Ce ne sont pas tant des métiers que des tâches qui pourront être automatisées, tente de rassurer IBM. Ainsi, dans les ressources humaines, la création des certificats employeurs pourra être confiée à des IA, tout comme la gestion pratico-pratique d’un changement de poste. A contrario, l’évaluation des compétences restera l’apanage des humains. Autrement dit, avec un éventail des tâches moins large, les services HR auront in fine besoin de moins de personnel, parie la direction. Une logique qui peut être dupliquée à d’autres services… En début d’année, rappelons-le, IBM avait annoncé le licenciement de 5000 salariés, auquel s’ajoute donc ce gel des recrutements. Ce qui pourrait aussi justifier une réduction de la taille des services HR… Par ailleurs, le groupe a embauché 7000 développeurs et commerciaux au premier trimestre ; il compte, au total, quelque 260.000 salariés.

Alors que l’industrie nous dit que l’homme n’a rien à craindre d’une IA qui ne pourra vraiment le remplacer et contribuera essentiellement à l’« augmenter », Arvind Krishna semble penser le contraire. En effet, pourquoi prétendre « augmenter » l’homme quand, tout simplement, on peut le remplacer ?

En Allemagne, le groupe de presse Axel Springer s’apprête à en faire autant. La « création » journalistique -avec les reportages, les enquêtes d’investigation et les éditoriaux- devient le cœur de métier, tandis que la « production », comme le traitement des dépêches d’agence, sera automatisée.

Ces deux exemples renvoient à l’étude de Goldman Sachs selon laquelle, sur la base d'une analyse menée auprès d’actifs aux États-Unis et en Europe, l'IA générative pourrait impacter 300 millions d'emplois à temps plein sur les deux continents ; un quart de toutes les tâches effectuées aux pourraient être automatisées.

Sur la carte du monde revue par l’IA, un pays s’est distingué en travaillant pour OpenAI, le promoteur de ChatGPT : le Kenya. Payés moins de 2 dollars de l’heure, des milliers de « modérateurs » ont pour mission d’écarter les contenus « inappropriés »…

« Au Kenya, les salaires sont généralement bas et les conditions de travail peuvent être mauvaises ; de nombreux travailleurs n'ont pas accès à des avantages tels que l'assurance santé ou des jours de vacances payés », rapporte ChatGPT quand on l’interroge sur la situation sociale du pays. L’algorithme ne croit pas si bien écrire. Quant à l’entreprise qui « étiquette » les données, Sama, qui déjà travaille pour Google, Meta et Microsoft, elle se présente comme une entreprise d’« IA éthique » et prétend avoir aidé à sortir plus de 50 000 personnes de la pauvreté.

« Augmenter » l’humain, disions-nous…

Alain de Fooz

Editeur responsable Soluxions Magazine

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