Michel Van Den Brande  n'a aucune honte - et pourquoi devrait-il en avoir ? - à raconter qu'il a commencé dans le montage d'échafaudages comme homme à tout faire et qu'il a gravi un par un les échelons – c'est le cas de le dire – de monteur à monteur en chef, à brigadier, à chef de projet... S'être sali les mains est, estime-t-il, une des raisons de son succès, malgré tout le respect qu'il dit avoir pour les étudiants qui vont à l'école jusqu'à 25 ans et qui arrivent sur le marché du travail sans avoir acquis la moindre expérience. Comment un jeune fraîchement diplômé, fusse-il ingénieur, pourrait-il dire à un monteur expérimenté comment il doit faire ?

Des salaires indécents

Van Den Brande s'inquiète de l'évolution des choses et des mentalités chez nous. En 25 ans, tout est devenu beaucoup trop cher et il est très difficile d'obtenir un prêt des banques sans déposer la moitié de son patrimoine privé en garantie. En outre, ajoute-t-il, il n'est pas normal de payer 55% d'impôts. Prenez la dernière indexation des salaires, certes elle est conséquente mais, si vous y réfléchissez, c'est en fin de compte l'Etat qui est gagnant, ce ne sont assurément pas les employeurs. Et, il y a de moins en moins de Flamands qui travaillent sur les chantiers. « J'ai toujours accordé la priorité aux gens de chez nous, poursuit-il, mais j'ai dû changer de politique car je n'y arrivais plus. Autrefois, l'entreprise occupait de 130 à 150 personnes, aujourd'hui elle a recours à une quarantaine de sous-traitants. Pourquoi voudriez-vous qu'une personne qui touche des indemnités de 1700 euros nets à ne rien faire se décarcasse pour gagner peut-être 300 euros nets de plus ? La différence entre travailler et ne pas travailler est tout simplement trop faible. Je ne comprends pas pourquoi on ne corrige pas cela. Du travail, il y en a assez, mais, si les gens n'ont pas la possibilité de bien gagner leur vie, ils restent à la maison. »

L’incompétence au pouvoir

Michel Van Den Brande avoue que, quand il a débuté comme ouvrier en 1980, beaucoup d'argent noir circulait et que, si on était travailleur et on consacrait ses soirées et ses week-ends au travail, il y avait vraiment moyen de bien gagner sa vie, de s'acheter une maison, un terrain, une belle voiture. « C'est pour ça qu'on travaillait et on travaillait. Désormais, l'argent noir est devenu tabou et on nous enlève tout. Or, cet argent était réinjecté dans l'économie. Ce n'est plus le cas. »

« Les politiciens sont à l'affût des postes, sont surpayés et ne sont pas en phase avec les ouvriers, les employés et les employeurs ». De plus, ils ne font guère montre de compétence. Le Palais de Justice de Bruxelles en est un exemple : les échafaudages ont été montés il y a quarante ans et, à part remplacer certains éléments devenus trop dangereux avec le temps, rien ne bouge. Van Den Brande, qui a participé à leur montage il y a 40 ans, témoigne : « Je ne crois pas que, de ma vie, je les verrai complètement démontés. »

« [Que l'incompétence est au pouvoir], « nous le savons depuis longtemps. Je ne suis pas un érudit, mais je ne suis pas un ignare. Et que vont faire les politiciens à Davos tous frais payés avec l'argent du contribuable ? Ces fourberies leur font perdre le sens de la réalité. » Ne lui parlez pas des affaires de corruption et d'abus aux parlements européen et wallon : que des gens qui gagnent 10.000 à 15.000 euros nets par mois se laissent aller à de tels agissements est inadmissible.

Un vent nouveau indispensable

Les Verts et « l'Europe » - mais faut-il distinguer ? - n'ont pas la cote chez Michel Van Den Brande. Grâce aux écologistes de tous bords, nous faisons tous du vélo mais nous travaillons de moins en moins, observe-t-il : en Belgique, quand on ne ferme pas les centrales nucléaires alors que presque partout ailleurs on parle d'en construire, on crée des zones de basses émissions... Cela empêche la bonne marche de l'économie, or chacun en vit - à commencer par les allocataires de tous horizons.

« Remettez les gens au travail et laissez-leur gagner de l'argent. Nombre de problèmes se résoudront de par eux-mêmes. Et, qu'avons-nous à faire de tant de ministres et de secrétaires d'Etat de ceci et de cela ? Qu'ils soient moins nombreux et qu'ils se concentrent sur l'essentiel ! Les gens demandent un vent nouveau en politique. Faisons appel à des entrepreneurs avec une mentalité d'agriculteur ! »