La ministre est loin du compte

Pourtant, la presse supposée bien informée et dûment subsidiée ne tarissait pas d'éloges à son égard. Le magazine flamand Knack, rappelle-t-il, écrivit à son arrivée dans le gouvernement en 2020 : « Il est des points sur lesquels amis et ennemis sont d'accord, Van der Straeten est intelligente et rapide, une fonceuse avec un QI élevé et une connaissance gigantesque des dossiers. » A l'analyse, comme l'eût dit Mark Twain, cet optimisme s'est avéré très prématuré et exagéré. Nous sommes loin du compte, juge Jurgen Ceder. « Sa connaissance gigantesque des dossiers s'est avérée peu utile dans la conduite d'une politique motivée non pas par des besoins réels mais par le dogmatisme. Et, toutes les déclarations de Van der Straeten témoignent d'un QI anormalement bas : sa communication est souvent encore plus indigente que sa politique. »

« La sortie du nucléaire n'engendrera aucune incertitude quant à l'approvisionnement énergétique », avait-elle prétendu en décembre lors de la présentation de son rapport sur la fermeture des centrales nucléaires. Il n'y a pas la moindre raison de s'inquiéter d'une crise, assénait-elle, signifiant par-là que sa politique s'inscrivait dans le long terme. Ses idées n'ont cependant pas résisté à la confrontation avec la réalité, même à court terme. Le gouvernement a dû maintenir Doel 4 et Tihange 3 et il eût été sage d'envisager d'en faire de même avec Doel 3 – si ce n'était l'obstruction de Groen et d'Ecolo.

Prendre les citoyens pour des idiots

Quand, en outre, après s'être obstinée pendant des mois à s'accrocher à la sortie du nucléaire, Mme Van der Straeten a eu le culot d'affirmer à la télévision que les deux dernières centrales nucléaires avaient été prolongées à son initiative, elle a suscité stupeur et tremblements (d'indignation). Johan Vande Lanotte en est tombé à la renverse : « Vous prenez les gens pour des idiots ou quoi ? »

En fait, elle fait régulièrement des déclarations pétulantes qui contrastent fortement avec la réalité. Lorsqu'elle est arrivée à la réunion du conseil des ministres restreint où des décisions devaient être prises pour alléger les factures d'énergie, elle s'est vantée auprès d'un journaliste : « Connaissez-vous un seul des dossiers complexes que je traite qui n'ait pas été résolu ? » Pense-t-elle vraiment, s'interroge Jurgen Ceder, avoir résolu le problème énergétique des familles qui doivent déjà payer 1 000 euros d'acompte par mois ou des entreprises obligées d'arrêter une partie de leur production ?

De gaffe en gaffe

La gaffe la plus mémorable de Tinne Van der Straeten s'est produite au début du mois de septembre. Elle est revenue d'une réunion des ministres européens de l'Energie avec le message qu'un accord y avait été trouvé sur un plafond européen des prix de l'énergie. Elle s'est précipitée vers la presse et a affirmé qu'elle avait personnellement forcé cet accord. Cela s'est par la suite avéré n'être que du vent et n'exister que dans les vapes gazeuses de la ministre fédérale Groen-Ecolo.

« L'Europe », précise Jurgen Ceder, « envisage tout au plus un prix maximum pour le gaz russe (9 % des importations) et même cela pourrait ne pas se faire. Nous faut-il repérer un schéma dans les faux pas à répétition de la ministre de l'Energie ? » La presse la dépeint comme une technocrate qui communique de manière maladroite. Ce qu'elle dit et fait relève, en vérité, de l'amateurisme et du dogmatisme vert. Est-ce à cause de la personnalité de Van der Straeten ou de l'idéologie hors sol qu'elle véhicule ? Quoi qu'il en soit, le principe de précaution – si cher au cœur des écologistes, soit dit en passant – veut que nous ne devrions plus jamais mettre la politique énergétique entre les mains des écolos, conclut l'éditorialiste flamand. Tant qu'à faire, évitons aussi de leur confier la mobilité.