présente stratégie vise à exploiter le potentiel du GNL et les capacités de stockage du gaz pour diversifier et assouplir le système gazier de l’Union, contribuant ainsi à la réalisation d’un objectif clé de l’union de l’énergie, à savoir un approvisionnement en gaz sûr, résilient et compétitif. […] En ce qui concerne le GNL, la perspective d’une expansion considérable (50 %) de l’offre mondiale au cours des prochaines années et, par conséquent, d’une baisse des prix offre à l’Union une excellente occasion à saisir, notamment pour assurer la sécurité et la résilience de l’approvisionnement en gaz ».
C’était à l’époque de la Commission dirigée par Jean-Claude Junker. Puis est arrivé le duo Ursula von der Leyen/Frans Timmermans, qui a démoli la stratégie afin d’imposer les énergies renouvelables grâce à des subventions. Cela nous a entrainé dans une situation dans laquelle nous n’aurions jamais dû nous trouver si nous avions suivi la stratégie de la Commission de 2014 et 2016. Cela montre que la faute n’incombe pas à l’institution elle-même, mais à ses dirigeants. C’est pourquoi les prochaines élections seront cruciales pour le choix du prochain président de la Commission européenne.
Le gaz de schiste, réelle transition énergétique
Alors que « les écologistes de tous les partis » se déchaînaient contre le gaz de schiste, au demeurant bien plus rapidement et efficacement qu’ils ne l’ont fait avec l’énergie nucléaire, les États-Unis développaient cette nouvelle énergie. Pour moi, l’énergie nucléaire et le gaz de schiste sont les seules transitions énergétiques qui ont eu lieu en cent ans. Les États-Unis disposent d’une énergie propre et bon marché. À tel point que, si historiquement une grande partie de la production d’électricité américaine reposait sur le charbon parce qu’il était bon marché, le gaz de schiste, encore moins cher, a remplacé le charbon comme principale source de production d’électricité. C’est l’industrie américaine qui a développé cette énergie sans que Washington soit impliqué. L’innovation est créée par les entreprises, pas par la politique.
Pour attirer le vote vert, lors de la campagne électorale de 2020, Joe Biden a annoncé qu’il mettrait fin à l’industrie pétrolière et gazière. Puis, face à l’opportunité de vendre du gaz à l’UE pour contourner le gaz russe, il a mis sa promesse en veilleuse. L’UE ne voulait pas produire de gaz de schiste au motif qu’il est polluant, mais elle l’a acheté aux Américains, à un prix bien plus élevé que le gaz russe. Comprenne qui pourra.
Mensonges d’État
Toujours pour plaire à ses électeurs écologistes, Joe Biden vient d’annoncer l’interdiction de la construction de nouveaux terminaux gaziers. Cette mesure pénalisera son propre pays, car au lieu d’acheter du gaz américain, l’UE achètera du gaz du Moyen-Orient, d’Afrique, de Trinité-et-Tobago, d’Australie et même d’Israël. Si les États-Unis ne veulent plus vendre de gaz, d’autres seront ravis d’en vendre davantage.
Ne vous y trompez pas, la demande de gaz est appelée à croître. Shell vient de publier une étude montrant que la demande de GNL devrait augmenter de 50 % d’ici 2040 (625 - 685 millions de tonnes par an). Normalement, cette croissance devrait surtout profiter à l’économie des États-Unis, premier producteur mondial de gaz et exportateur de GNL. Il ne fait aucun doute que si Donald Trump devient le prochain président, l’interdiction de Joe Biden sera levée le jour de sa prise de fonction, le 20 janvier 2025.
Comme toujours avec l’écologisme, on pense résoudre quelque chose, mais des conséquences apparaissent ailleurs. Joe Biden veut limiter la croissance du gaz naturel, mais cela entraînera une plus grande consommation de charbon et donc une augmentation des émissions de CO2. De plus, les milliards de revenus générés par les producteurs et exportateurs de gaz américains seront dévolus à leurs concurrents, notamment ceux du Moyen-Orient. Un autre bénéficiaire sera la Russie, puisque la diminution du gaz américain sur le marché mondial entraînera une augmentation de la production de gaz russe.
Tant que les hommes politiques n’admettront pas publiquement que l’énergie est essentielle à la prospérité, ils continueront à faire des choses stupides. L’énergie, c’est la vie, et le gaz naturel est l’avenir de l’énergie thermique et la matière première de l’industrie chimique. Joe Biden le sait, mais il veut être réélu et invente des politiques qui ne seront pas appliquées s’il est élu, et encore moins si Trump l’est. En politique, on peut revenir très vite sur ses propres décisions.
Espérons que c’est ce qui se passera à Bruxelles-Strasbourg avec le Pacte vert.