Dernières salves du conseil communal avant la pause estivale. Et, à quelques semaines des élections, peu de sujets vraiment palpitants. Bianca Debaets enfourche son fier destrier de combattante du bruit pour, c’est le marronnier du moment, demander ce que la ville de Bruxelles a prévu pour les habitants impactés par la Foire du Midi. La réponse ? Pire que rien : une nouvelle exception à la loi mitonnée par le légaliste Close.

Bianca, pour qui peut l’observer, ne se détend jamais mieux qu’à la terrasse du Vieux Saint-Martin (Sablon) en sirotant son café. Là, les ondes sonores ne parviennent pas à ébrécher sa bonne humeur. Pas comme lors du conseil communal du 1er juillet dernier au cours duquel une fronde de jeunes nihilistes s’ingéniait à pérorer pendant qu’elle tentait de poser sa question. Pas contente, Dame Debaets.

Selon que vous serez puissant ou misérable ?

D’autant plus agacée que son admonestation communale portait sur les nuisances sonores de la Foire du Midi. « Tout le monde n’a pas les moyens ou l’envie de louer un appartement à la mer ou de vivre à l’hôtel. Mais c’est ce que j’ai entendu déclarer parmi les membres de votre majorité et si votre unique solution pour fuir le bruit, c’est de dire aux Bruxellois qu’il vaut mieux quitter la ville, je trouve que cela ne va pas. »

En maillot populo des Diables Rouges (comme la totalité de la majorité du conseil, match France-Belgique oblige), Philippe Close ânonne ses arguments d’ancien responsable du tourisme de la cité : « La Foire du midi attire 1 million de visiteurs et contribue à la renommée et à l’économie de Bruxelles. La problématique de la tranquillité des habitants est un sujet complexe. Et les normes bruxelloises doivent être respectées. » Voilà en résumé la position adoptée par le non-député du PS.

Fort de (Couleur) Café

Tout ce bla-bla, c’est bon pour la galerie ou les Aristochats. Dans la réalité, le bourgmestre ne se prive pas d’annoncer des « exceptions » au règlement de l’IBGE, mâtinées de petites recettes à la fortune du pot qui ont le mérite de nous ramener à la (très) belle époque où Bruxelles brusselait. Une époque où les « nuisances sonores » n’existaient pas et si vous n’étiez pas contents, c’était le même tarif. Circulez, y’a rien à entendre ! Ainsi du festival Couleur Café, qui vient de s’achever fin juin, grâce à une très belle « dérogation sonore » du bourgmestre.

Une formule qui, selon Bianca, sera également utilisée pour la Foire du Midi. Petit supplément d’âme : les engins les plus tonitruants devraient tout de même abaisser le seuil de leurs décibels vers 22 :00... Ouf, les tympans seront sauvés ! Ainsi que la morale juridique à la sauce Close.

La floche à Philippe

Un peu seul dans son maillot, le bourgmestre Philippe Close sent bien pourtant que Bianca n’est pas satisfaite. Il tente l’habituel habillage concertatif : « Une campagne d’information sera mise sur pied à l’attention des habitants. Cela nous permettra d’évaluer la situation et de l’adapter si nécessaire. » Pour un événement né en 1880, il n’est jamais trop tard pour demander son avis aux morts.

Dame Debaets (CD&V) estime d’ailleurs que le bourgmestre parle beaucoup face à une réalité qui raconte tout autre chose. « Si l’événement dure des semaines, il devient compliqué d’évoquer une ‘exception’ à la réglementation. Mais ma question va plus loin : ‘pourquoi ces engins doivent-ils fonctionner à une telle amplitude ? Nombreuses parmi ces attractions sont des machines dont l’exploitation se situe à un niveau très élevé par rapport aux seuils légaux. Avec un million de visiteurs, bravo, vous remportez la floche mais je note que les Bruxellois n’ont plus qu’à s’adapter. Félicitations pour votre vision marketing mais les habitants n’ont pas à en être les dupes. » Quand on vous disait qu’elle était fâchée !

Foster Laffont