En avril 2021, le New York Times publie un article dans lequel il indique que la Commission européenne et le PDG d'une entreprise pharmaceutique auraient échangé des textos relatifs à l'achat de vaccins COVID-19. Deux an après la demande formulée, auprès des services de l’Ombudsman, par le journaliste allemand du site Netzpolitik, désireux d’en savoir plus sur le contenu des textos en question, la Commission européenne n'est pas en mesure de clarifier si les messages censés concerner d'importants marchés publics existent et si le public a le droit de les voir. Entretemps, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, campe sur ses positions. Elle affirme qu’elle aurait « perdu » ses échanges privés avec Pfizer.

Une administration non transparente

Emily O’Reilly, médiatrice de l’Union européenne et chargée d’enquêter sur d’éventuels agissements problématiques au sein de l’Union européenne, s’en irrite. « L’enquête menée par la médiatrice de l’UE concernant la gestion des messages entre la présidente de la Commission de l’UE et le PDG de Pfizer est un signal d’alarme pour toutes les institutions de l’UE », précise son communiqué.

« L'accès du public aux SMS liés au travail est un nouveau domaine pour l'administration de l'UE, qui doit être abordé de manière substantielle et de bonne foi. Cette enquête est un signal d'alarme pour toutes les institutions européennes. Les récentes révélations sur les tactiques de lobbying d'une multinationale américaine en Europe, y compris les fuites de SMS, montrent l'urgence de cette question pour les administrations publiques », a précisé la médiatrice. Elle estime que cette affaire devait servir de « réveil » pour l’ensemble des institutions européennes, tenues d’assumer leurs responsabilités dans le domaine de la transparence. « L'enquête du Médiateur sur le traitement par la Commission d'une demande de consultation de SMS entre son Président et le PDG d'une société pharmaceutique est un signal d'alarme pour toutes les institutions de l'UE sur la nécessité de garantir la responsabilité à l'ère de la messagerie instantanée », affirment les services de l’Ombudsman.

Le Médiateur clôture l'enquête en confirmant sa conclusion de mauvaise administration. « La gestion de cette affaire par la Commission de l’Union européenne laisse une impression regrettable d’une institution européenne qui n’est pas ouverte sur des questions d’intérêts publics hautement stratégiques ». Au nom du principe de transparence, la médiatrice réclame que ce type d’échange soit considéré à l’avenir comme des « documents UE ».

Un précédent

Le quotidien allemand Bild a précédemment intenté une série de poursuites contre la Commission afin d'obtenir la divulgation de documents liés aux négociations pour l'achat des vaccins COVID-19 fabriqués par Pfizer/BioNTech et AstraZeneca.

Bien que plusieurs de ses requêtes aient été rejetées par les tribunaux, Bild a obtenu certains documents relatifs aux pourparlers, notamment la correspondance par courriel à partir de juin 2020. Aucune information sur les contacts antérieurs d’Ursula von der Leyen avec le PDG de Pfizer, M. Bourla, n'a toutefois été révélée à la suite de l'action en justice du média.

Jusqu’à présent, les contrats ne sont accessibles au public que dans des versions caviardées, et donc illisibles, sur lesquelles ne figurent que certaines informations importantes tels que les prix et la responsabilité. Rien sur les sites de production et les calendriers de livraison.