Ce nouveau projet, lubie diront certains, trouve son origine, voici quelques années déjà, au sein de l’Europe qui se rend compte, au bout de 30 ans, que les terres rares, ces métaux indispensables à toutes les nouvelles technologies sont sous la coupe, pour faire court, de la Russie et de la Chine. Et si elles se trouvent en Afrique, c’est à nouveau la Chine qui les contrôle puisque le mâle blanc colonialiste n’y est plus le bienvenu alors que sa version ambrée fait à peu près ce qui lui chante du moment qu’il ne mette pas l’éléphant au menu de la cantine. On peut creuser des trous mais faudrait tout de même pas délirer avec la faune : depuis l’affaire du pangolin, forcément, les écolos sont restés méfiants.

Gaz de schiste ? A Charleroi !

Ces mêmes écolos qui ne veulent pas entendre parler d’un coup de pelle dans la belle Europe pourraient facilement en venir aux mains. Prenez le gaz de schiste : l'Europe en posséderait des stocks faramineux mais nous préférons l’importer des Etats-Unis : plus de bateaux, plus de terminaux à construire, bref (beaucoup) plus de pollution. Mais Céline Tellier, ministre wallonne de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-Être animal, qui annonce en 2020 que « des gisements de gaz de mine devraient être exploités en territoire carolo » (L’Avenir 7/7/20) s’entendra-t-elle avec Henry Philippe, le bougon ministre du Climat, de l'Énergie et de la Mobilité ? Entre les deux écolos, le combat risque d’être climatiquement étouffant.

Charbon ? 3 milliards de tonnes !

Un retour au charbon, le combustible le plus productif de CO2 après le pétrole ? Vous n’y pensez pas ! Sauf s’il s’agit d’éradiquer le nucléaire et dans ce cas, c’est open bar ! Prenez l’Allemagne, l’atome y est banni mais ils n’hésitent pas à raser des villages entiers pour augmenter leurs mines de charbon (L’Echo, 22/1/23). On imagine la tête de Marc Coucke si Di Rupo décidait de raser Durbuy pour aller chercher du minerai !

Et pourtant, dans un article inspiré de la Libre Eco, voici une dizaine d’années, Jean-Marc Baele, professeur de géologie à l’Université de Mons, déclarait tout à trac : « Il nous reste énormément de charbon ». Mieux encore : « Nous en avons extrait en Wallonie un milliard et demi de tonnes, il nous en reste au moins le double. Cependant, le problème des gisements wallons est qu'ils sont très compliqués. » Oui bien sûr, mais pour le nucléaire aussi le redémarrage allait être compliqué... Alors, suffirait-il d’un Georges-Louis Bouchez (MR) dans l’équation pour que le pays noir reprenne des couleurs ? L’écolo-progressisme en tremble déjà.

Et les terres rares ?

Si la Belgique fédérale étudie des projets miniers en eau profonde, des gisements à plus de 4.000 m de fond dans les eaux internationales, déjà sous la surveillance des activistes verts de type WWF, la Wallonie pourrait trouver une partie de ces fameux minerais (lithium, gallium, germanium) sur d’anciens sites « métalliques » (mine de zinc à la Calamine ou de plomb à... Plombières).

En revanche, pas de trace de lithium chez nous. Indispensable aux voitures électriques, 87 % du minerai utilisé en Europe provient... d’Australie ! Adieu donc les méchants Chinois communistes ? Sauf que l’Europe, si elle persiste dans sa croisade anti-moteur thermique, aura besoin de 18 fois plus de Lithium en 2030 et 60 fois plus en 2050*. L'Australie ne peut pas tout et envisage, par ailleurs, de réserver à l'avenir son minerai à son usage domestique.

S’asseoir et dépenser

Vous l’aurez compris, entre les citoyens qui ne veulent pas d’une mine dans leur jardin (effet NIMBY**), les écolos qui ne veulent pas creuser des trous dans la tête à Gaïa, les errances politiques de tous les partis en matière d'objectifs globaux, l’augmentation exponentielle des besoins et la complexité technique du raffinage, la Wallonie n’est pas prête à devenir la Chine du 22e siècle.

Reste à Elio et ses amis la possibilité d'hypothéquer toutes ces belles études auprès des banques afin de pouvoir emprunter encore sur base de toutes ces perspectives encourageantes. Après tout, nous sommes assis sur un tas d’or et nous l’ignorions. Les terres rares de Wallonie valent bien quelques dettes abondantes.

* « Des mines de lithium, gallium, germanium, vont-elles s’ouvrir en Belgique et en Europe pour diminuer notre dépendance à la Chine ? », RTBF, 26/7/22

**Not In My Backyard – Pas dans mon jardin !