A Bruxelles, Sarah Jammart, quadragénaire aux longs cheveux bruns, ambitieuse, chargée de projets marketing pour Bpost, ne vit que pour son travail. Pour une fois, depuis des mois, voire des années, elle s’octroyait enfin un peu de temps. Mais ne rien faire était pour elle synonyme de mort à petit feu. Les quelques jours de congé qu’elle s’était décidé à prendre l’angoissaient. Elle ressentait des choses bizarres au creux d’elle-même. En général, ce type de sensation présageait une catastrophe. Jamais un heureux événement. 

Dans sa vie sentimentale, elle avait perdu assez de temps avec des hommes qui ne supportaient pas son indépendance. 

Ce déjeuner avec Rita, sa meilleure amie, la réjouissait.  Il s’agissait d’un de ces moments où elles refaisaient le monde entre deux fous rires.  Filles uniques, elles avaient toutes les deux trouvé en l’autre la sœur qu’elles n’avaient pas eue. L’une posée, l’autre plus expansive, plus extrême. L’une travaillait dans le marketing l’autre dans l’immobilier. Un duo complémentaire, en quelque sorte.

Mais Rita gardait un œil soucieux sur le stress qui transpirait de son amie.

Et puis l’accident arriva…

Sarah sera renversée par une voiture. À sa sortie de l'hôpital, elle fera la connaissance d'une fillette qui lui demande son aide. Malgré ses hésitations, elle acceptera sans avoir conscience qu'un danger la guette.

Salvatore Minni va user de ces deux situations pour plonger ses lecteurs dans le fantastique, mêlant la folie de l’un aux troubles du comportement de l’autre. Comme si ce maelström ne suffisait pas, l’apparition d’un dénommé Jacques va pimenter la suite du récit. Le geek, comme le surnomment ses amis, est un spirituel et un excentrique. Ce jeune homme vêtu d’un jean bleu foncé, de baskets noires, sweat-shirt à capuche sous une veste en cuir brun cachait en réalité un homme de foi. Personne n’aurait pu croire qu’un prêtre se cachait sous cet accoutrement. Seule la présence d’une croix sur le revers de son blouson trahissait son ministère. Et, comme il se plaisait à le rappeler en souriant, « l’habit ne fait pas… le prêtre ».

Dans cette bergerie se cache un loup. 

Tous ces personnages ont aussi un revers à la médaille qu’ils tentent de nous montrer. S’ils ne le dévoilent pas, l’auteur nous le distille au compte-goutte.

On découvrira rapidement que Sarah savait que le poste qu’elle visait était aussi convoité par Ingrid, sa collègue. Cette dernière ne s’en cachait pas. Dès qu’elle pourrait le lui voler, elle le ferait sans aucun scrupule. Leur entente était purement professionnelle, chacune arborant un beau sourire commercial et courtois, les ambitions de l’une comme de l’autre étant démesurées.

Ces personnages n’étant pas adeptes de la Delirium Tremens, cette bière belge aux trois levures, nous ne découvrirons donc pas un éléphant rose dans « le plafond » de certains d’entre-deux. C’est un nid d’araignées que l’auteur Salvatore Mini va déterrer ! Il nous ouvrira la porte du subconscient de ses héros et entraînera les lecteurs de la cave aux greniers de demeures mystérieuses. Le petit lutin de la Chouffe sortira quelques surprises de dessous de son bonnet. 

La disparition de Jessica, la petite fille de la vieille Madame Houat, sera un des nœuds à démêler.

Il ne manquait qu’un dompteur, un chef d’orchestre. C’est alors que le bien nommé Popkopski, beau et jeune psychiatre va proposer son divan…

Tu es une calamité. Un désastre. Un monstre… La voix de sa conscience le torturait.

Le fouet claque.

Désobéissance – Salvatore Minni – M+éditions – 2023 – ISBN 9782382111369