Privée de gaz russe, les citoyens allemands passeront un hiver inconfortable, des PME fermeront et l’industrie chimique sera mise en danger par manque de matière première (le gaz naturel est du méthane, la molécule de base de cette industrie). La situation sera plus préoccupante pour l’hiver 2023/24, puisque les réserves seront limitées, car elles ne pourront pas être reconstituées. Pour éviter l’effondrement de la première économie de l’UE et en réponse aux cris d’alarme de son industrie et de ses citoyens, le chancelier Olaf Scholz a décidé, sans consulter ses partenaires, d’aider ses entreprises en injectant jusqu’à 200 milliards d’euros pour atténuer l’impact de la flambée des prix du gaz et de l’électricité. 

Vous dites « solidarité » ?

Face à cette concurrence déloyale, Emmanuel Macron est allé à Berlin pour le dissuader, mais Scholz n’a pas cédé. Il met sa compatriote, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en difficulté, car deux poids lourds de sa Commission, le commissaire français Thierry Breton et le commissaire italien Paolo Gentilone, ce dernier responsable des affaires économiques, ont exprimé leur fort mécontentement dans la presse. D’après la presse européenne, tous les gouvernements sont remontés. Que va faire la présidente pour défendre les intérêts de l’UE, d’autant plus qu’elle est une figure centrale de la CDU, le parti d’opposition à Berlin ?

En juin, elle avait proposé aux États membres de réduire leur consommation de gaz de 15 %, mais les pays du sud de l’UE ont refusé, arguant - en termes diplomatiques - qu’ils ne sacrifieraient pas leur économie pour aider les Grünen allemands. Tout le monde sait que la crise actuelle est due aux prédicateurs écologistes allemands. L’Allemagne prend-elle sa revanche ? Solidarité ?

L’énergie, c’est la vie

C’est le sang qui coule dans les veines de l’économie. Ces dernières années, au lieu de la considérer comme un bien vital, les militants écologistes ont réussi à inverser la logique en le rendant responsable de tous les maux de la planète. L’énergie était devenue le symbole de la catastrophe climatique ; elle devient celui de la désunion européenne. Je ne peux pas traiter ici le supplément de désunion des pays d’Europe centrale et orientale. Tant que la politique du tout renouvelable ne sera pas abandonnée, la désunion continuera et nous paierons de plus en plus cher pour notre énergie autrefois abondante et bon marché.