Une vice-présidente du Parlement européen incarcérée. Ainsi qu’un ancien président de la commission des droits de l’Homme. Un eurodéputé et plusieurs autres assistants parlementaires perquisitionnés, un syndicaliste de renom impliqué… En pleine Coupe de monde de football, la révélation que le Qatar a fait passer des valises de billets à des responsables européens pour influencer l’avis européen pose de nombreuses questions. Ce qui n’est pas une surprise, en revanche, c’est l’intense lobbying mené par le Qatar.

L’arme fatale : le gaz naturel

Lors de la Coupe du Monde, les matchs de football nous ont montré des stades extraordinaires qui ne seront que très peu utilisés, comme c'est le cas pour les infrastructures développées pour les Jeux olympiques d'Athènes. Un gaspillage d'argent qui a sans doute arrosé de nombreuses personnes au passage. Mais, le Qatar est si riche qu'il peut se permettre tous les excès. L'ambassade de ce pays du golfe Persique située avenue Roosevelt à Bruxelles illustre bien la puissance financière de cet émirat. 

Et cette richesse n'est pas près de diminuer. Le Qatar possède le plus grand champ gazier du monde, le North Dome, exploité par la société commune QatarGas et ExxonMobil. Il s'étend dans la zone économique exclusive de l'Iran, qui lui ne peut exploiter sa partie (South Pars) en raison des sanctions américaines. La Belgique, comme une partie de l’UE, est en partie chauffée par ce gaz qatari. Mais c'est surtout l'Asie qui utilise ce gaz, car il est indispensable pour assurer sa croissance économique. S’il vient d’être dépassé par l’Australie, pendant des années, le Qatar a été le plus grand exportateur de gaz naturel liquide (GNL). 

Un marché en pleine expansion

Le marché du GNL se développe rapidement. Aujourd'hui, il y a autant de gaz transporté par gazoduc que par méthanier. Et cela n'est pas près de s'arrêter. En novembre dernier, la société chinoise Sinopec a signé un contrat d'achat de gaz pour une durée de 27 ans avec le Qatar. Les Chinois savent que le gaz est l'énergie de l'avenir, contrairement aux dirigeants actuels de la Commission européenne qui prétendent qu'il n'y a pas d'avenir pour les combustibles fossiles. Même l'Allemagne, qui rêve d'EnergieWende (transition énergétique), vient de signer un contrat de 15 ans avec le pays de l'Émir qui a été reçu en mai dernier à Berlin par Olaf Scholz puisque l’Allemagne a un besoin urgent de gaz. 

Si le nucléaire est l'avenir de l'électricité, le gaz naturel est l'avenir de l'énergie thermique, un besoin qui ne disparaîtra jamais et pas seulement en hiver. Le Qatar investit d’ailleurs dans le projet Golden Pass de 10 milliards de dollars avec ExxonMobil au Texas afin d'exporter vers l'UE le gaz de schiste dont nous ne voulons même pas savoir si nous en disposons.

Une force de frappe

Contrairement à la croyance naïve actuelle, le monde nécessitera de plus en plus d'énergie abondante et bon marché, c'est-à-dire de combustibles fossiles. L'Australie, le Qatar, les États-Unis et la Russie sont les quatre principaux acteurs du gaz naturel et comptent bien le rester. Le pouvoir du Qatar va donc s'accroître.  Va-t-il se porter candidat pour les Jeux olympiques ? Pourquoi pas, il possède déjà une partie des infrastructures et restera riche pour les adapter. Gageons que les députés européens et les syndicalistes ne se laisseront plus prendre. Eux. Mais d'autres succomberont, car la corruption est vieille comme le monde. Moïse en sortant d’Égypte avait averti « Tu n’accepteras pas de pot-de-vin, car les présents aveuglent même des hommes lucides et compromettent la cause des justes ».