En saison des pluies, c’est-à-dire, soulignons-le, chaque année, les inondations sont fréquentes. Les crues et l’érosion des sols, cela remonte à la nuit des temps. Et pourtant, ils sont des millions à s’établir délibérément en des endroits instables ou en zones inondables. Dans les villes, c’est pire encore, car la concentration des bidonvilles accroît le nombre de morts en cas de glissement de terrain. À cet aveuglement collectif insensé, s’ajoute le drame de ceux qui n’ont pas le choix du lieu : les déplacés, victimes des groupes armés ; ils sont des millions.

Les systèmes de drainage mis en place durant la colonisation ont généralement été détruits depuis longtemps. Ceux qui subsistent sont souvent obstrués par des détritus ; la gestion des déchets, c’est de la théorie. L’aménagement du territoire n’est qu’une vue de l’esprit. Des ONG stigmatisent une aide internationale déficiente ; ayons conscience du charity business ! Ces ONG en vivent, sur le dos des Congolais. Des subsides internationaux, cela signifie des prébendes empochées par des « humanitaires ». La question fondamentale est celle des institutions congolaises : qu’assument-elles, en réalité ? 

Même à Kinshasa, la capitale, le drainage fait défaut. Une pluie torrentielle se traduit par des quartiers inondés et la circulation entravée. Or, il pleut pratiquement chaque jour sauf évidemment en saison sèche, deux à trois mois à peine. Dans l’arrière-pays, c’est l’incurie absolue. Comment expliquer qu’un phénomène récurrent depuis si longtemps, souvent catastrophique, ne donne pas lieu à l’organisation de la population afin d’y remédier ?

Et lorsque la catastrophe approche, que dire des mécanismes d’alerte ? Insuffisants ? C’est un euphémisme. Les responsables de l’observation des volcans assuraient que le réveil d’activité ne présentait aucun risque. Peu après, Goma a été dévastée par les coulées de lave. S’agissant de la pluie, il n’y a même pas de mécanisme d’alerte ; c’est peut-être mieux au regard de l’épisode volcanique. Quant au secours aux victimes, à chacun de se débrouiller. Maintenant, au Sud-Kivu, les sinistrés et leurs proches déblaient les eaux boueuses de leurs mains ou avec des pelles, dans le meilleur des cas, pour rechercher les cadavres et récupérer des éléments de leurs habitations ou piller celles d’autres infortunés. Indépendance, cha, cha ! 

Heureusement, il y a de plus en plus de Congolais pour qui l’indépendance ne se chante ni ne se danse, et qui sont déterminés à redresser les défis, en les assumant, afin que le géant africain se tienne debout. La tâche est ardue. l’Histoire leur rendra justice.