Dans son ouvrage séminal de l’idéologie du genre dans son format contemporain, Gender Trouble qu’elle publiait en 1990, Judith Butler distingue certes sexe et genre, pour aussitôt préciser que « la biologie est intégralement sédimentée par le langage » (matter is fully sedimented with discourses on sex). Ce qui revient à soumettre la biologie au langage, ne laissant aucune autonomie à la biologie : tout est culture. Ou, pour le dire autrement, la biologie du sexe est intégralement sédimentée (soumise, subjuguée) par le discours sur le genre. Les « étiquettes » langagières sont tout ; la biologie n’est rien. Par conséquent, ce qui doit être détruit selon Butler, ce sont en toute logique et cohérence les étiquettes du genre et du sexe.

Dans Sexing the Body, qu’elle publie en 2000, Anne Fausto-Sterling distingue également sexe et genre, mais reprend expressément à son compte la conception de Butler et consacre l’intégralité de son essai à contester la binarité sexuelle - biologique, donc. Selon Fausto-Sterling, la binarité ou dualisme sexuel (hommes/femmes) est une imposture culturelle héritée du passé. Même d’un strict point de vue biologique, explique Fausto-Sterling, il n’existe pas de binarité sexuelle, seulement un « continuum biologique » entre les différentes possibilités - d’ailleurs innombrables : If nature really offers us more that two sexes, then it follows that our current notions of masculinity and feminity are cultural conceits (Si la nature nous offre vraiment plus que deux sexes, alors il s'ensuit que nos notions actuelles de masculinité et de féminité sont des vanités culturelles.) Par conséquent, ici encore, ce qui doit être détruit selon Fausto-Sterling, ce sont en toute logique et cohérence les étiquettes du sexe donc du genre.

On le constate : ces étiquettes que les idéologues du genre invitent à détruire concernent aussi bien la biologie du sexe que la culture du genre. Ce qui est contesté, n’est pas seulement le genre comme coquille culturelle du sexe biologique. C’est l’assignation du sexe biologique en tant que telle

Deux observations pour conclure :

1/ Peut-être la Secrétaire d’État Marie-Colline LEROY (ECOLO) pourrait-elle préciser quelle est sa propre conception en la matière ? Mme Leroy qui, par son expérience d’enseignement du genre, ne peut pas ne pas avoir lu Butler et Fausto-Sterling, pourrait-elle préciser comment elle se situe par rapports aux théories de ces deux auteurs ?

2/ Le débat, en démocratie, est légitime ; c’est même la définition de la démocratie depuis l’Athènes du Vème siècle avant Jésus-Christ. Rien ne justifie le nouveau déchaînement de haine et de violence verbale par des militants et sympathisants écologistes à la suite du questionnement - ici sur le strict plan idéologique - d’un(e) mandataire ECOLO. 

De même que le parlementaire N-VA Sander LOONES ne méritait certes pas d’être taxé de nazisme (sic) par les écologistes, suite à sa critique de la Secrétaire d’État Schlitz, il devrait être possible d’interroger les idées d’un(e) mandataire public ECOLO, de façon argumentée, sourcée et rationnelle, sans susciter des torrents de haine sur les réseaux sociaux et une guerre d’édition sur l’éditeur en ligne Wikipédia !

Pour (re)voir cette intervention à la 39ème minute : https://www.youtube.com/watch?v=g1FnyOnjQZM