L'utilisation de l'expression pork barrel pour désigner des dépenses publiques douteuses aux fins de racolage remonte à la seconde moitié du 19ème siècle. Elle proviendrait de l'époque, avant la réfrigération, où les esclaves aux Etats-Unis (1619-1865) se bousculaient pour obtenir leur part de porc salé que les propriétaires d'esclaves leur donnaient dans des tonneaux en bois en guise de « récompense » pour leur docilité. 

L'utilisation politique de l'expression pour décrire des dépenses publiques non justifiées mais à  but ciblé remonterait très exactement à 1863. Elle est utilisée pour la première fois dans The Children of the Public (Les enfants du public) publié par Edward Everett Hale dans le Frank Leslie's Illustrated Newspaper des 24 et 31 janvier 1863. Cette histoire trouve son origine dans la publicité de l'escroquerie qu'elle décrit, alors que les entreprises de cadeaux promotionnels trouvent leur plein essor à cette période. Dans la politique US moderne, le pork-barreling (le pouvoir de l’influence avec des projets à l’échelle locale) et le earmarking (tous types de projets) sont devenus pratiquement des synonymes pour désigner le subterfuge.

Copyright : Citizens Against Government Waste (CAGW)

Un Guiness Book des records « porcins »

Depuis 30 ans, chaque année, le Congressional Pig Book (livre des cochons du Congrès), publié par l’organisation à but non lucratif Citizens Against Government Waste (CAGW), documente les projets les plus « porcins » dans le budget fédéral, ceux qui ne servent qu’une population limitée ou un intérêt particulier, comme ceux qui contournent les procédures budgétaires établies. L’édition 2022 fait état de 18,9 milliards de dollars d'earmarks pour l'année fiscale 2022, soit une augmentation de 18,9 % par rapport aux 15,9 milliards de dollars pointés pour 2021.

Et le Pig Book de résumer en note d’introduction : « Le gouvernement fédéral gaspille l'argent de vos impôts pire qu'un marin ivre en permission ».