
La dépendance fiscale aux carburants est énorme. En 2021, l'État belge a récolté la somme astronomique de 5,44 milliards d'euros (6,6 milliards avec la TVA) grâce aux accises sur les carburants, un montant qui représente environ… 12% du budget fédéral du pays ! Avec la montée en puissance des VE, cette manne financière est lourdement menacée. Comment l'Etat va-t-il compenser la perte des revenus de la taxe sur les carburants fossiles quand les voitures électriques se généraliseront ? Où ira-t-il puiser le manque à gagner ?
Ailleurs dans le monde
Différents projets de taxes spécifiques aux voitures électriques sont déjà à l’étude ou ont été mis en place à l'étranger. Au Texas, ainsi par exemple - pas le plus « woke » de tous, on vous l’accorde - la voiture électrique est la cible d’une nouvelle imposition. Le "Senate Bill 505" impose une taxe supplémentaire aux propriétaires de véhicules électriques lors de l'immatriculation ou du renouvellement de celle-ci. Cette taxe, d'un montant de 400 dollars pour un véhicule nécessitant une inspection initiale de deux ans, ou de 200 dollars pour un véhicule nécessitant une inspection annuelle, vise à compenser la perte de revenus due à la diminution des ventes de carburants.
De l’autre côté du globe, certains États australiens ont quant à eux adopté, depuis le 1er juillet 2021, une taxe de 2,5 centimes de dollar australien par kilomètre parcouru dans une voiture électrique.
Et en Europe ?
La Suisse, par exemple, réfléchit déjà à cette question et prévoit de mettre en place une taxe proportionnelle au nombre de kilomètres parcourus par les propriétaires de véhicules électriques. La Norvège, quant à elle, pourrait adopter une approche différente en instaurant une taxe de 25% sur les véhicules désignés comme étant des « voitures de luxe », c’est-à-dire les véhicules dont le prix d’achat dépasse les 60.000 euros, qui serait appliquée aux voitures thermiques et électriques.
En résumé, par la porte ou par la fenêtre, le consommateur passera à la caisse. Quelles sont les options fiscales qui pourraient être sur la table ?
- Taxer l'électricité des VE : Une solution pourrait être de taxer l'électricité utilisée pour charger les VE. Cela pourrait être réalisé en installant des compteurs spécifiques sur les bornes de recharge ou en augmentant les tarifs de l'électricité pendant les heures de pointe. Cette dernière est loin d’être équitable, mais elle pourrait être plus facilement (lisez plus sournoisement…) introduite ;
- Péages urbains : Avec l'augmentation du nombre de VE, les gouvernements pourraient instaurer des péages urbains pour accéder aux centres-villes, générant ainsi des revenus supplémentaires. Certaines villes l’imposent déjà, comme Londres depuis un certain temps, avec des résultats divers à la clé. Ce sont évidemment les navetteurs qui n’ont pas d’autre choix que de prendre la voiture qui seront pénalisés (vous avez dit « escroqués » ?) ;
- Taxe kilométrique : Une autre solution serait de taxer les conducteurs en fonction du nombre de kilomètres parcourus, indépendamment du type de carburant utilisé. Comment le savoir ? Via une boîte noire, par exemple. Se posent alors de multiples questions quant au respect de la vie privée, mais aussi d’équité par rapport aux consommateurs contraints professionnellement aux kilomètres ;
- Augmentation des taxes sur d'autres biens de consommation : si les revenus des accises sur les carburants diminuent, les gouvernements pourraient aussi être tentés d'augmenter les taxes sur d'autres biens, comme l'alcool ou le tabac.
Ou comment la VE va rendre la troisième mi-temps impayable…
Une chose est sûre, on va raquer ! Là-dessus, le doute n’est pas permis. Ces taxes réapparaîtront et les subsides à l'électricité disparaîtront, d'une façon ou d'une autre, Quant aux carburants traditionnels, car les pompes seront toujours en fonction, même après 2035, pour les véhicules thermiques encore sur le marché, il y a fort à parier que les prix s’envoleront, ce qui aura pour effet de pénaliser encore un peu plus les faibles revenus incapables de se payer une VE.
En résumé, le « transition » énergétique a un prix certain et il semble que nous soyons tous invités à la fête… et avec la facture !