La mission première d’un journaliste est de confirmer et certifier une information avant de l’expliquer et de la mettre en perspective en plaçant l’investigation au cœur de sa démarche. Mais ça, ça demande du temps, des recherches, des vérifications parfois impossibles… c’est un peu fastidieux.
Alors ces dernières années, avec la course aux news en continu et la paresse voire le militantisme des journalistes, on voit pulluler les articles qui balancent des infos militantes ou non vérifiées, qu’on se dédouane de publier en commençant l’article par le mot « Selon ». Ce mot magique, totalement opposé à la démarche journalistique, est très pratique, puisqu’il permet au petit reporter d’énoncer n’importe quelle idée ou théorie non vérifiée tel un petit perroquet inoffensif.
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Le problème, c’est que la majorité d’entre nous écoute les journaux parfois distraitement en faisant autre chose, oublie directement le « selon » qui introduit une soi-disant vérité, et ne se pose pas la question de savoir si celle-ci ne doit pas être prise avec des pincettes. En faisant attention, on se rend compte que les « selon » font souvent référence à « une étude », sans qu’on ne dise jamais qui a mené l’étude évoquée, sur quel échantillon de population ou en posant quelles questions.
Un autre modèle du genre, encore plus fréquent, sont les bilans humains ou les constats culpabilisants des chefs de guerre. Vous avez tous en tête des exemples comme « Selon Volodymyr Zelensky, les Etats-Unis ne trahiront pas l’Ukraine », ou « Selon Volodymyr Zelensky, la Russie va tenter de détruire le système électrique ukrainien », ou encore toujours selon le même G.I. Joe, « la guerre au Proche-Orient a ralenti les livraisons d’obus à l’Ukraine »… et j’en passe, l’homme au treillis a bien compris que les média relayent telles quelles toutes ses déclarations et s’en sert allègrement pour influencer l’opinion publique occidentale ou faire pression pour que l’Occident lui envoie encore plus d’argent pour une guerre dont personne ne sortira réellement gagnant !
Mais laissons encore à Zelensky le crédit de défendre la démocratie. En revanche, que dire et que penser lorsque depuis des mois, tous les médias européens relayent quotidiennement et sans vergogne les bilans humains invérifiables énoncés par le Hamas. Ils se dédouanent de les publier parce qu’ils les introduisent par le fameux « selon le Hamas », ce qui leur permet de ne pas vérifier la véracité de l’information. Pour rappel, le Hamas est internationalement reconnu comme une organisation terroriste. Et nos médias trouvent aujourd’hui normal de relayer sa propagande, du moment qu’elle est précédée du mot magique. C’est ainsi que ce 21 janvier, on a pu lire dans Le Monde, ou sur la RTBF que « Selon le Hamas, l’attaque du 7 octobre était une étape nécessaire et une réponse normale à tous les complots israéliens contre le peuple palestiniens, et qu’ils ont fait de leur mieux pour éviter de toucher des civils ».
Eh bien selon Ergotine, ce petit mot anodin constitue une dangereuse dérive vers le maquillage possible de toutes les propagandes. Et pourtant les journalistes militants s’en délectent !