Alexia Bertrand est toujours Secrétaire d’Etat au budget dans le gouvernement en affaires courantes d’Alexander De Croo. C’est évidemment une triste situation, sachant combien ce gouvernement s’est montré lamentable et termine dans une situation budgétaire catastrophique, dénoncée par l’Union Européenne. Sans doute n’est-ce pas Alexia Bertrand qui en assume l’essentiel de la responsabilité, mais c’est ennuyeux quand même pour quelqu’un qui est particulièrement brillante, peut-être trop pour faire de la politique en Belgique…
Remerciée avec une option préférée communautaire
Celle qui était élue initialement sur les listes du MR a été victime de décisions injustes. Lorsque le poste de ministre des Affaires étrangères est devenu vacant, et revenait au MR, la logique aurait été, s’il avait été tenu compte des mérites, qu’Alexia Bertrand soit désignée. Mais son président de parti, que le communautarisme n’épargnait pas, même s’il s’en plaint souvent, a préféré faire un choix dicté par des considérations d’origine. Tout cela pour faire nommer une ministre, Hadja Lahbib, qui, à peine en poste, a failli devoir démissionner pour avoir accordé un visa au maire de Téhéran, l’un des pires représentants d’une des plus odieuses et des plus dangereuses dictatures du monde …
Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.
A PARTIR DE 6€/MOISSans engagement.
Abonnez-vousDéjà abonné ? Connectez-vous
A la gestion du budget d’un Etat quasi-faillite
Lorsqu’un nouveau poste fédéral s’est ouvert, parce que l’ancienne Secrétaire d’Etat au budget, Eva De Bleeker a dû payer les fautes de son chef de file, le premier ministre De Croo, en démissionnant, Alexia Bertrand n’a pas hésité à prendre la carte de l’Open VLD pour, en parfaite bilingue qu’elle est, devenir Secrétaire d’Etat au Budget. Et, voyant la maîtrise dont elle a fait preuve dans cet exercice, il faut reconnaître qu’elle s’en est fort bien tirée, surtout lorsqu’il s’agissait de gérer le budget d’un Etat en quasi-faillite.
Réélue députée, en tant que Open VLD mais sur une liste MR, elle se retrouve aujourd’hui parmi les seules survivantes d’un parti, l’Open VLD, en pleine déroute, et dont d’aucuns se demandent encore s’il parviendra à survivre après avoir soutenu contre vents et marées un des pires premiers ministres de l’Histoire. Voilà donc une situation difficile, qui n’empêche pas Alexia Bertrand de voir clair dans le budget que le formateur NVA Bart De Wever va nous présenter.
Réduire la voilure : une clairvoyance certaine
Habituellement bien informée, elle s’attend à ce qu’on annonce 6 à 7 milliards d’impôts nouveaux, notamment pour tenir compte du colossal déficit causé par le gouvernement précédent et que la Commission Européenne a déclaré ne pas laisser passer. Il est évidemment dommage que l’on veille à un minimum d’orthodoxie budgétaire uniquement parce que des bureaucrates européens l’imposent à la Belgique, alors que cela devrait être tout simplement un choix volontaire de nos propres politiques.
Mais, puisqu’il faudra réduire le déficit (personne n’envisageant évidemment même l’équilibre budgétaire …), Alexia Bertrand a très justement fait remarquer que cela ne devait pas nécessaire se faire par des impôts nouveaux, la formule habituelle belge, mais aussi par une réduction des dépenses. Elle a dit avec beaucoup de justesse, que dans le pays le plus taxé au monde, c’est du côté des dépenses que le problème se trouve. Une évidence, que les politiciens des partis qui négocient actuellement une majorité « Arizona »
ferait bien de comprendre. Apparemment, ce n’est pas le cas, même si comme le relève encore Alexia Bertrand, les Belges dans les trois régions, ont opté pour plus de libéralisme, moins d’impôts et moins de dépenses.
C’est rare dans un gouvernement belge, Alexia Bertrand ose aussi dénoncer ce qu’elle appelle « le tabou de la sécurité sociale ». Jusqu’ici, personne n’osait remettre en cause la politique systématique d’Etat Providence que prônait l’ancien gouvernement, en ce compris le premier ministre théoriquement libéral et son ministre des Finances Vincent Van Peteghem. Il s’agissait toujours de sauvegarder avant tout ce qu’on a présenté à tort comme une caractéristique indispensable du système belge : les dépenses massives pour la sécurité sociale.
Fonction publique et sécu : Vooruit fait barrage
Ici, l’on voit que la présence dans les négociations de Vooruit empêche Bart de Wever de réduire les dépenses sociales, ce qui pourtant s’impose à l’évidence. En particulier, le tabou des dépenses de santé est, dans un parti comme le Vooruit, quelque chose d’intouchable. Ce parti, qui n’est pas à gauche sur tous les sujets, et est souvent plus réaliste que le PS dans bien des domaines, a deux fonds de commerce essentiels : la fonction publique et la sécurité sociale.
Malheureusement, ce sont les deux domaines dans lesquels des dépenses s’imposent et il est sans doute malencontreux de devoir embarquer ce passager clandestin dans un gouvernement qui se prétend libéral. C’est l’idée qu’a défendue celle qui est toujours Secrétaire d’Etat démissionnaire au budget. En espérant que le président du MR l’écoutera et refusera les nouveaux impôts qu’on semble vouloir nous promettre.
Sans guère d’alternative toutefois, puisque, même si les quelques sièges de l’Open VDL pourraient mathématiquement concourir à former la majorité attendue par De Wever, il est peu probable que les débris de ce parti puissent encore faire quelque œuvre utile que ce soit, même si Alexia Bertrand a incontestablement raison.